Sauver le Butor Jaune des Seychelles - C'est l'appel d'Adrian Skerrett qui est un grand passionné d'oiseaux

Environnement |Author: Sharon Meriton Jean et Sandra Barnerias | March 22, 2015, Sunday @ 11:46| 3360 views

Le Butor Jaune est une petite espèce d'oiseau craintif avec des plumes beiges pâles que l’on trouve dans l'archipel des Seychelles (C Edwards) 

(Seychelles News Agency) - Adrian Skerrett est un homme d'affaires britannique, auteur et défenseur de l'environnement qui née à Stoke-on-Trent au Royaume-Uni.

Il est venu vivre aux Seychelles, en 1980, quand il avait 27 ans.

Il est devenu un ressortissant des Seychelles, l’archipel de l'Océan Indien en 1994.

Il a consacré une grande partie de sa vie à l'étude et la protection des oiseaux. 

Ornithologue passionné, Skerret est un des fondateurs du Comité d'archivage des Oiseaux des Seychelles, en 1992, et il est devenu le représentant des Seychelles pour le club d’oiseaux en Afrique, en 1998, président de la Société de conservation des îles, en 2001, et il est le représentant des Seychelles à la société ‘Royal Naval Bird watching’. Il est également le coauteur du livre «Les oiseaux des Seychelles» (2001, 2011 éditions).

Skerret a même tiré une sonnette d’alarme à la communauté de conservation sur le sort d'une espèce d'oiseau; le butor jaune, dans un article paru en février intitulé ‘La prochaine extinction aux Seychelles?’ qui a été publié dans le quotidien local 'Seychelles Nation'.

Le Butor Jaune est une petite espèce d'oiseau craintif avec des plumes beiges pâles que l’on trouve dans l'archipel des Seychelles, dans de nombreux pays d'Asie et les îles qui se trouvent dans l'est de l'Océan Indien.
L'union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère que globalement cette espèce d'oiseau n'est pas sujette à l'extinction. Cependant, Skerret est préoccupé par la réduction qu'il a enregistrée dans ses observations de la population indigène aux Seychelles, bien qu'une étude de grande envergure n’ait pas eu lieu récemment. 

La dernière étude sur la population des butors Jaunes a été faite en 2002 ensemble avec Skerret qui a estimé la population initiale à 228 oiseaux. Maintenant, il pense que sa population a durant la dernière décennie connue une baisse rapide pour arriver à environ '100 oiseaux si ce n'est pas même moins'.


Selon Skerret, les Seychelles sont le seul pays où le Butor Jaune ou Ixobrychus Sinensis se trouve dans la région africaine.

Également connu sous le nom Butor Chinois, le petit oiseau de la famille des hérons est considéré par certains comme un récent colonisateur des îles de l'océan Indien tandis que d'autres personnes pensent qu'il est l'un des premiers oiseaux indigènes à habiter sur les îles. 

Le secteur concerné par la faune, le commerce et la conservation dans le ministère de l'environnement, de l'énergie et les changements climatiques aux Seychelles a affirmé que cette espèce d'oiseaux n'avait pas suscité suffisamment d'attention des conversationnistes locaux pour être considérée comme une priorité pour la recherche et la surveillance comme c'est le cas pour les autres oiseaux endémiques de l'archipel.

Dans le cas contraire l'oiseau est ajouté sur une liste "d'espèces endémiques" reconnues par 'BirdLife International' qui est l'autorité utilisée par l'UICN pour la liste rouge des oiseaux endémiques. Il y a déjà 13 espèces endémiques reconnues et l'année dernière le perroquet noir a été ajouté à la liste des oiseaux endémiques des Seychelles. 

 

La dernière étude sur la population des butors Jaunes a été faite en 2002 la population a été estimée à 228 oiseaux(Pep Nogués) Photo License: All Rights Reserved

Conservation d'espèce endémique, contre les oiseaux indigènes autochtones

Les Seychelles avec une population de 90 000 habitants sont réputées pour ses efforts inlassables dans la conservation, ont travaillé pour sauver de l'extinction plusieurs de ces oiseaux endémiques.

