Ouverture d’un nouvel aquarium aux Seychelles qui met l’accent sur l'éducation environnementale auprès des enfants
Environnement |Author: Hajira Amla et Séverine Martin | September 10, 2015, Thursday @ 08:46| 4093 viewsLe nouvel Aquarium d’Eden est une nouvelle attraction familiale, où les enfants peuvent venir s’amuser. (Joe Laurence, Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Un nouvel aquarium dans l'archipel de 115 îles des Seychelles propose aux touristes et aux résidents l'opportunité de découvrir les secrets étonnants du monde sous-marin sans avoir à se mouiller les pieds.
L’Aquarium d’Eden est situé dans le centre commercial d’Eden Plaza sur l’île artificielle d'Eden Island, le long de la côte orientale de l'île principale de Mahé. Le site a ouvert ses portes la semaine dernière, après la cérémonie officielle de lancement jeudi dernier.
Charles Savy, plongeur chevronné et hommes d'affaires dans la location de bateaux, est également le propriétaire de l’Aquarium d’Eden. Selon lui, il est capital d’éduquer les enfants quand ils sont encore très jeunes sur l'importance de protéger les trésors qui se trouvent au fond de l'océan. Et il semblerait que son établissement occupe une position privilégiée pour tenter d’atteindre cet objectif.
« Pour moi, ce projet porte sur l'humain... c’était un immense défi. Nous n’avions pas réalisé à quel point le défi serait important quand nous avons démarré, » a déclaré Savy lors d’une interview accordée à la SNA.
La star du spectacle : la fascinante Murène Léopard avec ses charmes serpentins. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Samedi et dimanche dernier, c’est le premier week-end où l'attraction a ouvert ses portes au public. Les parents ont inauguré l’ouverture du site accompagnés de leurs enfants qui étaient enchantés par les locaux. Pendant la visite, Valérie MacGaw et Henry Diaz, deux guides amicaux et compétents sont toujours disponible pour aider les visiteurs à découvrir chaque trésor caché dans les 33 bassins de l'aquarium.
Les bassins présentent des poissons marins rares de couleurs vives prélevés dans les environs des récifs naturels de l'archipel de 115 îles des Seychelles.
Mais aussi, on peut admirer une grande variété de coraux durs et mous, des anémones, des étoiles de mer, des oursins, des limaces de mer colorées, des escargots de mer et de rares hippocampes.
Les stars de l’aquarium étaient les nombreuses Murènes, notamment la murène tatouée avec des taches grises, mais aussi et surtout, l’intrigante et flamboyante Murène léopard, affichant fièrement ses marques façon léopard.
Mais sans doute que la superstar est la pieuvre dont l’attitude sévère et suffisante si elle est dérangée dans son sommeil, avec ses bras collés sur les parois de son aquarium rappelle celle du Capitaine Davy Jones dans Pirates des Caraïbes.
Une rascasse volante, hautement toxique, regarde à travers la vitre de son bassin. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Une autre particularité de l'aquarium qui le rapproche de ses grands homologues à l’étranger est les bassins dédiés à certains types de milieux marins. Il y avait notamment un aquarium présentant des roches rondes avec des coraux perchés dessus provenant des fonds marins de l'île aux Récifs. Deux autres bassins mettaient en vedette des poissons rares et des coraux de l’île de Fregate ainsi que de l’île aux oiseaux.
Un des autres curiosités de l’aquarium est le bassin alimenté par un écosystème vivant de mangrove, qui a été peuplée par des espèces qui habitent généralement ce genre d’environnement, tels que le muletcabot et le poisson-loup. Ce dernier, peut d’après Valéries’enterrer dans la bouedurant les périodes de sécheresse et survivre ainsi pendant 30 jours en respirant par les bronches spécialement adaptées à cet effet et qui se situent sur le dessus de sa tête.
Les membres du personnel pulvérisent sans cesse à l'eau douce les feuilles et les branches des arbres de la mangrove, pour les garder humides et simuler autant que possible leur environnement naturel.
Le bassin de l’île aux oiseaux est encore peu peuplé, mais le personnel espère bientôt offrir au Chirurgien bleu, de nouveaux amis originaires de son île natale. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
L'équipe attend que les conditions météorologiques en mer s’améliorent avant de sortir faire davantage d’expéditions de repérage de poissons.
