Choc, tristesse, confusion et joie : Réactions mitigées aux Seychelles après la démission surprise du président Michel
Politique |Author: Sharon Uranie, Patsy Athanase, Salifa Magnan, Madiha Philo et Séverine Martin | September 28, 2016, Wednesday @ 22:21| 4174 viewsLe bâtiment historique du palais présidentiel où siège le président des Seychelles. (Gerard Larose, Seychelles Tourism Board)
(Seychelles News Agency) - Ce mercredi, la nation des Seychelles digérait encore la nouvelle de l’annonce de la démission du président James Michel le 16 octobre et que le vice-président Danny Faure assurera la présidence. Michel a annoncé sa décision surprise dans un discours télévisé mardi soir.
Alors que beaucoup de gens ont exprimé leur étonnement, d'autres personnes ont manifesté de la tristesse et de la joie.
Bien que le Parti Lepep, le parti politique du président Michel, vienne juste d'être battu lors des élections législatives de septembre, en perdant pour la première fois depuis 1993 la majorité à l'Assemblée nationale, Michel était seulement dans la première année de son dernier mandat quinquennal en tant que président.
A l’âge de 72 ans, le président Michel, est au pouvoir depuis 12 ans. Il a été également ministre du gouvernement pendant près de 40 ans.
La plupart des résidents qui se sont exprimés auprès de la SNA ont déclaré qu'ils ne s'attendaient pas à ce que le président démissionne si tôt pendant son nouveau mandat.
Réactions dans les rues de Victoria
« Je ne m'y attendais pas. C’est quelqu’un de bien et j'espère que le prochain président sera aussi bien que lui [le président James Michel], » a déclaré Marie Maria.
« J’ai le sentiment qu'il n'a pas fourni suffisamment de détails pour expliquer les raisons de sa démission. Je ne pense pas que ce soit normal de prendre une telle décision alors que son mandat de cinq ans n'est pas terminé. Même si tout cela est en conforme à la constitution, en tant que partisan [du Parti] Lepep je ne pense pas que céder le pouvoir soit la bonne décision, » a déclaré Clifford Paul à la SNA.
« Je suis choqué, c’est tout ce que je peux dire,» a déclaré Vincent Jeanevole.
« Je suis heureux. Il était temps. Quarante années [de Parti Lepep au pouvoir] c’est trop long. Personnellement, je ne suis pas convaincu par le bien-fondé de remettre le pouvoir à un nouveau leader. Je pense qu'une nouvelle élection serait nécessaire. Les citoyens devraient être les seuls à choisir leur président, » a déclaré Jean Claude Hoareau.
« J’ai le cœur brisé qu'il ait démissionné parce que je suis un ardent partisan du SPPF [ancien nom du Parti Lepep], donc je n’apprécie pas, j'aurais préféré qu'il reste et qu’il termine son mandat quinquennal,» a déclaré Elzida Joubert.
« Je pense que sa décision était prématurée. Il aurait dû apporter plus de soutien au peuple et à ses partisans parce que maintenant cela sonne comme une défaite pour son peuple. Il aurait dû rester et rassurer ses partisans, et plus tard alors que le travail se serait poursuivi avec l'opposition alors il aurait pu démissionner. Maintenant, il a laissé ses partisans dans un trou et ils ne comprennent pas ce qui se passe, » a déclaré Fred Nalletamby.
« Ce sont des nouvelles choquantes. Personnellement, je ne suis affilié à aucun parti politique, mais si vous regardez la façon dont fonctionne la démocratie dans notre pays, nous assistons à comment se déroule réellement la démocratie. Je pense que le Président a peur du défi », a déclaré Steve Elizabeth.
Le dirigeant du LDS déclare que les raisons de cette démission ne sont pas suffisamment claires
Michel est à la tête du gouvernement des Seychelles depuis 2004, depuis que l'ancien président France Albert René, qui avait été au pouvoir pendant 27 ans, lui a cédé la présidence. Michel, qui est aussi le dirigeant du Parti Lepep [Parti populaire] a remporté les élections de 2006 et 2011.
Sa décision de démissionner intervient seulement 10 mois après le début de son troisième et dernier mandat quinquennal à la tête du gouvernement de la nation insulaire. Michel a été déclaré vainqueur de la course présidentielle de décembre 2015, en remportant 50,15 pourcents des suffrages exprimés.
Son annonce surprise intervient le jour même de l’investiture de la nouvelle Assemblée nationale qui est à présent contrôlée par la coalition de l'opposition Linyon Demokratik Seselwa (LDS).
Le leader du LDS, Roger Mancienne, a indiqué à la SNA que les raisons invoquées pour justifier la démission du Président Michel « ne sont pas suffisamment claires. »
« Les raisons qui ont motivé cette décision devraient être claires pour le peuple des Seychelles, » a déclaré Mancienne, ajoutant que l'hypothèse est que sa démission serait liée à l'élection de la nouvelle Assemblée nationale.
« Sa démission a été annoncée le jour même où la nouvelle Assemblée nationale s’est réunie pour la première fois. Nous pensons qu'il serait irresponsable de la part du président de prendre une décision sur cette base. »
S’exprimant à propose du successeur du président, Mancienne a déclaré que le vice-président Danny Faure « n'a pas remporté cette élection par conséquent le LDS réclame une nouvelle élection présidentielle. »
La décision de nommer Faure à la présidence comptera pour un mandat
Le procureur général Ronny Govinden a déclaré que la Constitution des Seychelles permet au président de démissionner à tout moment durant son mandat.
« Il n'y a pas de limite de temps relative au moment où il peut le faire. Il peut démissionner un jour après avoir été élu ou le dernier jour de son mandat, » a déclaré Govinden à la SNA, ajoutant que le gouvernement n'a pas à fournir les raisons de sa démission.
Dans son discours, le président Michel a déclaré qu'il enverra mercredi sa lettre de démission au président de l'Assemblée nationale, Patrick Pillay, comme le stipule la constitution.
Selon Govinden, le président peut indiquer si la démission prend effet immédiatement ou non.
« En l’occurrence, le président a annoncé que son vice-président assumera la direction du pays le 16 octobre, donc il reste président jusqu'au jour jour où il remettra le pouvoir au vice-président Faure, » a-t-il expliqué.
La Constitution des Seychelles prévoit que le vice-président puisse prendre le pouvoir en cas de décès, de démission ou de révocation du président au lieu de refaire des nouvelles élections.
Govinden a expliqué que « dans la mesure où le vice-président prend le relais avant l'expiration des deux tiers du mandat du président, cela comptera comme un seul mandat. »
Cela signifie que, conformément à l’amendement constitutionnel approuvé en avril, qui limite le mandat présidentiel à deux mandats de cinq ans, comparé à initialement trois mandats de cinq ans, Faure pourra se présenter pour un seul autre mandat de cinq ans.
Dès qu’il aura pris ses fonctions, Faure devra nommer son vice-président et les ministres, qui devront être ensuite approuvés par l'Assemblée nationale.
Govinden a expliqué « qu’il aura besoin d'une majorité simple pour les deux nominations et dans le cas où l'Assemblée nationale n’approuverait pas les nominations du président, l'Assemblée nationale devra parvenir à un accord et à un compromis dans la mesure où le pays a besoin d'un vice-président et de ministres ».
C’est la deuxième fois dans l'histoire des Seychelles qu'un président démissionne. En 2004, l'ancien président France Albert René, le fondateur de la Seychelles People’s United Party (SPUP) maintenant Parti Lepep, avait démissionné pour céder sa place à son colistier, James Michel afin qu’il reprenne le pouvoir.
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