Une première femme à la course à la présidentielle, les partis politiques se multiplient aux Seychelles.
Actualités Nationales |Author: Rassin Vannier | May 18, 2015, Monday @ 13:34| 1636 viewsLe bâtiment State House là où se trouve la présidence des Seychelles ( Gerard Larose, Seychelles Tourism Board)
(Seychelles News Agency) - Pour la première fois, de l’histoire de la troisième république, le nombre de personnes à avoir exprimé le souhait de participer à l’élection présidentielle a plus que doublé aux Seychelles, pays de l’Océan Indien, avec une population de 90 000 habitants.
Lors des trois dernières élections, il y avait le parti au pouvoir, le parti SPPF, qui s’appelle maintenant Parti Lepep, un ou deux partis de l’opposition, avec un candidat indépendant.
Mais cette fois-ci sur les 8 partis politiques officiellement enregistrés, 7 ont déjà clairement fait part de leur intention à participer à la course présidentielle.
Les élections présidentielles sont prévues en 2016, mais il semblerait qu’elles puissent se tenir avant la fin de l’année.
Le président des Seychelles James Michel fut le premier à annoncer au mois de février qu’il se représentera pour un troisième et dernier mandat de 5 ans comme stipulé dans la constitution seychelloise.
Depuis la troisième république, le parti au pouvoir a remporté toutes les élections présidentielles, dès le premier tour, avec un score supérieur à 54%.
Les autres partis politiques ont emboîté le pas au chef de l'État en déclarant la participation de leurs partis politiques à savoir le Seychelles National Party (SNP), le Seychelles United Party (SUP), le Popular Democratic Movement (PDM) et le Independent Conservative Union of Seychelles (ICUS).
Pour l’instant, seul le Seychelles Freedom Party ne s’est pas encore prononcé.
Mais voilà que deux nouveaux partis qui viennent d’être formés le « Seychelles Party for Social Justice and Democracy » (SPSJD) et Lalyans Seselwa (l’Alliance des Seychellois) ont annoncé qu’ils présenteront aussi un candidat. Tous les deux proposent de lutter contre la corruption et de renforcer la justice sociale, avec des notions politiques plutôt de gauche.
Alexia Amesbury leadeur du SPSJD. ( Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Une femme seychelloise, candidate à la présidentielle
Le parti SPSJD qui est dirigé par l’avocate Alexia Amesbury, vient en effet de recevoir les documents nécessaires de la commission électorale.
Amesbury est la première femme seychelloise à briguer le poste de Président des Seychelles.
Cette mère de famille de 6 enfants a commencé ses études d’avocat assez tard à l’âge de 37 ans.
Ce sont les abus qu’elle a subi pendant son enfance, qui a poussé cette femme à défendre les victimes d'abus.
« Au cours de ma carrière d’avocate, j’ai rencontré trop de violation de la constitution… et d’après moi, pour qu’une démocratie fonctionne bien, il faut que cela soit fondé sur le principe de la constitution… aux Seychelles, un grand nombre de nos institutions, ne fonctionne pas » a déclaré à la SNA Alexia Amesbury leadeur du SPSJD.
Le SPSJD envisage dans les prochaines semaines d’établir sa convention pour élire les membres exécutifs du parti.
Cela faisait plus d’un an qu’Amesbury avait pris un dossier à la commission électorale, et c’est il y a seulement deux semaines, qu’elle a officiellement déposé les documents nécessaires.
« J’ai commencé ma campagne, il y a plusieurs mois en sondant les gens pour voir ce qu’ils veulent, et tous les gens avec qui j’ai discuté… m’ont dit qu’ils n’ont pas les moyens de soutenir leurs familles… avec mon gouvernement et mon parti, tous les Seychellois verront ce que nous allons proposer pour améliorer leurs conditions de vie, une fois que nous aurons communiqué notre manifeste » a dit Amesbury.
Elle a aussi précisé que son parti participera aussi bien aux élections présidentielles que législatives.
Elle a précisé que si son parti la choisissait, elle serait candidate à la prochaine élection présidentielle.
« Pour l’instant, on a les mêmes problèmes, que les autres partis, il y a de nombreux seychellois qui ont des qualités, mais certains ont peur... ils ne sont pas encore prêts à aller de l’avant pour aider à faire avancer les choses. » a-t-elle ajouté.
« Je ne peux pas dire ce qui se va passer au second tour, car tous les partis politiques partent dans cette course avec l’objectif de gagner, » a dit Amesbury qui estime qu’elle va remporter ces élections.
Patrick Pillay lors de la confèrence de presse officiallisation Lalyans Seselwa (Patrick Joubert, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Lalyans Seselwa, parti dissident
Depuis la semaine dernière, Lalyans Seselwa (L’Alliance des Seychellois), dirigée par Patrick Pillay, un ancien ministre du gouvernement de James Michel a décidé de créer son propre parti, avec l’aide d’anciens ministres.
Aussitôt après sa formation, l’Alliance a indiqué que le parti participerait aux prochaines élections présidentielles et législatives.
