Le retour de la patate douce – les experts agronomes arriveront-ils à en faire une culture rentable pour les agriculteurs des Seychelles ?

Actualités Nationales |Author: Sharon Meriton Jean, Hajira Amla et Séverine Martin | July 25, 2015, Saturday @ 17:51| 1771 views

Seuls 7 hectares sur environ 650 hectares agricoles sont dédiés à la production de patates douces selon les statistiques 2013 de l’Agence Agricole des Seychelles. Mais ceci pourrait rapidement changer car l’Agence incite les agriculteurs à étendre et diversifier leur production vers d’autres produits que le manioc et l’igname comme la patate douce.  (Seychelles Agricultural Agency)

(Seychelles News Agency) -  Sous la chaleur implacable du soleil tropical des Seychelles, un agriculteur vivant dans la région montagneuse de Grand Fond sur Praslin, la seconde île la plus peuplée des Seychelles, interrompt son labour et se redresse en entendant le vrombissement d’un moteur annonçant l’arrivée de visiteurs.

« Pas mal pour un petit bout de terrain. J’ai des acheteurs qui font la queue pour acquérir ce lot ! » s’amuse-t-il auprès de visiteurs de l’Agence agricole des Seychelles en désignant un lopin vert de buissons de plantes rampantes s’accrochant au sol.

Cinq sillons de quatre mètres de long divisés en leur milieu par des écriteaux blancs portant des inscriptions constituent le lopin.

Depuis début mars, les visiteurs de la section de recherche de l’Agence Agricole des Seychelles ont planté cinq variétés de patates douces sur cette parcelle de la ferme de Dugasse qui fait, en tout, plusieurs hectares.

Ce volet de l’essai sur quatre ans à Praslin fait partie du programme de l’agence pour étendre les différents types de patates douces dans les îles peuplées de l’archipel et pour encourager les agriculteurs à faire pousser plus de tubercules.

La patate douce faisait traditionnellement partie de la nourriture de base aux Seychelles mais l’augmentation de la population avec le temps pour arriver à plus de 90000 âmes a amené le secteur agricole à laisser sa place à l’importation avec un déclin considérable de la consommation de denrées cultivées localement.

Un pudding à la patate douce fait cependant toujours partie des classiques de la cuisine créole de l’archipel de l’océan Indien mais ce légume-racine doux et riche en amidon peut aussi être bouilli, grillé, cuit à la vapeur ou au four et écrasé en purée.

Une approche scientifique de l’agriculture

En compétition avec le manioc, l’igname ou le maïs, la modeste patate douce ne s’est pas imposée comme une culture rentable aux Seychelles.

En 2013, les statistiques collectées par l’Agence Agricole des Seychelles ont révélé que sur 650 hectares de terres agricoles enregistrées aux Seychelles, seuls sept hectares ont été alloués à la culture de la patate douce.

« La plupart des agriculteurs cultivent du manioc car vous obtenez plus d’une bouture. Il ne nécessite pas beaucoup de surface et peut être planté n’importe où. » déclare Dugasse qui est agriculteur depuis plus de 20 ans.

De plus, Dugasse souligne les prix bas de la patate douce qui sont moitié inférieurs au kilo à ceux du manioc.

Quoi qu’il en soit, Sandra Sinon, un agent de recherche adjoint à l’Agence Agricole des Seychelles a des raisons de voir autrement la patate douce.

« Nous avons vu les patates douces pousser facilement aux Seychelles. Elles préfèrent la terre rouge mais certaines variétés se développent également bien dans un sol sablonneux. » 

 

 

Les essais et recherches sur quatre ans ont montré de meilleurs rendements sur la terre rouge que dans les sols sablonneux et les chercheurs de l’Agence Agricole des Seychelles espèrent convaincre les agriculteurs d’utiliser une des cinq variétés qu’ils ont testées. (Seychelles Agricultural Agency) Photo license: CC-BY 

Depuis 2011, Sinon et ses collègues ont initié sur l’île de plus de 6000 habitants plusieurs essais impliquant ce légume-racine et l’exploitant à différents moments de l’année sur différents types de sols disponibles sur l’île.

Après chaque récolte, les racines charnues comestibles ont été pesées et mesurées et les données collectées ont été compilées pour comparer les rendements.

« Certaines années, en fonction de la météo, nos rendements pouvaient être excellents alors que d’autres n’ont pas eu cette chance mais cela nous a aussi aidés à prouver qu’en dépit des changements, cette production vivrière peut fournir de grandes quantités de nourriture et peut être utilisée comme alternative. » a expliqué Sinon, ajoutant qu’elle espère présenter ses découvertes aux agriculteurs plus tard dans l’année. 

La patate douce pourrait être une culture idéale pour les îles de l’océan Indien qui cherchent à améliorer leur sécurité alimentaire et réduire leurs dépendances à l’importation   (Seychelles Agricultural Agency) Photo license: CC-BY 

Pour ces essais scientifiques, seules cinq parmi toutes les variétés différentes de patates douces ont été sélectionnées, chacune de formes et couleurs diverses.

Certaines ont déjà été introduites et cultivées à grande échelle sur des terres agricoles comme à Val d’Endor, un district du sud de Mahé, l’île principale des Seychelles.

Sur le long terme, nous voulons que tous les fermiers diversifient leurs cultures et ne se concentrent pas seulement sur les fruits et les légumes mais aussi sur les tubercules. Le manioc, c’est bien mais pourquoi pas aussi les patates douces ? Plus nous offrons de variétés, mieux c’est pour les consommateurs. » a déclaré Sinon, soulignant la nécessité pour le secteur agricole de jouer un rôle plus polyvalent dans la sécurité alimentaire de l’archipel isolé et vulnérable de l’océan Indien.

 Facile à cultiver à partir de boutures et sans engrais, le retour de la patate douce sur le marché local pourrait aussi augmenter la consommation locale.

Regorgeant de bienfaits nutritionnels, ce tubercule est une bonne source de différentes vitamines et contient une haute concentration de fer et de potassium.

 

 

 


Tags: agriculture, patate douce, sécurité alimentaire

Back  

» Related Articles:

Search

Search