En reconnaissance de ses efforts, en 2013, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) avait déclassé plusieurs espèces d'oiseaux qui se trouvent dans les îles de l'archipel dans la catégorie «en danger critique» sur la liste rouge notamment le Merle Shama des Seychelles et le Zostzropidae ou yeux blanc, suite à une augmentation de leur population grâce à divers programmes de conservation qui ont été menés.

À ce jour, seule le Tchitrec des Seychelles qui est toujours vu comme «en danger critique».

"Les espèces endémiques sont dans une zone géographique particulière ... mais le Butor jaune est originaire des Seychelles. Les menaces visant sa localité n'auront aucune incidence sur les espèces en général, car il ne va pas disparaître au niveau mondial ", a déclaré Ronley Fanchette qui est le directeur du secteur de la faune, du Commerce et la conservation, dans un entretien par e-mail avec la SNA.

Franchette ajoute que ces petits oiseaux se trouvent en grand nombre dans plusieurs pays d'Asie et ils sont arrivés dans les îles comme "il a probablement été poussé hors de sa route migratoire habituelle."

Selon lui toutes les espèces qui se trouvent aux Seychelles ont leur importance, mais que le financement de la protection est attribué par ordre de priorité.


"Nous fournissons des mécanismes nécessaires pour assurer leur conservation à long terme. Il y a cependant des contraintes et nous devons donc établir des priorités en fonction de la disponibilité des ressources; le niveau de priorité et l'importance des efforts de conservation seront ciblés aux espèces endémiques plutôt que les espèces indigènes. Elles sont toutes les deux protégées, mais en ce qui concerne l'allocation des ressources, notre priorité doit être clair et précis », a affirmé Fanchette.

Ce point de vue est également partagé par le Dr Nirmal Jivan Shah, le directeur général de Nature Seychelles qui est également un partenaire local de BirdLife International.

Dans une déclaration par e-mail à la SNA, Shah affirme que «Je ne sens pas que le Butor jaune a été oublié. Étant un très petit pays avec des ressources très limitées et qui fait face à de nombreux défis environnementaux critiques, nous avons besoin de savoir où donner des priorités de nos actions et efforts; une espèce très répandue comme le Butor Jaune seraient, malheureusement, classée au plus bas sur la liste d'actions par rapport à de nombreuses espèces endémiques des plantes et d'animaux des Seychelles qui ont besoin de mesures de conservation ".

Shah ajoute également que plus de financement international est nécessaire pour la restauration des zones humides, ce qui profiterait aux butors jaunes.

Le Butor jaune aux Seychelles pourrait être une sous-espèce?

Skerret, cependant, regrette que les organismes de conservation focalisent leur énergie uniquement sur les espèces endémiques au détriment des autres espèces indigènes qui sont menacées.

Selon Skerrett, la première liste complète des oiseaux indigènes des Seychelles a été compilée, en 1867 par Edward Newton.

"Newton a récolté deux spécimens de Butor à Beau Vallon qui sont actuellement au Musée d'Histoire Naturel des Nations Unies, ce qui prouve que ca fait très longtemps que l'espèce est un résident des Seychelles".
Il n’y a aucune étude d'ADN qui a été faite sur l'oiseau, mais selon Skerret, leurs tailles sont différentes de leurs homologues asiatiques, alors il spécule qu'ils pourraient être endémique.

C'est "injuste", selon Skerrett, qui a confirmé à la SNA que "personne n'a fait une étude pour savoir si c'est une sous-espèce différente à celle qui se trouve dans les pays asiatiques, mais si nous ne sauvons pas cet oiseau, nous ne le saurons jamais. "

En 2002, ces oiseaux ont été trouvés dans six marais à Mahé qui est l'île principale des Seychelles. Il s'agit notamment de North East Point et Beau Vallon dans le nord, au sanctuaire des oiseaux à Roche Caïman dans l'est, et dans les marais de l'ouest de l'île à Anse Gouvernement, Anse Intendance, Cap ternay et Grand Police.

Les Butors jaunes ont également été trouvés à Anse Kerlan, à Praslin dans la deuxième île principale; et à Mare Soupape dans l'île de La Digue qui est la troisième île la plus peuplée des Seychelles.

