Goûtez aux saveurs de la cuisine indienne aux Seychelles : En voulant s’adapter à sa nouvelle vie une jeune mariée a donné naissance à « OM Food »
Arts & Culture |Author: Salifa Magnan, Betymie Bonnelame et Séverine Martin | November 18, 2015, Wednesday @ 14:21| 3391 viewsIl y a quelques années, une jeune mariée quittant Chennai pour emménager aux Seychelles a nourri sa passion d'avoir sa propre entreprise de cuisine en passant ses journées derrière les fourneaux. Elle cuisine à présent des collations indiennes et des plats indiens du Sud et du Nord de l’Inde. (Joe Laurence, Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Diplômée de l'université au début des années 1980, fonder une famille ne fut pas la seule aventure qui attendait la jeune mariée indienne, Bharati Jothinathan Naidoo, car se marier signifiait aussi dans son cas changer de pays.
Mariée à un Seychellois d'origine indienne, Naidoo a quitté Chennai, une ville située sur la côte orientale de l'Inde et qui était auparavant connue sous le nom de Madras. Elle était souvent décrite comme la « porte d'entrée du Sud de l'Inde ». Naidoo est venu s’installer aux Seychelles en 1981 à l’âge de vingt ans.
Originaire d'une des plus grandes villes d'Inde, elle a vite constaté que s’installer dans un autre pays peut être un défi de taille, car il ne s’agit pas seulement de s’adapter à un nouveau mode de vie, mais aussi à une culture complètement différente, passant de la langue à la cuisine.
« Le changement a été très difficile au début parce que je ne parlais pas la langue et tout semblait nouveau pour moi... Mais les gens ont été très gentils et très agréable, et je me suis habituée aux gens d’ici. Bien sûr, avec l'aide de mon mari qui m'a soutenu, ça s’est amélioré, » a déclaré Naidoo lors d’une interview accordée à la SNA.
Le changement pour Naidoo a été encore plus difficile vu qu’elle avait non seulement quitté la ville décrite par le guide de voyage Lonely Planet comme la capitale de la cuisine du Sud de l’inde, mais aussi du fait qu’étant végétarienne elle avait dû s’installer dans un pays où le poisson et la viande font partie de l'alimentation de base.
« Je suis une pure végétarienne, j’ai eu beaucoup de difficultés à trouver quoi que ce soit de végétarien ici (aux Seychelles) parce que tout contenait du poisson, du poulet, de l’œuf, du bœuf, ou du porc, » a ajouté Naidoo.
C’est en essayant de s’adapter et de créer sa propre marque de nourriture végétarienne, que l'idée de créer sa propre entreprise est née.
« Etant à la maison, j’avais l'habitude de faire des gâteaux, des glaces, des gâteaux piment (gato Piman en créole) et tout le reste, » a déclaré Naidoo.
C’est en essayant de s’adapter et de créer sa propre marque de nourriture végétarienne, que Bharati Jothinathan Naidoo a eu l'idée de créer sa propre entreprise. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Licence photo : CC-BY |
Disposant de suffisamment de temps libre, ce qui avait commencé comme un hobby pour Naidoo s’est transformé en emploi à temps plein, c’est de cette manière que son entreprise OM Food (prononcé comme le son du chant indien « Om ») a pris son envol avec l'aide de son mari qui a aussi sa propre entreprise.
«Om est un chant ; « les gens méditent dessus. C’est une prière pour nous... C’est pour cette raison que j’ai aimé juste le mot OM. Pour les seychellois, c’est plus facile à prononcer et à retenir, » explique Naidoo.
Ne se laissant pas décourager par les quelques difficultés rencontrées au début, comme obtenir les matières premières et accéder aux devises, cette femme déterminée a essayé d'être innovante et a effectué beaucoup de recherches pour trouver de nouvelles idées qui pourraient fonctionner pour elle.
« J’ai toujours aimé cuisiner, et j’aime naviguer sur Internet, pour voir des nouvelles recettes. C’est à ce moment-là que je me suis dit, pourquoi ne puis-je pas le faire ? J’avais les idées mais il a fallu 2 à 3 ans pour les mettre en œuvre. »
Naidoo a dû se rendre dans son pays natal en Inde pour acheter certaines choses nécessaires pour permettre de démarrer l'entreprise. OM Food est finalement devenu opérationnel en 2005.
C’est à son domicile situé à Saint-Louis, un quartier central de Mahé sur l’île principale des Seychelles qu'elle confectionne une variété de collations indiennes, notamment certains qui sont réputés et appréciés localement comme le «pti mimi » [sev de pommes de terre], « samoosa » et « gato piman » (gâteau piment).
