Ahmed Afif : le Comité des comptes publics de l’Assemblée doit se réunir pour se prononcer sur les suites du rapport sur la FIU et la NDEA
Actualités Nationales |Author: Rassin Vannier | August 14, 2017, Monday @ 12:26| 2445 viewsLe député Ahmed Afif, qui est le vice-président de la Commission des Comptes Publics de l’Assemblée nationale Nationale (Facebook)
(Seychelles News Agency) - Les députés seychellois ont rendu public récemment un rapport de l’Auditeur Général sur des irrégularités dans les procédures de paiement pour deux agences publiques qui sont la FIU et le NDEA, et qui employaient des Irlandais.
La FIU a pour rôle de lutter contre le blanchiment d’argent, et la NDEA de lutter contre le trafic de drogue.
D’après le rapport de l’Auditeur General, plus de 90 millions de roupies (5,6 millions €) auraient été versées à deux sociétés qui seraient basées à l’Île Maurice sans suivre les procédures de paiement mises en place par les autorités seychelloises.
La SNA a rencontré le député Ahmed Afif, qui est le vice-président de la Commission des Comptes Publics de l’Assemblée nationale Nationale pour savoir les raisons qui ont poussé l’Assemblée nationale à rendre public un tel rapport et de savoir quelles seraient les suites envisageables.
L’Assemblée nationale aux Seychelles est dirigée par l’opposition, et le pays connaît la cohabitation.
SNA : Pourquoi-le Comité des comptes publics de l’Assemblée nationale a-t-il décidé de présenter le résultat de l’enquête sur la FIU et NDEA.
Ahmed Afif : La première indication que nous avons eue, c’était lors de la présentation du projet de budget pour 2017 ou après deux ou trois questions, nous avons remarqué qu’il y avait quelque chose de mal.
Surtout pour ce qui concernait « other Good and Services » où nous avions demandé à voir les contrats qui ont été établis, et cela n’avait pas été possible.
La NDEA et son ministre ont dû revenir devant les députés 4 fois avant que l’Assemblée n’approuve son budget.
SNA : Cela voulait dire que vous n’aviez pas reçu les informations nécessaires pour l’utilisation de leur budget.
Ahmed Afif : Non, à ce moment-là on n’avait pas encore les informations concrètes, mais des indications à travers leurs réponses, qu’il y avait des entreprises qui recevaient des fonds, mais ils ne voulaient pas les dévoiler, car ils estimaient que cela était confidentiel.
Pour l’Assemblée, on ne trouvait pas cela logique parce qu’il s’agit de fonds public.
SNA : Quelle a été votre décision.
Ahmed Afif : Nous avons demandé au ministère des Finances de faire une enquête pour savoir quelles étaient ces entreprises qui recevaient des fonds publics.
Suivant l’information que nous avons reçue du ministère des Finances et de leurs collègues mauriciens, nous avons décidé de demander à l’auditeur général de faire une enquête. Et elle a présenté au public en juillet.
SNA : Comment vous interprétez le rapport de l’Auditeur Général ?
Ahmed Afif : Pour moi, qui a travaillé au ministère des Finances, quand je vois l’attitude, des personnes qui sont impliquées, j’estime qu’il ne s’agit pas d’un manquement dans les procédures, mais d’une opération bien organisée pour retirer des fonds publics.
L’autre étape de l’enquête nous dira pourquoi.
SNA : Pourquoi n’avez-vous pas demandé au ministère des Finances de faire une enquête concrète ?
Ahmed Afif : On lui a demandé de faire une enquête, mais je crois que l’outil, qui correspond le mieux à cette situation, c’est le bureau de l’Auditeur Général.
Ils ont les outils nécessaires pour faire une telle enquête.
SNA : Vous pensez que ce bureau a les moyens de faire quelque chose ?
Ahmed Afif : Non, les seuls qui peuvent maintenant faire quelque chose, c’est la police et la Commission Anti Corruption, et après le bureau du procureur.
