Une étude tente de comprendre pourquoi 2 espèces de requins se partagent un lagon des Seychelles au lieu de se battre

Actualités Nationales |Author: Sharon Meriton Jean, Betymie Bonnelame et Séverine Martin | April 14, 2016, Thursday @ 15:21| 7061 views

L’équipe de « Save our Seas » capture des requins afin d’obtenir des informations nécessaires, notamment leur taille, leur sexe et les contenus stomacaux. (Michael Scholl, Fondation Save Our Seas)

(Seychelles News Agency) - Au lieu de se battre comme chien et chat, deux espèces de requins semblent coexister pacifiquement. Une étude est en cours pour tenter de comprendre comment et pourquoi.

Dans les eaux peu profondes du lagon de Saint-Joseph, un atoll de l’archipel des Amirantes aux Seychelles, deux espèces de requins cohabitent, partagent la nourriture et les aires de nourricerie jusqu'à ce qu'ils soient assez âgés avant de quitter l'atoll protecteur pour rejoindre les récifs environnants.

Afin de résoudre cette énigme et comprendre comment ces deux espèces de requins parviennent à coexister dans l’Atoll de St. Joseph, la Fondation Save Our Seas (SOSF), une association à but non lucratif qui dispose d’une station de recherche sur l’île D'Arros, a entrepris un projet triennal.

Les chercheurs doivent installer des filets pour attraper les requins et recueillir les données nécessaires. (Rainer von Brandis, Fondation Save Our Seas) Photo License: All Rights Reserved

Le chef de projet, Ornella Weideli, a affirmé que les seuls autres endroits où on sait que les requins à pointes noires juvéniles (Carchahinus melanopterus) et les requins-citron faucille (Negaprion acutidens)  coexistent sont sur Aldabra, un atoll des Seychelles et Moorea, une île appartenant à la Polynésie française.

Etant donné que les requins à pointes noires juvéniles et les requins-citron faucilles sont écologiquement et morphologiquement similaires, leurs préférences alimentaires et leur habitat dans le lagon St. Joseph devraient être semblables, ce qui pourrait potentiellement les conduire à se concurrencer.

Les requins grandissent lentement, ils ont une maturité sexuelle tardive, une faible reproduction et une longue gestation. En raison également de la surpêche, de nombreuses espèces de requins sont considérés comme « des espèces menacées » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Des études antérieures ont démontré que les requins-citron faucilles et les requins à pointes noires femelles retournent sur le lieu où ils sont nés pour donner naissance à leurs petits, de la même manière que les saumons,  a déclaré Weideli à la SNA.

St Joseph est un « atoll fermé » qui s’étend sur sept kilomètres de long et descend à une profondeur de sept mètres (Rainer von Brandis, Fondation Save Our Seas) Photo License: All Rights Reserved

« Quand je suis me suis rendue pour la première fois à Saint-Joseph en novembre 2014, nous avons dû identifier où nous pouvions trouver ces requins juvéniles, la méthode qui fonctionne le mieux pour les attraper, et comment nous pouvions recueillir des échantillons de tissus de la manière la plus efficace » a déclaré Weideli.

Comparé à d'autres îles du groupe des Amirantes, St Joseph est un « atoll fermé » qui mesure sept kilomètres de long et a une profondeur de sept mètres.

On peut seulement  « y accéder » à bord d’un petit bateau, à marée basse. Par conséquent, l’atoll fournit un habitat très protecteur qui permet de protéger les espèces qui y habitent. »

Tout au long de la première année d'étude, 400 requins des deux espèces ont été capturés et les résultats ont montré que la taille de la population, ainsi que le sexe des deux types de requins, étaient en bonne santé et équilibrés. Les habitats des deux espèces sont similaires et très réduits au sein de l'atoll.

Une session de prélèvement est prévue au mois d’août afin de capturer davantage de requins pour l’étude génétique » (Michael Scholl, Fondation Save Our Seas) Photo License: All Rights Reserved

Les contenus stomacaux ont également été examinés et Weideli affirme qu'il est encore trop tôt pour comparer les tailles d’échantillons de la première année qui ne sont pas suffisants.

Deux autres séances de prélèvements seront organisées pour coïncider avec les mois où les requins femelles donnent naissance  lors de la seconde année d'étude.

« L’objectif de la saison de prélèvement au mois d’avril de cette année, sera d'attraper plus de requins pour l'étude génétique, pour terminer la collecte des échantillons d'estomac et pour entreprendre davantage de marquage actif,» a déclaré Weideli, ajoutant qu'un second prélèvement sera également réalisé plus tard dans l'année.

L’Atoll de St. Joseph est la deuxième île de l'archipel périphérique des Seychelles à disposer d’un programme de marquage et de surveillance de requins après Aldabra.

Une photo prise à l’aide d’un drone montrant les eaux peu profondes du lagon de Saint-Joseph, un atoll de l’archipel d’Amirantes aux Seychelles. (Michael Scholl, Fondation Save Our Seas) Photo License: All Rights Reserved

L’île Curieuse située à 15 minutes de Praslin, la deuxième île la plus peuplée des Seychelles a également un programme similaire qui nécessite des volontaires pour marquer les requins et les surveiller pendant plusieurs mois.

Les trois sites sont des zones naturelles protégées dont le but est de conserver ces habitats importants et ces aires de reproduction pour les requins.

C’est aussi le cas sur l’Atoll Saint-Joseph. Il existe un programme de surveillance à long terme dans une île reculée, presque vierge et protégée de toute intrusion humaine qui pourrait aider à éclaircir les mystères du requin dans les eaux des Seychelles.


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