Un fait très rare ! Une tortue verte a changé de lieu de nidification préférant les îles de Tanzanie à l’Atoll d’Aldabra
Environnement |Author: Sharon Uranie et Séverine Martin | November 11, 2015, Wednesday @ 11:22| 3601 viewsUne tortue verte qui retourne à la mer après avoir nidifier sur Aldabra. Photo License: (SIF)
(Seychelles News Agency) - Les Seychelles, un archipel de 115 îles dans l'Océan Indien offre des aires d'alimentation pour cinq espèces de tortues marines, mais les îles des Seychelles sont des sites de nidification pour seulement deux espèces - la tortue à écailles et la tortue verte.
D’après certaines recherches, les tortues femelles adultes de ces deux espèces parcourent « souvent » de longues distances pour revenir sur les mêmes plages où elles ont elles-mêmes vu le jour afin de déposer leurs propres œufs et répéter le cycle de vie.
Cela a été déterminé à la fois par des marquages et des études génétiques.
Selon les chercheurs locaux, en raison de cette « fidélité » à un site de nidification particulier, on voit revenir les tortues à écailles sur le même site aux Seychelles tous les deux à quatre ans, alors que l’intervalle pour les tortues vertes peut être beaucoup plus long.
Une découverte récente a toutefois montré que, même si c’est chose courante, les tortues marines ne restent pas toujours fidèles à un site de nidification particulier.
En effet, une tortue verte femelle adulte a été observée sur un site de nidification situé à plus de 700 kilomètres de l'atoll d'Aldabra des Seychelles, site de nidification où elle avait été marquée en 2012.
En plus, d’avoir été été repérée sur un site de nidificationdifférent, la tortue était dans un autre pays, sur l'île de Juani en Tanzanie, un pays d'Afrique de l'Est.
Selon la Fondation des îles des Seychelles (SIF), la découverte a été faite par le personnel de « Sea Sense » une organisation à but non-lucratif basée en Tanzanie, qui s’est impliquée dans la conservation et la protection des espèces marines menacées, notamment les tortues marines, les dugongs, les baleines, les dauphins et les requins-baleines.
Le porte-parole de la Fondation des îles des Seychelles (SIF) a déclaré à la SNA que « Sea Sense » a contacté un chercheur en poste aux Seychelles, le Dr Jeanne Mortimer, après avoir identifié un marquage métallique sur la nageoire de la tortue en provenance des Seychelles.
« Ils m’ont contacté parce qu'ils savent que je travaille avec les tortues aux Seychelles et le marquage indiquait « retour aux Seychelles » et j’ai contacté la SIF après avoir reconnu que c’était une de leurs balises, » a dit Mortimer à la SNA.
Les tortues vertes qui sont classées comme espèces en voie de disparition sur la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, l'UICN, sont plus fréquemment observées sur les îles périphériques des Seychelles, notamment sur Aldabra, un des atolls les plus reculés des Seychelles situé dans la partie ouest de l’archipel de l'océan indien, à environ 1100 km de l'île principale de Mahé.
Il est à noter qu’Aldabra possède la deuxième plus grande population de tortues vertes (Chelonia mydas) dans l'océan Indien occidental.
Les îles de l'atoll abritent un lagon calme et peu profond recouvert de luxuriants herbiers marins, habité de divers récifs coralliens et entouré de plages tranquilles, qui fournissent un habitat idéal pour ces gracieux reptiles.
L'atoll doit sa reconnaissance internationale à ses caractéristiques inhabituelles qui lui ont valu de devenir en fin d’année dernière un site d’importance pour les tortues marines dans l’Ocean indien et l’Asie du sud-est (IOSEA)
LeDr Mortimer, qui est une biologiste marine d'origine américaine spécialisée dans la conservation des tortues a qualifié le repérage de la tortue verte qui nichait sur Aldabra il y a trois ans et qui nidifie maintenant en Tanzanie comme « un fait très rare. »
« Il est vrai que la plupart des tortues reviennent nicher sur le même site, mais il est également vrai que certaines d'entre elles ne le font pas, mais c’est très rare, » a-t-elle déclaré à la SNA ajoutant qu'elle a enregistré quelques exemples de ce type aux Seychelles au cours de ses longues années de travail avec les tortues dans la nation insulaire de l'océan Indien.
Le Dr Mortimer vit aux Seychelles depuis 1981. Elle s’est impliquée dans diverses études sur les tortues marines.
« Comme cela est le cas pour les êtres humains, les tortues ont des personnalités individuelles, et chaque individu contribue à sa société d'une manière différente. D’ordinaire, la plupart des tortues reviennent sur la même plage de nidification où elles sont nées, du fait d’éclosion avérée de progéniture en bonne santé sur ce site. Mais que faire si le site est détruit ? Que faire si la plage s’érode ou si l’île sombre ? Un tel événement pourrait empêcher les membres de la colonie de nidification à réussir le cycle de reproduction, » ajoute Mortimer.
« Heureusement, « les tortues « aventurières » comme celle-ci pourraient établir de nouvelles populations reproductrices sur ces sites reculés. Après un certain temps, peut-être des centaines d'années, de nouvelles colonies saines pourraient s'établir sur ces sites éloignés pour assurer l'avenir de l'espèce ».
Bien qu'il soit impossible de savoir pourquoi cette tortue verte particulière s’est dirigée vers un site de nidificationdifférent, les marquages effectués ces années précédentes ont confirmé que les tortues marines parcourent de longues distances, après la ponte.
« La SIF a marqué plusieurs tortues vertes femelles d’Aldabra avec des émetteurs satellites, et leurs voyages post-nidification ont montré que les migrations vers la côte Est de l'Afrique ne sont pas rares, » a déclaré la SIF.
« Ces voyages ont cependant été faits vers des zones d’alimentation pendant ce qui est appelé un intervalle de remigration, durant lequel les tortues passent un certain nombre d'années à s’engraisser en prévision d’une autre saison de nidification. »
Le Dr Mortimer en collaboration avec des chercheurs de l'Université de Swansea au Royaume-Uni et le Centre Universitaire d’Ecologie Intégrative (CIE) de Deakin en Australie ont enregistré ce qui est estimé comme la plus grande distance jamais parcourue par une tortue verte pendant une migration.
Le mouvement des espèces marines qui a été contrôlée grâce à un suivi par satellite a montré qu'il a parcouru 3 979 km en une année, commençant dans l’archipel reculé de Chagos dans l'océan Indien et se terminant au large des côtes occidentales de Somalie en Afrique de l'Est.
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