« Pour moi, la chose la plus importante, c’est la responsabilité qu’on a, en étant Président d’un pays » - Interview de David Pierre, candidat à la Présidentielle des Seychelles
Politique |Author: Madiha Philo, Sharon Uranie et Séverine Matin | December 1, 2015, Tuesday @ 14:55| 2285 viewsLe dirigeant du PDM, David Pierre. (PDM)
(Seychelles News Agency) - Les électeurs inscrits aux Seychelles seront invités à choisir un nouveau Président lors des élections qui auront lieu du jeudi 3 décembre au samedi 5 décembre 2015.
David Pierre, 48 ans, chef du Mouvement démocratique populaire (PDM) mais aussi chef de l'opposition à l'Assemblée nationale sera parmi les 6 candidats qui participent cette année à la course Présidentielle.
Pierre qui a formé son parti politique, le PDM, en 2011, est également un ancien membre du Parti National des Seychelles (SNP). Il va participer à sa première élection présidentielle.
Ce sera la première fois cette année que les électeurs seychellois choisiront leur Président parmi un nombre record de six candidats, et notamment une première femme candidate à la présidentielle.
Avant que les 70.943 électeurs seychellois se rendent aux urnes, la SNA a rencontré David Pierre dans le cadre d'une série d'interviews mettant en vedette les candidats à la présidentielle, dans aucun ordre particulier.
Le seul candidat qui n'a pas été présenté est le candidat indépendant Philippe Boullé qui a indiqué qu’il ne serait pas disponible pour donner une interview en raison de son emploi du temps serré.
David Pierre expose la manière dont il voit le paysage politique, sa proposition à l'électorat seychellois ainsi que ses attentes et sa prévision pour les résultats.
SNA : C'est la première fois que vous êtes candidat à l'élection présidentielle aux Seychelles, quelle est votre approche et comment décririez-vous l'expérience jusqu'à présent ?
DP : Tout d'abord je me sens fier et fort. Fier parce que je sais que je donne au peuple seychellois une alternative qu'ils n’avaient jamais eue auparavant, dans l'histoire de la troisième République.
J’offre aux Seychellois une option qui va fonctionner et je leur donne la possibilité d'apporter des changements de manière pacifique et stable.
Je leur donne également l’opportunité de choisir quelqu'un qui va travailler pour eux, qui croit sincèrement à la démocratie et qui est prêt à mettre en place des pratiques démocratiques au sein d'un gouvernement qui respectera ces pratiques pour le bien-être de tous les Seychellois.
SNA : Pour quelles raisons avez-vous décidé de présenter votre candidature aux élections ?
DP : Je suis le plus jeune candidat, et j’ai plein d'énergie. Si je gagne, je donnerai aux Seychellois une véritable possibilité de continuité.
Je crois au respect pour autrui, je ne crois pas aux insultes, et je ne crois pas à la « sale politique ». Je crois que tous les Seychellois ont leurs propres points de vue et qu’ils devraient pouvoir les exprimer librement. C’est aussi cela que je propose au peuple des Seychelles, quelque chose qui va apporter de la stabilité et faire disparaître le harcèlement.
Je sais qu’en décidant de devenir candidat à la présidence, je serai certainement critiqué. Mais pour moi lorsque la critique est positive, vous la prenez et quand elle est négative vous la mettez de côté et vous allez de l'avant.
J’ai le sentiment que je suis le meilleur candidat ; car notre manifeste aborde un grand nombre de questions importantes. J’ai vraiment la conviction que je donne au peuple seychellois la meilleure opportunité d'avoir un Président qui leur donnera ce qu'ils méritent, et d'avoir un Président qui apportera des changements à tous les Seychellois, ce qui, je crois, est ce qu'ils attendent depuis de nombreuses années.
SNA : Que proposez-vous à l'électorat seychellois dans le manifeste de votre parti ?
