La cannelle un parfum qui s’évanouit aux Seychelles
Arts & Culture |Author: Joseph Samy | May 4, 2014, Sunday @ 12:19| 3849 viewsMustafa Bristol, propriétaire de Globarom (Joe Samy, Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Mustafa Bristol est aujourd’hui un des derniers exportateurs de l’écorce et de l’huile de cannelle aux Seychelles.
L’entreprise « chaka Brother » qui était le principal exportateur de cette épice a décidé d’interrompre sa production en attendant la modernisation de ses entrepôts.
Vers les années 2005, Bristol employait une soixantaine de personnes, dont une grande partie de retraités. Aujourd’hui à son usine à Grand Anse sur la cote est de Mahé, l'ile principale des Seychelles, il ne reste plus que 10 livreurs.
Mustafa Bristol nous avoue, «Les jeunes Seychellois ne veulent plus faire ce métier. Ils disent que c’est un travail pour les anciens et que cela ne paie pas assez et en plus, c’est dangereux ».
Il achète sur le marché locale un kilo de cannelle séchée à environ à 50 centimes d’euro, et 1 kilo de cannelle verte à 20 centimes d’euro .
L'usine de production de Globarom (Joe Samy, Seychelles News Agency) Photo license: Attribution |
La cannelle a été introduite aux Seychelles en 1772 par Pierre Poivre, naturaliste et administrateur français. Une vingtaine de cannelliers faisait partie du «Jardin du roi » situé à Anse Royale à Mahé, dans l’essai de la France de contrer le monopole des hollandais sur le commerce d’épices.
Les graines du cannellier, véritable délices pour les mainates, se sont rapidement propagées à travers les îles. La cannelle est vite devenue un des piliers de l’économie seychelloise avec le copra.
Comme chaque paroisse dans les îles avait son église, elle avait aussi son usine et sa distillerie de cannelle.
Les samedis matin Victoria, la capitale des Seychelles,sentait la cannelle. Tous les producteurs et exportateurs se rencontraient pour échanger cette précieuse marchandise décrite dans la Bible comme de l’or. Cette épice est utilisée dans la confection du dentifrice ainsi que dans les produits alimentaires et des boissons comme le Coca cola.
Entre 1909 et 1913 l’écorce de cannelle et son huile rapportaientplus de 4 millions de roupies et les Seychelles étaient le plus grand exportateur mondial.
Aujourd’hui avec le développement, les plantations sont a l’abandonperdues dans les montagnes rocheuses et presque inaccessibles et la cannelle est devenue une plante eenvahissantes.
Le ministère de l’environnement dans leurs efforts de protéger les plantes et les espèces endémiques interdit l’exploitation de la cannelle dans les parcs nationaux où elle est en abondance.
Mustafa Bristol exporte encore l’écorce et l’huile du cannellier vers l’Amérique du nord, l’Europe et l’Asie, mais il est en grosse concurrence avec la Chine , l’Indonésie et le Sri Lanka ou le prix de la main d’œuvre est meilleure marchée.
La canelle de Mustafa (Joseph Samy, Seychelles News Agency ) Photo license: Attribution |
On se demande que dirait Pierre Poivre, pionnier de la cannelle aux Seychelles dont le buste est toujours fièrement planté au centre de la ville de Victoria? Il peut fournir qu’une tonne par an. C’est tristement tout. C’est une industrie qui meurt lentement aux Seychelles. Aujourd’hui on ne trouve même plus de vestiges de ces usines monumentales érigés comme les églises dans les paroisses d’antan.
Mais, quoique le parfum unique de la cannelle des Seychelles se repende de moins en moins dans le monde, l’arôme de ce cher condiment reste bien vivant dans les délicieux plats seychellois comme ce bon « Kari zourit » (curry de poulpe) ainsi que dans les chants traditionnels.
Buste de Pierre Poivre, Victoria (Gerard Larose, Seychelles Tourism Board) Photo license: CC-BY-NC |
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