Le rapport des Etats Unis sur la traite d’êtres humains maintient le classement des Seychelles au « niveau 2 » : le gouvernement s’interroge sur ces allégations « sans fondement et non vérifiées. »
Actualités Nationales |Author: Sharon uranie et Séverine Martin | July 30, 2015, Thursday @ 20:30| 2453 viewsDes chaussures et des vêtements chères peuvent cacher la réalité de la femme qui a été forcé de travailler pour se prostituer dans un autre pays contre son gré. (Arroser/Wikipedia) Photo License: (CC BY-SA 3.0)
(Seychelles News Agency) - Selon le rapport 2015 sur le Trafic humain (TIP)du Département d’Etat américain, les Seychelles ont maintenu leur classement dans la catégorie de second niveau. Le rapport annuel, qui est cette année à sa 15ème édition, a été révélé par le Secrétaire d’Etat des Etats Unis, M. John Kerry, à Washington, ce lundi.
Lors de la cérémonie de lancement, Kerry a noté que le rapport de 2015 a démontré qu’il y avait une augmentation notable du trafic d’êtres humains a l‘échelle mondiale
« Il met en évidence les risques sous-tendus que les ouvriers peuvent rencontrer lorsqu’ils recherchent un emploi et les mesures que les gouvernements et les entreprises peuvent prendre pour prévenir ce type de trafic, notamment avec une exigence en matière de transparence dans les chaines mondiales d’approvisionnement » a déclaré Kerry.
Le rapport TIP est utilisé par le gouvernement des Etats-Unis comme un outil diplomatique pour impliquer les autres pays à lutter contre le trafic d’êtres humains.
L’Etat insulaire de l’océan indien qui est peuplé d’environ 90 000 habitants est passé de la liste de surveillance de niveau 2 dans laquelle les Seychelles s’étaient classées deux années consécutives en 2012 et 2013, à la catégorie niveau 2 en 2014.
Le rapport explique que le niveau 2 est attribué aux pays dont les « gouvernements ne satisfont pas pleinement aux normes minimales de la TVPA qui ont fait des efforts importants pour être en conformité avec ces normes. »
En maintenant le classement des Seychelles pour la deuxième année consécutive, le rapport TIP 2015, identifie le pays « comme un pays source où les enfants peuvent être victimes de trafic sexuel et également comme une destination pour les étrangers hommes et femmes d’être respectivement victimes de trafic de main-d’œuvre et de trafic sexuel.
«… Le gouvernement n'a pas fait état de poursuites ou de condamnations de ces actes criminels et n'a pas identifié de victimes de ces trafics. Le gouvernement expulse les travailleurs migrants travaillant pour des entreprises publiques ou privées pour avoir participé à des grèves pour protester contre les mauvaises conditions de travail sans avoir mener d’enquêtes approfondies et d’examens pour identifier si les individus étaient victimes de travail forcé, » établit le rapport.
La publication indique toutefois que même si les Seychelles ne respectent pas pleinement les normes minimales pour éliminer la traite, le gouvernement des Seychelles a fait des efforts significatifs pour y parvenir.
Selon le rapport : « au cours de la période considérée, le gouvernement a adopté une législation anti-traite et a commencé la mise en œuvre d’un plan d'action national 2014-2015. Le comité national de lutte contre la traite, en collaboration avec les bailleurs de fonds internationaux, a démarré le développement d'un outil d'aide aux victimes et a mené une vaste campagne nationale de sensibilisation sur la traite ».
En Février de l'année dernière, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la traite des personnes, Joy Ngozi Ezeilo, a également mis en garde que la traite des personnes aux Seychelles, avec son afflux régulier de touristes et de travailleurs migrants, était « insidieuse » et qu’elle est resté caché en raison d'un manque de prise de conscience. Les partis politiques de l'opposition et les journaux dans la nation insulaire avaient également dans le passé fait des allégations sur la traite sexuelle présumée de jeunes femmes étrangères par de riches touristes étrangers venant en vacances dans le pays, mais les allégations n’ayant pas été étayées par des preuves, elles n’ont pas donné lieu à l’ouverture d’affaires judiciaires.