DP : Notre manifeste met en avant douze domaines principaux. Il comporte notamment, une nouvelle manière de faire de la politique axée sur la gouvernance et la démocratisation des institutions nationales de l'économie, la protection de la fonction publique, la lutte contre la corruption, une imposition plus équitable, la lutte contre les problèmes sociaux y compris la drogue, assurer une éducation de qualité et un service de santé efficace, entre autres.
Ce qui est nouveau, c’est ce que nous appelons « une nouvelle politique » ... le PDM croit que la meilleure ressource qu'un pays possède est le peuple... et qu’aucun pays n’est capable d'atteindre son plein potentiel si on ne donne pas une bonne opportunité à chaque personne.
Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin d’un gouvernement qui comprendra et sera en mesure de mettre en pratique cette idéologie d’avoir une véritable démocratie, et que tous les droits du peuple seychellois inscrits dans la Constitution soient vraiment respectés... et qu’il n'y ait personne qui puisse être au-dessus des Lois, y compris ceux qui occupent de hautes fonctions... c’est-à-dire, le Président lui-même, ses ministres, les membres du parlement, etc.
SNA : Quel est le point marquant (en matière de propositions) de votre Manifeste?
DP: Cette nouvelle façon de faire de la politique est importante... si nous ne respectons pas les droits de chacun, cela aura un impact sur la manière dont chaque citoyen a la possibilité de participer au développement du pays... donc pour moi c’est extrêmement important.
Ce qui est tout aussi important c’est l'économie. Il y a la problématique de la corruption, des impôts et des maux sociaux dont notamment la lutte contre la drogue qui affecte nos jeunes. Ce sont les choses auxquelles je tiens le plus et qui sont chères à mon cœur et je veux sincèrement trouver les bonnes solutions pour y remédier.
Si nous avons un bon système en place, nous pouvons donc évidemment créer plus de richesse pour l'économie des Seychelles, et si vous êtes un gouvernement qui est prêt à partager la richesse du pays avec les gens de manière équitable, vous serez en mesure de lutter efficacement contre la pauvreté qui règne aux Seychelles, vous serez en mesure de combler cet écart considérable qui existe entre les riches et les pauvres.
Pour moi, ce sont des choses que nous devons combattre et améliorer si nous voulons vraiment voir les Seychelles prospérer et que cette richesse soit partagée équitablement avec la population.
En fin de compte, nous sommes tous Seychellois et nous méritons tous quelque chose de notre pays.
Les membres du parti PDM sur le terrain dans le cadre de la campagne pour les elections. (PDM) Photo License: CC-BY |
SNA : Est-il possible que la multiplicité des candidats handicape vos chances ou celles des autres partis d'opposition lors de ces élections ?
DP: Tout d'abord, pour être honnête... le fait qu'il y ait de nouveaux choix, aura certainement une incidence sur les différents partis politiques.
Par exemple... la personne qui ne voulait pas voter auparavant, a peut-être maintenant le choix ... et si cette personne vote, cela aura mathématiquement un effet sur le pourcentage des votes valides exprimés.
Deuxièmement, les différents partis politiques proposent des idées différentes, et peut-être qu’une personne qui pensait voter pour un certain parti politique, peut par exemple, avec cette nouvelle idéologie que le PDM (Mouvement démocratique populaire) propose, décider de voter pour le PDM.
Par conséquent... ce serait faux et malhonnête de ma part de dire que cela n’aura pas d'incidence, néanmoins cela peut être considéré de manière positive ou négative.
SNA: Pensez-vous que vous avez une chance de remporter ces élections contre les autres partis politiques ?
DP: à ce stade, c’est difficile de dire... quel parti politique a plus de soutien que l'autre. En revanche, ce que je sais, c’est que le peuple des Seychelles a un candidat qui veut honnêtement et sincèrement parvenir à faire ce qu'il propose réellement pour le bénéfice de la population.
Quand je regarde la présidence, je ne cherche pas les avantages que cela représente et je ne me bats pour devenir président par rapport à cela. Pour moi, la chose la plus importante c’est la responsabilité qui va avec la fonction de président du pays et comment s'y prendre pour s’acquitter de ces responsabilités.