À côté de plusieurs de ces zones humides, il y a des hôtels qui sont en train d'être construit en intégrant les caractéristiques de ces zones de marécages dans leur architecture, tandis que d'autres zones humides ont été réduites en taille en raison de la construction du logement et de la route.

"Une nouvelle population d'espèces qui s'établit naturellement pourrait ou ne pourrait pas réussir à se faire une place dans la faune" a déclaré Franchette en ajoutant que la présence des prédateurs, le manque de sites de nidification, la perte de leurs habitats sont parmi les facteurs qui peuvent être au détriment d'une nouvelle espèce qui essaie de coloniser un nouvel habitat.


Selon Shah, la première étude des butors jaunes dans les années 1970 estimait la population à moins de 100 paires.

«Les zones humides préférées par cette espèce d'oiseau ont été réduites depuis la colonisation. Au Sanctuaire de Roche Caïman, Nature Seychelles protège certains couples reproducteurs de butors jaunes, mais des récents travaux par PUC [Public Utilities Corporation] ont ouvert notre clôture et a permis à des chiens sauvages de rentrer, et d’attaquer des espèces comme le Butor jaune ".

 

En 2002, ces oiseaux ont été trouvés dans six marais à Mahé  (Pep Nogués) Photo License: All Rights Reserved

Déplacer les oiseaux dans d'autres îles

Plusieurs tentatives ont été faites au cours des années précédentes pour sauver les butors jaunes aux Seychelles.

Un article de recherche publié, en 2002, dans le Magazine de la 'East African Wildlife Society' par Skerrett et le scientifique Seychellois le Dr Justin Gerlach, proposait plusieurs solutions, y compris la délimitation de plusieurs zones clés qui pourraient servir de sanctuaire pour cette espèce et d'autres oiseaux.

L'article mentionnait également l'échec dans la mise en œuvre de la translocation des butors jaunes dans les îles telles qu'arides et curieux.

Un seul butor jaune a été aperçu dans l'île de Desroches, la plus grande des îles coralliennes des Seychelles qui, malheureusement, n'a pas de grandes zones humides et ils finissent par mourir.

En 2002, Skerrett avait proposé l'île de Silhouette, comme une autre possibilité d’habitat pour les butors jaunes.
Avec plus de 15 hectares de marais, l'île aurait pu loger facilement tous ces oiseaux qui restent et les sauver de l'extinction, a expliqué Skerrett à la SNA.

Mais en l’absence des données scientifiques récentes et vue qu'il n'est pas classé en priorité de protection la translocation du Butor jaune n'a jamais eu lieu.

 

 Le marais de  l'île de Silhouette  (Seychelles News Agency) Photo license: CC-BY

"Ce n'est pas impossible de sauver ces oiseaux"

Selon Skerret, le meilleur endroit pour trouver les butors jaunes c’est parmi les roselières dans les marais de Baie Lazare qui entoure l'hôtel de luxe de Kempinski Resort dans l'ouest de l'île de Mahé.


Cependant, c'est l'un des rares endroits où cette espèce a été vue récemment en train de se nourrir de poissons et d'insectes dans le marais. Il faut être prudent en l'approchant parce que tout mouvement brusque pourrait l'amener à prendre la fuite. 

"Il n'est pas impossible de sauver ces oiseaux" a dit Skerrett, "Nous avons juste besoin d'un effort concerté. Il peut ne pas être l'une de nos espèces endémiques, mais c'est une espèce importante; qui crée un équilibre dans notre écosystème. En perdre un signifierait perdre un autre! "

Parmi d'autres oiseaux aquatiques indigènes, plusieurs ont fait des Seychelles leur sanctuaire, y compris le Héron cendré et le Crabier chevelu.

Selon Skerrett, seul le bihoreau à couronne noire a naturellement colonisé l'archipel depuis la colonisation humaine et son existence est tout aussi précaire à celle du butor jaune.

Selon le Comité d'enregistrement des Oiseaux aux Seychelles, il y a 267 espèces d'oiseaux qui ont été enregistrés dans l'archipel dont 62 espèces nicheuses, 28 migrants annuels, 167 espèces d'oiseaux migratoires et dix espèces disparues (dont quatre ont été introduits).

 


Tags: UICN, Butor Jaune, Dr Nirmal Jivan Shah, Adrian Skerrett

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