Une solution envisageable aux Seychelles ? Un robot Australien conçu pour rechercher et détruire les étoiles de mer venimeuses

Environnement |Author: Hajira Amla et Séverine Martin | September 14, 2015, Monday @ 20:45| 3851 views

Une typique étoile de mer couronne d'épines (COTS) (Wikipedia) Photo license: CC BY-SA 3.0

(Seychelles News Agency) - Avec son allure hérissée et peu de prédateurs naturels, l’étoile de mer couronne d'épines (COTS) se répand comme une traînée de poudre et mange les coraux. Pour les experts en conservation marine qui veulent protéger les sites fragiles de récifs coralliens, elle se révèle être une véritable menace.

Enlever physiquement les acanthasters des récifs coralliens prend beaucoup de temps. C’est dangereux et coûteux. Et faire appel à des plongeurs pour injecter du poison à l'étoile de mer n’est qu’une solution légèrement meilleure.

Mais à présent, un nouveau tueur robotisé et armé de poison pourrait être la réponse pour résoudre le problème des acanthasters. Les étoiles de mer couronne d'épines grouillent et détruisent les récifs coralliens d’une bonne partie de l'Australie. Et peut-être qu’un jour, la technologie pourrait être utilisée pour traiter d'autres régions touchées tels que les Seychelles.

Les roboticiens de l'Université de technologie du Queensland (QUT) ont développé un robotaquatique conçu pour rechercher et détruire les tueurs de coraux.

Le robot, surnommé par ses créateurs le COTSbot, est autonome. Ce qui signifie qu'il n'a pas besoin de contrôleur humain ; il peut identifier un acanthaster et lui administrer une injection de sels biliaires toxiques dans son cœur grâce au meilleur des logiciels de reconnaissance informatique.

Le robot autonome dispose d’une vision avancée et d’un système de détection. L’observer ciblant sa proie ressemble quelque peu à un jeu vidéo. (Université de Technologie du Queensland)  Photo license: All Rights Reserved

Un communiqué de presse émis par l’Université de technologie du Queensland a affirmé que le COTSbot a effectué et réussi son premier essai en mer la semaine dernière afin de tester ses pièces mécaniques et son système de navigation.

Plus efficace que les hommes ?

Le robot jaune est en mesure de faire la même chose que ses homologues humains, voire plus ; il peut travailler sans relâche sous l'eau pendant environ huit heures, même avec des conditions météorologiques difficiles. Il est équipé de suffisamment de poison pour réaliser 200 injections létales aux acanthasters.

« Les plongeurs humains font un travail d'éradication incroyable sur les sites ciblés, mais il n’y a tout simplement pas assez de plongeurs pour couvrir tous les secteurs sensibles aux acanthasters sur la Grande Barrière de Corail, » a déclaré dans le communiqué de presse le Dr Matthew Dunbabin, le créateur du robot.

Regardez : les images du COTSbot qui identifie et empoisonne l'étoile de mer tueuse de corail avec un injecteur remplie de sels biliaires toxiques. Licence video (YouTube/Feras Dayoub) Video license: All Rights Reserved

Il a ajouté que le COTSbot était considéré comme un «premier intervenant». Il est déployé pour éliminer la majorité des étoiles de mer venimeuses sur une zone particulière. Puis des plongeurs humains interviennent quelques jours plus tard pour retirer tout ce qui reste.

«Plus vous en déployez et plus le COTSbot devient un véritable multiplicateur de force dans le processus d'éradication. Imaginez combien de sites les programmes pourraient couvrir avec une flotte de 10 ou de 100 COTSbots à leur disposition. Ce sont des robots qui peuvent travailler jour et nuit et avec n’importe quelle condition météorologique. »

Le COTSbot peut travailler sans interruption, même avec des conditions météorologiques défavorables, pendant huit heures d’affilée et est équipé de 200 doses de poison contre les acanthasters. (Queensland University of Technology) Photo license: All Rights Reserved

 

Un espoir accru pour d'autres régions touchées

On peut trouver des acanthasters dans les régions tropicales et subtropicales de l'océan Indien, mais aussi sur la côte orientale de l'Afrique et dans l'Océan Pacifique jusqu'à la côte de l'Amérique Centrale.

L'étoile de mer tueuse de corail est protégée par des centaines d'épines venimeuses. On peut la trouver sur les récifs entre cinq et vingt-cinq mètres de profondeur. On ne la rencontre que très rarement dans des eaux peu profondes. En densités plus faibles, les étoiles de mer peuvent être considérés comme bénéfiques pour les récifs, mais dans des densités plus élevées, elles sont capables de détruire en seulement quelques jours des grandes sections de coraux durs.

Les acanthasters ne sont pas nouvelles dans la zone tropicale de l'archipel de l'océan Indien des Seychelles. Des plongeurs avaient déjà remarqué que leur nombre avait augmenté depuis les années 1970.

Durant le dernier semestre 2014, une augmentation soudaine de la densité des acanthasters avait été notée dans la région de Beau Vallon,sur l'île principale de Mahé, se répandant tout le long de la côte nord-ouest de l'île.

Un consultant en environnement basé en Australie, du nom de Dr Udo Engelbrecht, avait averti en décembre l’année dernière, que les Seychelles devaient prendre des mesures afin de prévenir la perte des récifs, affirmant que l'augmentation du développement humain couplée à la hausse des températures des mers avaient provoqué l’épidémie.

Depuis lors, une étude à petite échelle a été menée par les Autorités des Parcs Nationaux des Seychelles (SNPA) pour évaluer la présence des acanthasters sur d’autres sites et essayer de trouver la solution la plus rentable pour contrôler le problème.

Une opération délicate : jusqu'au mois de septembre, la seule manière d’éradiquer les acanthasters aux Seychelles était que des plongeurs les retirent physiquement des récifs avec une lance. Ce qui était une opération particulièrement risquée. (Joanna Bluemel) Photo License: CC-BY

Selon un article publié dans le quotidien Seychelles Nation mercredi dernier,les Autorités des Parcs Nationaux des Seychelles ont reçu des équipements pour combattre les acanthasters du Fonds de développement des Nations Unies GOS-PNUD-FEM intégrant les projets de biodiversité.

L'équipement comprenait huit injecteurs sous-marins de produits chimiques à utiliser par les plongeurs comme alternative à la méthode de contrôle actuelle, qui implique d’harponner et de retirer physiquement l'étoile de mer venimeuse pour les jeter ensuite dans une décharge à ordures.

Le matériel d'injection sera maintenant déployé par les Autorités des Parcs Nationaux des Seychelles, les ONG et les entreprises de plongée sous-marine dans les régions touchées.

Pour l'instant, c’est la meilleure option pour lutter contre les infestations d’acanthasters aux Seychelles, mais le COTSbot pourrait peut-être trouver un jour le chemin vers les îles.

Les créateurs du robot de l’Université de technologie du Queensland vont rechercher des partenaires privés pour développer davantage la technologie dans l'espoir de pouvoir le produire commercialement à un prix moins élevé.


Tags: COTS, acanthasters, récifs coralliens, Australie, robot

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