La dame aux tortues des Seychelles a été récompensée pour toute une carrière consacrée à la conservation des tortues marines
Environnement |Author: Sharon Uranie | April 24, 2016, Sunday @ 12:14| 7222 viewsJeanne Mortimer photographiée avec une tortue imbriquée en train de nidifier. Mortimer travaille avec les tortues marines des Seychelles depuis 1981. (Marco Harms)
(Seychelles News Agency) - Jeanne Mortimer, experte des Seychelles en matière de conservation des tortues marines, a déclaré qu’être reconnue en recevant le Lifetime Achievement Award constitue une source de motivation pour poursuivre ce qu'elle fait depuis des décennies.
La Société internationale des tortues marines a décerné cette récompense lors de son 3ème colloque annuel sur la biologie et la conservation des tortues marines qui s’est tenue à Lima, au Pérou, du 29 février au 4 mars 2016.
« La remise de prix est attribuée ssans l’avoir annoncé au préalable, donc je n’étais pas informé, j’ai appris la nouvelle par la suite, » a déclaré Mortimer à la SNA cette semaine.
« Je me sens très flattée. Je pense que de nombreuses personnes font du bon travail et on pourrait attribuer ce genre de prix à beaucoup de gens alors je suis heureuse et honorée qu'ils m’aient choisi, » a-t-elle ajouté.
La Société internationale des tortues marines est un organisme à but non lucratif au sein de laquelle les membres se consacrent à la recherche et à la conservation des tortues marines dans le monde entier.
Le Lifetime Achievement Award qui est attribué depuis 2008, vise à reconnaître les personnes qui ont eu un impact significatif sur la biologie et la conservation des tortues marines tout au long de leur carrière.
Mortimer a travaillé avec de nombreux Seychellois qui, selon elle, lui ont transmis leurs connaissances des tortues marines. Dans la photo ci-dessus, Mortimer est photographiée avec Roland Nolin (à droite) et Antonio Constance mieux connu sous le nom de Mazarin (à gauche) en train d’effectuer un repérage par satellite. (George Balazs) Licence photo : Tous droits réservés |
Mortimer, souvent surnommée «Madanm Torti» ou la dame aux tortues, bénéficie de plus de 40 années d'expérience avec les tortues marines.
La biologiste américano-Seychelloise a débuté sa carrière en 1973 en Amérique centrale et travaille aux Seychelles depuis 1981.
Mortimer explique que les années passées à travailler dans l'archipel de 115 îles dans l'océan Indien occidental sont remplies de moments intéressants.
« Quand je suis arrivée, c’était fascinant d'apprendre à connaître les Seychelles. J'ai passé cinq mois à Cosmoledo avec une douzaine de pêcheurs qui étaient tous en train de tuer des tortues marines mais j’ai appris grâce à eux car ils savaient beaucoup de choses sur les tortues et j’ai pu ainsi apprendre le créole », a déclaré Mortimer.
« Je pense qu'une des plus grandes satisfactions c’est lorsque les Seychelles ont modifié la loi qui a rendu illégal le fait de tuer des tortues et qui a permis de vraiment prendre en compte de l’importance de la conservation et la nécessité de protéger les écosystèmes en général, » a-t-elle ajouté.
La dame aux tortues a le sentiment que les projets de surveillance communautaire qui ont impliqué non seulement des scientifiques étrangers, mais aussi la population locale sont une des choses qui ont contribué à augmenter la reproduction des tortues marines après les creux connus durant l’époque du braconnage.
La dame aux tortues des Seychelles observant Nigel Boniface et Jean-Claude Camille en train d’étudier la réussite de l’éclosion sur l'île d'Arros. Mortimer affirme que la participation de la population locale dans les programmes de surveillance des tortues s’est avérée être un modèle efficace pour lutter contre le braconnage. (Rainer von Brandis) Licence photo : tous droits réservés |
A présent, Mortimer travaille davantage en tant qu’indépendante et s’associe à divers groupes et organisations qui œuvrent pour la protection des tortues marines et la promotion des efforts de conservation en particulier avec la société de conservation des îles.
« Nous avons mis en place un grand nombre de projets de surveillance des tortues aux Seychelles et ce genre de projets me prend tout mon temps car je les aide à s’assurer que le personnel soit formé et que les données soient collectées correctement. Nous pouvons donner un sens à ce qu'ils trouvent et nous pouvons établir des rapports, » a-t-elle déclaré.
Certains de ses projets à venir incluent le développement d’un organisme à but non-lucratif appelé Turtle Action Group of Seychelles (TAGS). Elle a commencé en 2008 dans le but de rassembler tous les acteurs en matière de conservation des tortues aux Seychelles.
L'organisation travaille actuellement à la création d’un site internet avec l'aide du Fonds pour l'environnement des Seychelles et la fondation Save our Seas qui fournissent le financement. La fondation Save our Seas (SOSF), est un organisme à but non lucratif qui possède une station de recherche sur l’île d'Arros.
« Aussi, dans les deux prochaines années, je veux organiser un symposium national où les sites de surveillance des tortues et les groupes intéressés par l'éducation des tortues marines pourront participer au débat et où chaque organisation aura voix au chapitre. Mais la prochaine étape est la publication d’un autre livre qui devrait plus intéresser le grand public », a déclaré Mortimer.
Jeanne Mortimer qui est aussi une adepte des tortues terrestres géantes a été impliqué dans le suivi de la conservation des tortues marines pendant plus de 40 ans et les Seychelles sont le lieu où elle a exercé le plus longtemps, pendant 35 ans. (Jeanne Mortimer) Licence photo : tous droits réservés |
Bien qu’elle soit fière des progrès réalisés aux Seychelles, qui possèdent maintenant la quatrième plus importante population de tortues reproductrices au monde, Mortimer pense que ces espèces sont toujours vulnérables.
Elle est également heureuse de voir des initiatives telles que le festival annuel des tortues marines qui contribue à générer de l’intérêt auprès de la jeune génération.
Mortimer, qui a décidé de faire des Seychelles son deuxième foyer, raconte qu’elle se rend aux États-Unis presque chaque année pour voir sa famille et ses amis, mais qu’elle a le sentiment que c’est aux Seychelles que ce qu’elle fait est réellement utile.
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