« Nous avons encore de l'espace disponible. Nous prévoyons remplir tous les bassins, et quand la mousson du nord-est démarrera, nous serons en mesure de retourner sur les îles périphériques pour récupérer plus de poissons, » a déclaré Valérie.
Des espèces sauvages
Savy partage une connexion profonde et très personnelle avec la mer. Après avoir passé les 19 dernières années à plonger et à diriger son entreprise de location de bateaux et contrairement à la plupart des autres propriétaires d'aquarium, qui achètent leur stock auprès d'éleveurs en Europe, il pense s’approvisionner durablement en poissons en les prélevant dans la nature. Par ailleurs, il a même réussi à réhabiliter des poissons dans l’océan après les avoir gardé en captivité.
« Sur le plan international, la plupart des aquariums achètent leurs poissons au même endroit, en provenance d’Hollande. Il est vrai qu’exposer des animaux sauvages en captivité n’est pas chose facile... ils ont besoin de temps pour s’adapter et certains d'entre eux ne s'adaptent jamais. La plupart des grands éleveurs élèvent les poissons dès leurs plus jeunes âges et sont donc prêt à être exposer.
Des visiteurs debout face à ces énormes bassins sont enchantés d’admirer les nombreuses créatures fascinantes que l’on peut admirer à l'intérieur. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Savy a ajouté qu’avec le temps, ils auront l’occasion d’attraper des poissons sauvages juvéniles, qui seront ensuite élevés dans l'environnement de l'aquarium afin de minimiser le choc de la capture et du déplacement des poissons adultes.
« Je ne vais pas affirmer que nous sommes parfait à 100 pour cent... parfois nous essayer d'attraper un poisson et nous nous retrouvons avec le mauvais poisson ou des fois nous faisons involontairement quelques dégâts. Ce que nous essayons de faire a un coût, » a-t-il reconnu.
Des coraux vivants et des poissons coexistent joyeusement dans ces aquariums. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
« Mon avis ; je souhaiterais suggérer au ministère de l'Environnement que toute personne essayant de capturer des poissons dans la nature pour les conserver dans un aquarium devraient avoir un permis, de la même manière que nous sommes dans l’obligation d’avoir un permis. Nous ne sommes pas autorisés à vendre ces poissons, » a-t-il ajouté.
Avec un diplôme en ingénierie mécanique et en mécaniques appliquées, Savy fut l'homme de la situation lorsqu’il a fallu construire le réseau d’aquariums et la machinerie qui les gère en coulisses. En effet, la machinerie est tellement vaste qu'elle est logée dans les murs. Et tous les réservoirs sont reliés à un niveau inférieur où des pompes ont été construites à cet effet et où sont également logés des systèmes de filtration.
La grande majorité des poissons tropicaux sont de couleurs vives, avec des taches et des rayures distinctives. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
« A l’étage inférieur, nous avons un système de pompage... Des pompes à eau en bas et à l'étage supérieur qui fonctionnent en permanence, 24 heures sur 24, » a-t-il déclaré à la SNA.
En raison du poids supplémentaire de l'eau, des aquariums et des machines, Savy a même dû faire des calculs précis pour déterminer le poids maximum supporté par le plancher de sa section du centre commercial.
Un succès auprès des visiteurs, petits et grands
Après avoir traversé la section de l'aquarium, la sortie des visiteurs s’effectue par une porte qui les ramène à la réception principale. Le site propose une boutique de cadeaux et souvenirs qui présente de nombreux trésors sur le thème de la mer pour petits et grands. Il y a notamment des peluches pour les enfants et de magnifiques t-shirts conçus par Savy et un autre membre du personnel, Evelyn Fanchette, une artiste accomplie, qui est connue aux Seychelles pour ses peintures de poissons.
Le poisson papillon de Zanzibar coexiste avec le toxique poisson-chat à rayures. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Valérie et son frère Henry sont excellents avec les enfants. Ils ont une approche pédagogique fantastique et remettent en question leurs idées préconçues au sujet des merveilles du monde marin.