Une nouvelle législation a été adoptée à l’Assemblée Nationale pour traiter des cas de traite d’êtres humains en avril 2014,et les trafiquants risquent jusqu'à 25 ans de prison et une amende jusqu'à 800.000 SCR (environ $ 56,000) s’ils sont jugés coupables de traite d’êtres humains.
Dans le cadre du plan d'action et du cadre stratégique national du pays, une campagne nationale a également été lancée en novembre l’année dernière pour proposer de nouvelles initiatives afin de lutter contre toutes les formes de traite d’êtres humains dans le petit archipel de l'océan indien de 90.000 personnes. Cela comprenait le lancement d'un nouveau site internet sur lequel les Seychellois peuvent se renseigner sur les différentes formes de traite d’êtres humains et sur ce qu'il faut faire s’ils détectent un cas.
Bien qu’il soit satisfait des observations du rapport concernant les efforts des Seychelles à combattre la traite humaine, le gouvernement de la nation insulaire a déclaré qu'il est « regrettable » que la nouvelle publication n'ait pas fait disparaître les allégations figurant dans le rapport concernant « des cas de traite d’êtres humains » dans le pays .
Dans un communiqué de presse publié hier, le ministre des Affaires étrangères et des Transports de la nation insulaire, Joël Morgan, a déclaré que les allégations étaient « sans fondement et non vérifiées. »
« Les Seychelles sont des fervents partisans des dialogues francs et des critiques constructives avec et de la part de ses partenaires internationaux sur les questions de droits de l'homme, mais il a souligné que, pour que des changements efficaces aient lieu, ces dialogues doivent être fondés sur des évaluations factuelles plutôt que sur des informations non fondées et non vérifiées qui ne sont pas le reflet de la situation réelle dans le pays, » affirme le communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères et des Transports.
Néanmoins, Morgan a accueilli positivement les recommandations qui sont ressorties du rapport TIP.
Cela comprend les appels pour la conduite d’inspections régulières et approfondies des lieux de travail des travailleurs migrants et pour que les travailleurs migrants soient informés de leurs droits.
La nécessité d'une formation spéciale pour les représentants du gouvernement sur la façon d'identifier les victimes de la traite et de les orienter vers les services appropriés est également l'une des recommandations qui, selon le ministère des Affaires étrangères va être prise en compte avec le lancement la semaine prochaine d'une « procédure opérationnelle et d’un manuel pratique pour les victimes de la traite des personnes, » suivie d'une session de formation.
Les autres recommandations proposées aux Seychelles dans le rapport TIP comprennent l'utilisation de la législation anti-traite nouvellement adoptée pour enquêter et poursuivre les infractions de trafic afin de condamner et punir les auteurs de la traite ainsi que la modification du code pénal pour harmoniser les sections redondantes et contradictoires relatives aux infractions sexuelles , en particulier celles liées à la prostitution des enfants.
Dans le rapport 2015 sur le trafic d’êtres humains, trois pays, la Biélorussie, les Îles Marshall et les Comores ont été rétrogradés, passant de la liste de surveillance niveau 2 au niveau 3,qui regroupe les pays dont les gouvernements ne respectent pas pleinement les normes minimales et ne font pas d’efforts significatifs pour y parvenir.
La traite des personnes peut prendre différentes formes. Selon le rapport mondial 2014 du Bureau des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC) sur la traite des personnes, près de 53 pour cent des victimes détectées en 2011 ont été victimes d’exploitation sexuelle. Quant au t travail forcé, il a représenté environ 40 pour cent du nombre total de victimes.
Les chiffres publiés sur le site internet de l'Organisation internationale du Travail (OIT), révèlent que près de 21 millions de personnes sont victimes de travail forcé dont 11,4 millions sont des femmes et des jeunes filles et les 9,5 millions restants sont des hommes et des garçons.
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