Michael J Strauss- Droits de l'homme aux Seychelles et dans le monde

Point de vue |Author: Rassin Vannier | June 1, 2014, Sunday @ 07:57| 5166 views

Michael J Strauss est docteur en relations internationales (Mathieu Hagen)

(Seychelles News Agency) - Michael J Strauss est docteur en relations internationales et diplomatie (PhD), professeur au Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS) de Paris, ancien chef de bureau parisien de l’AFP- AFX News, auteur de The Leasing of Guantanamo Bay, Praeger Security International, Praeger, 2009.

Monsieur Strauss a bien voulu répondre aux questions du SNA sur la situation des droits de l’homme aux Seychelles après le rapport que le département d’état américain a fait sortir sur les Seychelles.

 

Récemment, les Seychelles ont été critiquées par les États-unis dans un rapport sur les droits de l’homme, publié par le département d’État.

Le gouvernement seychellois a réagi en disant qu'il n'acceptait pas ce rapport, en disant que le département d’État n'a pas d'ambassade ici pour vraiment savoir ce qui se passe dans le pays. Qu'est-ce que vous pensez sur les méthodes de ce de rapport?


Il serait préférable pour établir un rapport sur les droits de l’homme qu’il soit rédigé sur la base d’observations directes et continues.

Il est important que le rapport vérifie l’exactitude de l’information qu’il utilise, et identifie clairement les sources de cette information dans la mesure du possible. Cela permet au lecteur de déterminer l’objectivité et la crédibilité du rapport, et de savoir s’il est à jour. Tout cela est déterminant parce que le rapport peut avoir une influence importante. Sans cette condition, le rapport peut donner une évaluation incomplète, une vue partielle, et les résultats peuvent être accidentellement déformés, erronés, voire périmés.

N’étant pas employé du gouvernement des États-Unis, je ne connais pas les méthodes scientifiques utilisées dans la préparation des rapports du Département d’État à propos des droits de l’homme.

Ces rapports ne me semblent pas toujours répondre aux normes américaines de journalisme. Ils sont rédigés par des diplomates qui ne sont pas nécessairement des journalistes ou tout au moins pas formés aux méthodes journalistiques, même si par ailleurs ils sont des observateurs présumés qualifiés.

À votre avis quel est le but des États-Unis en matière de la politique étrangère pour publier ce genre de rapport contre un pays ?

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles le département d’État américain produit pays par pays des rapports sur les droits de l’homme. La première consiste à essayer de pousser le pays lui-même à changer son comportement lorsque les États-Unis estiment qu’il ne respecte pas les droits humains autant qu’il le devrait, ou de le féliciter publiquement si Washington croit qu’il fait un bon travail.

Ils peuvent aussi influencer d’autres pays qui pourraient exercer des pressions sur le pays. Ils peuvent également influencer la politique américaine envers ledit pays. Ces rapports sont lus par les législateurs du Congrès afin de prendre des décisions qui affecteront le politique envers le pays. Dans un sens plus général, les rapports permettent aux États-Unis de faire des comparaisons entre les pays à propos des droits de l’homme. Et l’objectif sous-jacent étant d’améliorer les droits de l’homme partout dans le monde.

Est-ce que les États-Unis ont le droit de critiquer les autres pays à travers le monde, quand les rapports sur les droits de l’homme à Guantanamo, dans les opérations militaires, et dans le traitement des immigrés (centres de détention), sont loin de satisfaire les standards internationaux.

Les États-Unis ont le droit de critiquer ou de saluer le comportement des autres pays, tout comme les autres pays ont le droit de critiquer ou de saluer le comportement des États-Unis. Bien sûr, cela peut entraîner une attitude hypocrite si les États-Unis veulent qu’un autre pays se comporte d’une manière autre que la sienne.

Le rapport sur les droits de l’homme du département d’État sur Cuba critique Cuba pour mettre les gens en prison pendant des semaines ou de mois sans leur dire pourquoi. Mais à Guantanamo, qui est sur le territoire cubain, les États-Unis font exactement la même chose pendant des périodes durent beaucoup plus longues. N’oublions pas, entre autres, le problème de torture à Guantanamo.

Comment est perçue la situation des droits l’homme aux Seychelles par la communauté internationale?

Parce que les Seychelles sont un petit pays, la communauté internationale se fonde souvent sur des rapports comme ceux des organisations des droits de l’homme et le Département d’État des États-Unis pour développer la perception de la situation des droits de l’homme dans les Seychelles. C’est précisément la raison pour laquelle chaque rapport doit être objectif et le plus exact possible. À mon avis, la situation des droits de l’homme s’améliore, mais cela ne se reflète pas nécessairement dans les rapports.

Peut-on classifier les droits de l’homme dans le monde, tout en prenant en compte que certains pays ne connaissent pas ce que cela veut dire?

Le concept de droits de l’homme est censé représenter les valeurs de tout le monde. C’est-à-dire que chaque individu a des droits fondamentaux en tant qu’être humain, par son existence même. Mais parfois, les faits découlent de la religion, de la politique ou des divers préjugés ou, dans le cas de la traite des êtres humains et d’autres crimes, liés à des questions financières. Tous ont le pouvoir de créer des pressions contre les droits de l’homme, et les différents pays les traitent chacun à sa manière.

Est-ce que vous avez l’impression que les droits de l’homme s’améliorent dans le monde et si où quel rôle joue les médias ?

Le monde a fait d’énormes progrès pour définir et garantir les droits de l’homme. Mais le processus est toujours en cours, et l’amélioration n’est pas toujours stable. Pour exemple, le débat politique au Royaume-Uni concernant la possibilité de supprimer la loi dénommée Human Rights Act, loi nationale qui rassemble la Grande-Bretagne en conformité avec la Convention européenne des droits de l’homme. Certaines personnes pensent qu’elle va trop loin. Ensuite, il y a la question de l’esclavage - partout illégal depuis de nombreuses années, et pourtant toujours présentes sous de nouvelles formes.

La France pays des droits de l’homme est aussi épinglée par la cour européenne, pouvez-vous nous dire de quoi s’agit-il ?

Selon les données de la Cour européenne des droits de l’homme, la France a été épinglée par ses jugements 674 fois au cours des 54 dernières années. Cela semble beaucoup, mais à mettre les choses en perspective la plupart des jugements étaient sur le système judiciaire en France - le droit d'avoir un procès juste, ou la lenteur du système.


Par contraste, la Turquie a été épinglée par la cour quatre fois plus souvent, et l’Italie trois fois plus souvent, et la Grande-Bretagne environ la moitié, au cours de la même période.

Quel est le pays, qui est considéré comme un modèle pour le respect des droits de l’homme, et quelles mesures ont été mises en place.

Je me demande s’il y a un seul pays où tous les droits de l’homme soient respectés tout le temps. C’est un objectif malheureusement difficile à atteindre. Mais la plupart des pays font ce qu’ils peuvent pour l’atteindre. En prenant connaissance des traités et conventions à propos des droits de l’homme, nous nous rendons compte qu’ils sont généralement signés par la grande majorité des nations. Cela crée une obligation juridique pour le respecter.

 


Tags: Les États-Unis, le département d’État américain, droit de l'homme, France, Cuba

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