« Hier, nous avons eu un jeune garçon, d’environ 8 ans, et vous savez ce que ce petit garçon m'a dit ? Il n’aime pas aller à l'océan, car c’est comme des toilettes géantes... je lui ai demandé, pourquoi ? Il a répondu : les poissons font pipi dedans ! Suite à cela, j’ai dit, écoutez bien. Si vous vous coupez, que faites-vous ? Vous mettez du sel ou de l’eau salée sur la coupure car c’est antiseptique. Cela signifie donc que l'océan est antiseptique... » Il a dit « oh ! Je ne voyais pas ça de cette façon, » raconta-t-elle en riant.
Le bassin préféré des enfants est celui qui dispose d'un espace qui permet de se tenir debout ou assis à l'intérieur. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Un client, nommé Erica a déclaré à la SNA que son neveu, Sam, âgé de 5 ans, était « extatique » de voir l'aquarium.
« Il semble très enthousiaste. C’est agréable d'avoir quelque chose à offrir aux enfants, » dit-elle. « Il me semble qu’à l’époque, il y en avait un qui a ensuite fermé. Je me souviens y être allée quand j’avais environ 16 ans... mais il y avait seulement quelques bassins et puis il a fermé avant même que je puisse y retourner. Je pense que c’est bien, ça permet de faire apprécier l’océan aux enfants... la plupart des enfants n'ont pas accès aux bateaux. »
Valérie MacGaw (à gauche) transmet des trésors de sagesse à son jeune auditoire et aux parents qui réalisent des découvertes passionnantes. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Modifier l’état d'esprit pour encourager l'éducation
Pour le moment, les seuls billets disponibles sont des abonnements annuels, qui se vendent à 230 roupies seychelloises, soit environ 18 $US. La raison est que Savy souhaite que les parents amènent leurs enfants régulièrement afin de développer une meilleure compréhension de la vie marine.
« A mon avis, il faut que les gens s’adaptent à la manière dont nous vendons le billet, » a-t-il dit à la SNA. « Les gens sont habitués à venir pour acheter un billet, mais en raison de l'importance de l'aspect éducatif, nous ne voulons pas que les gens viennent une seule fois et pensent avoir tout vu… les gens ont besoin de venir plusieurs fois. Par conséquent, pour que les gens en aient pour leur argent, s’ils viennent souvent ils obtiendront un très bon rapport qualité-prix. C’est à présent la chose la moins chère à faire aux Seychelles »
Le bassin circulaire est le moyen idéal de vivre l’expérience de la plongée sous-marine sans se mouiller les pieds. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
« De temps en temps, nous organiserons des expositions spéciales... par exemple, durant un mois, nous pourrons avoir une exposition sur un aspect particulier de l'environnement marin, et étudier différentes choses. »
Savy travaille d’ores et déjà avec les autorités compétentes pour être éligible à la fiscalité applicable aux entreprises socialement responsable (CSR) dans le but de mettre en place des programmes scolaires dans les écoles pour éduquer les enfants des Seychelles.
« Bien entendu, si nous sommes amenés à faire entrer des groupes d'écoliers, nous devrons fermer nos portes au public pendant ce laps de temps, mais c’est important d'éduquer tous les Seychellois, » a-t-il dit à la SNA.
Charles Savy, le propriétaire de l'Aquarium d’Eden, se tient à côté des bassins qu’il a amoureusement conçu et construit. (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
« On ne va pas changer les habitudes des Seychellois aussi facilement, mais si une personne peut changer leurs habitudes, ce sera leurs enfants, dans la mesure où on peut les éduquer à leur plus jeune âge. Si nous commençons trop tard, ils ont déjà les habitudes des parents, » a-t-il expliqué. « Nous devons faire venir ces enfants ici le plus tôt possible, vers 5, 6 ou 7 ans. Et puis, c’est eux qui mettront la pression à leurs parents et ils développeront cette passion que j’ai découverte quand j’avais cet âge. »
« On ne va pas mettre fin à l'utilisation [des ressources de l'océan]. Nous devons les utiliser à bon escient, nous devons les utiliser de manière durable, et nous devons savoir à quel moment nous devons arrêter de les utiliser. Vous ne pouvez pas forcer les gens à s’arrêter, nous devons savoir quand nous devons nous arrêter. »
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