Bharati Jothinathan Naidoo emploie six personnes dont trois Seychellois. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Licence photo : CC-BY |
Pour répondre aux goûts du peuple seychellois, Naidoo a même accepté d’adapter la manière dont elle prépare certaines de ses collations, par exemple, elle a fait une version plus créole du gâteau piment avec de la farine et des lentilles au lieu du Chana dal, (un haricot qui vient d'Inde).
Le nom de l'entreprise « OM Food » laissait à croire qu'elle proposait plus que des collations indiennes, ce qui a conduit Naidoo à s’aventurer à offrir de la cuisine indienne, en commençant avec la nourriture végétarienne, jusqu’à un large choix de plats aussi bien du Sud de l’Inde que du Nord, contenant du poulet, du mouton, du poisson, des crevettes et des œufs.
Les caractéristiques culinaires des cuisines du Nord et du Sud de l'Inde ont tendance à différer, dans le Sud on a tendance à utiliser beaucoup de noix de coco dans le processus de cuisson tandis que dans le Nord on utilise plus d’oignons et de tomates. La façon de préparer la nourriture et le goût varient également.
OM Food trouve la plupart de ses ingrédients localement, et ceux qui ne sont pas disponibles aux Seychelles sont importés de Dubaï et d’Inde. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Licence photo : CC-BY |
Tous les snacks et toute la nourriture d'OM Food sont préparés en fonction des commandes passées par les différents magasins sur les trois principales îles peuplées de Mahé, Praslin et La Digue, où ils sont ensuite vendus au grand public.
La collation la plus demandée est le fameux «pti mimi » (sev pototao) et du côté des plats, ceux qui sont les plus vendus auprès des insulaires sont le poulet biryani, le chapati et le poulet au curry.
La femme d'affaires d'origine indienne, emploie six employés dont trois sont des ressortissants seychellois. En cuisine, ils utilisent un mélange d'ingrédients dont certains peuvent être facilement trouvés sur le marché local tandis que d'autres sont importés de préférence de Dubaï et d’Inde.
Le célèbre «pti mimi » [sev pototao] est la collation la plus demandée. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Licence photo : CC-BY |
« Les employés Seychellois comprennent tous les noms que nous disons ; les noms des sucreries et des collations. Mais en ce qui concerne la cuisine, je ne pense pas qu'ils soient en mesure de la faire parce que (notre manière de cuisiner) est un processus long et fastidieux. La cuisine des Seychelles est très simple, » commente Naidoo.
Se tournant vers l'avenir et après avoir passé près de 35 ans aux Seychelles la propriétaire d’OM Food, Bharati Jothinathan Naidoo, mère de deux enfants nés aux Seychelles projette déjà d’avoir un point de vente dans le centre-ville afin d’offrir un service de vente à emporter quotidien pour faire face à l’augmentation de la demande.
« Mon principal problème c’est qu’en ville, je n’ai pas d'espace. J’ai réservé un emplacement mais je pense qu'il leur faudra deux à trois ans pour terminer le bâtiment, » a révélé Naidoo.
La propriétaire d'OM Food, Bharati Jothinathan Naidoo (au centre) prise en photo avec son mari (2ème à droite) et certains membres du personnel. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Licence photo : CC-BY |
Les îles des Seychelles, autrefois inhabitées, furent découvertes par l'explorateur portugais Vasco de Gama en 1502. De nos jours 93.000 personnes habitent l’archipel de l’Océan indien.
Les descendants des colons indiens font partie des cinq sources à l’origine de la nation créole d’aujourd’hui et d’autres part on compte beaucoup d’Indiens vivant et travaillant dans divers secteurs de l’économie allant du domaine de la santé à celui de la construction en passant par l’entreprenariat.
Le lien historique que partagent les Seychelles avec l'Inde est célébré dans le cadre de la Journée de l’Inde. Au cours des trois dernières années, l’évènement a donné l'occasion au public et aux visiteurs d’admirer et d’acheter des objets d’arts indiens authentiques, des vêtements, des bijoux mais aussi de profiter des musiques des stars de Bollywood et du goût épicé des aliments indiens.
Selon une enquête alimentaire mondiale menée en 2012, la nourritureet la cuisine indienne sont non seulement appréciées dans les îles des Seychelles, mais elles sont également réputées dans d’autres pays puisqu’elles figurent sur la liste des dix meilleures gastronomies préférées par les voyageurs.
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