En tant qu'individu, je compte obtenir ce à quoi j’ai droit, comme le prescrit la loi, rien de plus et rien de moins. Donc, je me bats pour assumer cette responsabilité, mais je ne me bats pas pour prendre cette fonction pour d'autres raisons
SNA: Que pensez-vous débats qui ont eu lieu pour la première fois sur les médias sociaux ?
DP: Dans mon manifeste je propose de responsabiliser les médias et la société civile. Je crois vraiment que les médias et la société civile ont un énorme rôle à jouer dans le développement de notre pays à l'égard de notre situation politique. Pour moi, c’est important et quand je serai au pouvoir après le 5 décembre, je ferai en sorte que les structures nécessaires et les lois appropriées soient en place pour permettre aux médias et à la société civile de jouer les rôles qu'ils sont censés jouer.
Cependant, ce que je vois aujourd'hui, par exemple sur Facebook... en tant que leader, je me sens par moments blessé, parce que je ne pense pas que lorsque les gens sont libres de s’exprimer, ça leur donne le droit d'écrire des propos diffamatoires ... J’aimerais penser que les gens comprennent qu'il n’est pas nécessaire de blesser d’autres personnes en utilisant les médias sociaux pour faire des attaques personnelles qui sont inappropriées.
Je serais heureux s’il y avait des débats civilisés et des discussions sensées que les gens pourraient trouver intéressant et arriver à comprendre le point de vue des différents leaders politiques. Ces débats devraient être éducatifs, constructifs et positifs et devraient nous aider à aller de l'avant en tant que nation.
SNA: Est-ce que les résultats des élections dicteront l'avenir de votre parti pour l'élection législative l'année prochaine ?
DP: Oui ! En tant que leader, je devrai prendre en compte les résultats afin d’améliorer nos faiblesses et miser sur nos points forts.
J’ai tendance à penser que tous les partis politiques en particulier le PDM prendront au sérieux les résultats et analyseront la situation, pour voir comment nous pouvons aller de l'avant en vue de l'élection de l'Assemblée nationale.
SNA : Quelles sont vos prévisions pour ces élections ?
DP : Je crois que le peuple seychellois est une nation intelligente. Je suis attristé par le fait que beaucoup de gens ont été influencés par l'argent au cours de la période de campagne, mais je crois aussi qu'en tant que nation nous pouvons surmonter le pouvoir de l'argent et faire notre propre analyse.
Le cas échéant, alors évidemment le PDM est le meilleur parti politique, avec la meilleure idéologie et le meilleur candidat. Donc, je pense que je mérite de gagner.
SNA: Lors de la confirmation de votre candidature pour les élections, vous avez dit que vous n'êtes pas en faveur de la formation d'une alliance pour le moment. S’il y a un second tour, quelle sera votre décision ?
DP: En tant que chef de file, si je décidais de former une alliance, il serait naturel que mon parti soit représenté au sein du gouvernement et logiquement, en étant le dirigeant (du PDM), je devrais également y avoir une place.
Mais si je choisis de faire ça, et que je ne suis pas satisfait de l'idéologie et de la manière dont le pays est gouverné, alors j’irai bien, mais mon peuple n’ira pas bien.
Donc, je crois sincèrement, que le mieux c’est de permettre à chaque individu de choisir librement la direction qu’il veut prendre... Si je cherchais à obtenir des avantages personnels, ce serait une décision facile, mais si je pense à mon pays, alors cela devient plus compliqué, en particulier connaissant très bien les comportements passés de certains des dirigeants de l'opposition.
Le PDM est un parti, par conséquent le Comité exécutif étudiera les possibilités, en fonction de qui se passe au second tour, ce qu'ils proposent, qui sont les dirigeants, est-ce qu’ils sont dignes de confiance ? Ce sont tous des facteurs que nous devons prendre en considération et nous prendrons une décision en tant que parti.
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