Un système de certification des plantes médicinales de la région de l'océan Indien, le premier du genre, verra bientôt le jour

Actualités Nationales |Author: Hajira Amla et Sharon Uranie | July 5, 2014, Saturday @ 20:38| 2840 views

'Rose amère' (Catharanthus roseus) plante medicinale tres utilises aux Seychelles (Joe, Laurence, Seychelles News Agency)

(Seychelles News Agency) - Un institut de recherche de l’Inde vient d’être mandaté pour élaborer un  système de certification de plantes médicinales et de médicaments pour la région de l'océan Indien, avec l’objectif de l'utiliser pour la promotion des plantes médicinales et la phytothérapie dans toute la zone de l’Indian Ocean Rim Association (IORA).

Un rapport publié dans le Times of Oman fait état de la première réunion, à Salalah, dans le Sultanat d'Oman, du Point focal de l’Indian Ocean Rim Association's Regional Centre for Science and Technology Transfer (IORA-RCSTT), qui demande de promouvoir la recherche et la compréhension des plantes médicinales.

L'une des recommandations arrêtées au cours de la rencontre suggère la  commercialisation de plus de plantes et d’herbes médicinales du patrimoine des vingt Etats membres de l’IORA.

Une autre proposition suggérant la formation d’un comité chargé d'élaborer les normes et les spécifications pour l'utilisation des plantes médicinales et la phytothérapie, a été retenue.

Le Comité des normes et qualités des plantes médicinales et produits de l’IORA sera présidé par Dr Anil Kumar Tripathi de l’Institut Central de Recherche des plantes médicinales et aromatiques de l’Inde, et ses membres viendront d'Oman, Malaisie, Iran, Thaïlande, Seychelles, Sri Lanka et l'Egypte qui doivent chacun nommer leur point focal.

Les membres ont rédigé un document établissant un système de certification pour les états membres, qui a été soumis à l'Institut central de plantes médicinales et aromatiques basé à Lucknow, un institut relevant du Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR), afin de le développer davantage.

Au cours de la réunion, l’Université de Dhofar a signé un protocole d'entente avec plusieurs entreprises du secteur privé iranien. Le document a été agréé par les deux experts de l’IORA spécialisés en plantes médicinales en présence de certains états membres dont l'Inde, l'Iran, le Sri Lanka, la Tanzanie, les Seychelles, l'Égypte, la Thaïlande, la Malaisie et Oman, afin qu’il serve à développer la technologie et la science des plantes médicinales pour son utilisation par les états membres de l’IORA.

Les Seychelles étaient représentées à la rencontre par Thérèse Barbe de la Section de recherche et protection de la Division du patrimoine national, près le ministère seychellois du Tourisme et de la Culture.

«J'ai présenté le rapport du pays sur la médecine traditionnelle et à base de plantes aux Seychelles.. (...) ... et j’ai également expliqué la  façon dont les connaissances sont transmises à la jeune génération à travers les clubs du patrimoine qui sont mis en place dans les écoles. J’ai aussi fait état des encouragements qui sont faits aux écoles et aux individus pour aménager leur propre jardin de plantes médicinales, » a confié Barbe à SNA.

Barbe a  ajouté que les représentants de chaque pays participant ont également identifié les défis auxquels ils sont confrontés, y compris le manque d'installations pour tester leurs produits obligeant chaque pays à utiliser des normes différentes, d'où la nécessité d'élaborer des normes et spécifications communes pour l'utilisation des plantes et herbes médicinales.

Une entreprise en plein essor

La recherche de remèdes et vaccins pour certaines des maladies les plus répandues dans le monde a provoqué une augmentation significative de l'intérêt porté aux plantes médicinales, au cours de ces dernières années.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), environ cinq milliards de personnes à travers le monde utilisent la médecine traditionnelle pour des soins de santé primaire et près de 85 pour cent de la médecine traditionnelle sont à base d’extraits de plantes.

Toutefois le recours aux plantes médicinales ne se limite pas aux seuls pays en développement souffrant d'un manque d'accès aux soins de santé grand public. Aux  Etats-Unis, 25 pour cent des médicaments prescrits aux patients contiennent un certain nombre d'extraits de plante, tandis qu’au Japon il s’avère que la demande de plantes médicinales est beaucoup plus en augmentation que celle des produits pharmaceutiques réguliers.

Le Conseil international des plantes médicinales et aromatiques (ICMAP) affirme que l’industrie des plantes et herbes médicinales qui connait une croissance  de 8 à 10 pour cent par an, rapporte à l’échelle mondiale plus de soixante milliards de dollars, la plupart de la demande provenant de pays développés comme l'Allemagne, le Japon, la France et les Etats-Unis.

Crainte d’une surexploitation aux Seychelles

Les premiers habitants des Seychelles avaient trouvé une variété de plantes médicinales pour faire face aux problèmes de santé de la population certes petite à l’époque mais en nette augmentation.

Bien que l’on prétende qu’un grand nombre de ces plantes sont déjà perdues à cause des feux de brousse et des besoins d’espace pour le développement, certaines d’entre elles existent encore et sont même en usage aujourd'hui, à l’image du bwa koulev (Psychotria dupontiae), bwa dou (Craterispermum microdon) et bwa-d-renet (Dodonaea viscosa).

Dr Nirmal Jivan Shah

Dr Nirmal Jivan Shah, chef exécutif de l’Ong qui s’occupe de la conservation de l'environnement aux Seychelles  - ONG Nature Seychelles -  affirme que l'ethnomédecine à base de plantes médicinales a traditionnellement revêtu  une grande importance pour le peuple seychellois.

Il estime que près de 250 espèces de plantes ont été utilisées dans le passé, bien que seulement 15 soient endémiques, (typiques aux Seychelles) et près de 40 à 50 espèces sont toujours utilisées régulièrement comme remèdes de maison ou de grand-mère.

« Un système de certification et un minimum de normes et qualités pour la commercialisation des produits de plantes médicinales avec une valeur ajoutée sont  bien nécessaires car ils conduiraient à la fabrication de produits sûrs, » a déclaré Dr Shah.

« Je pense que cela donnerait aussi une impulsion aux produits bio fabriqués localement, d’autant qu’à Nature Seychelles, nous savons grâce à notre programme de santé écologique, que beaucoup de gens sont à la recherche de ce genre de remèdes naturels. »

Mais Shah demande à ce que les autorités seychelloises veillent à ce que «les bio-prospecteurs étrangers ne parviennent, pas contrairement à toute éthique, à breveter les composés actifs des plantes de valeur pharmaceutique de nos espèces endémiques.

« De même elles doivent veiller à ce que toutes les espèces soient durablement exploitées par les gens, d’autant qu’il ya un cas où une espèce a disparu apparemment à cause d’une surexploitation à des fins médicinales, » a-t-il averti.

Lors de la conférence à Oman, Dr Al Saady Nadiya, directeur exécutif du Centre des ressources animales et phytogénétiques d’Oman (OAPGRC) a exprimé les mêmes soucis.

«Plusieurs centaines de plantes médicinales sont menacées d'extinction suite à la surexploitation et au déboisement. L’espèce hoodia, originaire de Namibie, qui est actuellement l’objet d’un intérêt particulier des compagnies pharmaceutiques à la recherche de médicaments qui permettent la perte de poids, est à la limite de l'extinction, tandis que  le Crocus d'Automne, qui est un traitement naturel pour la goutte et sert aussi à combattre la leucémie, est également à risque », a-t-elle aussi révélé.


Tags: Nirmal Shah, plantes médicinales, Indian Ocean Rim Association, Nature Seychelles

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