Même nous à l’Assemblée nationale, on ne peut rien faire, car notre travail, c’est de mettre en avant les problèmes et de laisser aux autorités compétentes faire leur travail.
SNA : Quelle va être la suite de cette enquête ?
Ahmed Afif : Le Comité va se réunir pour déterminer quels seront les organismes que nous devons interroger.
S’il est possible d’interroger directement, les responsables irlandais, qui étaient à la tête du FIU et du NDEA, pour établir les faits.
Nous devons aussi appeler les responsables de la banque centrale, car la FIU était sous la responsabilité de la Banque centrale depuis février 2010.
SNA : Pourquoi d’après vous la Commission anticorruption ne s’est-elle pas encore saisie du dossier ?
Ahmed Afif : Moi j’en pense que ce qui a été dit, montre qu’il pourrait y avoir de la corruption, mais nous avons aussi fait ressortir que nous n’avons pas encore terminé notre travail, je pense que la Commission attend la fin de notre enquête pour voir les suites à donner, pour l’instant je n’ai pas encore été contacté.
SNA : Comment, est-ce que les étapes mises en place pour le paiement de telles transactions ont-elles pu avoir lieu sans que personne ne s’en rende compte ?
Ahmed Afif : À l’époque où j’étais au ministère des Finances, (Secrétaire général au ministère des Finances) je viens de voir que certains journaux ont publié des lettres montrant que j’ai signé et approuvé leur budget (FIU).
C’est très bien parce que à l’époque, leur budget était très bas, allant de 6 à 18 millions de roupies, mais le budget qui nous a été proposé était de plusieurs dizaines de millions de roupies.
Après mon départ leur budget a considérablement augmenté, et pour répondre à votre question, c’est qu’il y a eu une complicité par des hauts responsables pour accepter ces grosses sommes.
Moi quand, j’étais au ministère des Finances, j’ai à plusieurs reprise refusée d’approuver leur budget, mais je n’étais qu’un technicien, vous savez, il y a d’autres processus pour approuver un budget, il y a le Conseil des Ministres,et ensuite cela va devant l’Assemblée sans que personne ne pose de questions.
SNA : Vous n’avez pas peur que cette histoire fasse du tort aux Seychelles vis-à-vis de l’OCDE ?
Ahmed Afif : Je crois que l’OCDE verrait d’un bon œil, que le système qui s’occupe de lutter contre le blanchiment de l’argent a été attaqué et que nous avons rectifié les problèmes.
Je pense que l’OCDE sera contente, parce que nous avons une structure respectable la FIU, et qui fonctionne avec les standards internationaux.
SNA : Est-ce que l’Assemblée a le pouvoir de faire venir les Irlandais en question pour les interroger ?
Ahmed Afif : Moi, j’aimerais bien que le Comité des finances publiques de l’Assemblée nationale puisse les interroger pour montrer que nous n’avons pas de sentiment de vengeance, ceux que nous voulons montrer au peuple seychellois, c’est que l’Assemblée ne peut pas tôler qu’il y ait de l’abus et s’il y a eu des cas d’abus, l’information doit être communiquée à l’autorité, pour que les actions nécessaires soient prises.
SNA : Je vous repose ma question, est-ce que les Seychelles peuvent faire venir ces personnes ?
Ahmed Afif : L’Assemblée nationale ne peut pas agir en dehors de son mandat, car nous ne sommes pas une cour, nous ne sommes pas la police. Ce que nous devons faire, c’est d’établir des faits, et ensuite avec les autorités compétentes principalement le ministère des Finances demander l’aide de la police, de la cour si l'on en a besoin, de les faire venir.
Nous ne sommes pas un tribunal, on veut juste leur poser des questions pour établir des faits, mais si on leur demande de venir et qu’ils refusent alors on peut demander à la police et au tribunal pour qu’ils viennent aux Seychelles.
Pour l’instant, cela n’est qu’une proposition que je vous fais, mais je ne peux pas me prononcer au nom du comité, car les membres ne se sont pas encore réunis pour décider des suites à donner.
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