Pour l’instant, le parti n’a pas encore de manifeste, il devrait être publié au mois de juin quand le parti organisera sa convention pour élire les membres du parti.
Patrick Pillay, a occupé plusieurs postes de ministres dont celui de ministre des Affaires étrangères des Seychelles de 2005 à 2010 puis, Ambassadeur des Seychelles au Royaume-Uni avant de prendre sa retraite.
« Quand je regarde ce qui s’est passé dans le pays durant ces 5 dernières années, je constate qu’il y a beaucoup de choses que je ne suis pas en faveur, qui ne sont pas en ligne avec les principes du parti SPPF que j’ai intégré. J’ai rejoint le parti, en 1992, quand j’étais secrétaire général au ministère de l’éducation et j’ai travaillé pour le SPPF et pour le pays, mais maintenant je vois que les choses sont différentes. Nous avons lutté pour instaurer l’égalité et le même droit pour tous, où il y a la justice. Je ne pense pas qu’il y a maintenant tous ces grands principes que monsieur René (ancien président des Seychelles et dirigeant du SPPF) avait mis en place… il y a juste un groupe qui bénéfice de tout… qui bénéficie de tous les privilèges, ce n’est pas pour cela que j’avais lutté » a dit à la SNA Patrick Pillay président de Lalyans Seselwa.
Il a expliqué que cela fait plusieurs années que certain membres de son parti, se rencontrait pour évoquer la situation actuelle du pays et que cela a amplifié jusqu’au moment où ils ont décidé de former un parti politique jusqu’à ce qu’on lui proposé de prendre la direction du parti, Lalyans Seselwa.
« Ma mission, c’est que notre pays puisse voir plus de justice, plus d’égalité, plus de dignité pour les Seychellois parce que nous étions un peuple fier, et je félicite M. René pour nous avoir donné une identité créole dont nous sommes fiers et actuellement il y a plein de Seychellois de différents horizons qui nous ont rejoint » a-t-il dit.
« Je ne pensais pas avoir le soutien de différentes couches de la population…. Si, vous passez au bureau du parti, vous verrez le nombre de personnes qui viennent s’enregistrer… les seules qui ne viennent pas, ce sont les gens qui travaillent dans le gouvernement, car ils pensent qu’ils seront victimisés, mais ils nous font savoir qu’ils s’exprimeront leurs choix dans les urnes » a ajouté Pillay.
Philippe Boullé candidat indépendant avec son manifeste ( Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Philippe Boulle l’éternel candidat indépendant
Pour la quatrième fois, l’avocat seychellois Philippe Boullé, reprend son bâton de pèlerin pour participer à une élection présidentielle aux Seychelles.
Depuis l’introduction du multiparti, il est le seul candidat indépendant à participer à une élection présidentielle. Lors de la dernière élection en 2011, il avait obtenu un score de 871 voix. Cependant, en 1993 il fut le candidat d’une coalition appelée l’Opposition Uni et avait obtenu 1631 votes.
Philippe Boullé propose dans son manifeste de mettre en place un gouvernement d’unité nationale pour sortir le pays de la situation actuelle.
Il est le premier candidat à avoir fait sortir son manifeste, les autres candidats attendent de recevoir le support de leur parti politique avant de se lancer officiellement dans la course présidentielle.
Boullé a expliqué qu’il est déjà sur le terrain, faisant une campagne de porte à porte, depuis deux mois pour rencontrer les seychellois et leur présenter, ses idées.
« Nous sommes dans une situation où les institutions de Étatiques se dégradent…. La raison, c’est que la politique s’est infiltrée à un tel point que toutes les décisions… sont faites sur un critère politique. Il y a aussi la corruption qui s’est infiltrée… aujourd’hui la tâche est énorme. Et il faut retirer la politique » a dit à la SNA Philippe Boullé.
« Ce que nous proposons, c’est de mettre en place un gouvernement d’unité nationale qui mettrait à la tête des institutions, des gens sélectionnés uniquement sur leurs compétences et leurs expériences… un gouvernement d’unité nationale n’est pas là pour renouveler son mandat » a précisé Boullé.
Pour l’instant Boullé garde secret le nom de son colistier, il sera annoncé le jour des élections a-t-il dit.
Cet avocat de 65 ans, qui a participé à toutes les élections présidentielles sauf celle de 1998, estime que depuis qu’il a commencé dans la politique les choses ont beaucoup changé au niveau de l’électorat « avant, il y avait une sorte d’adhésion aveugle à un parti politique, on ne voit plus cette adhésion aveugle et ça c’est un changement évident… les gens veulent se libérer de ces contraintes et se libérer. Et l’option que nous proposons attire beaucoup de gens » poursuit Boullé.
Il pense que la prochaine élection sera très intéressante, nous croyons que cela changera complètement le profil politique sur le terrain, c’est une nouvelle étape… le monde veut rentrer dans une nouvelle étape, c’est pourquoi notre manifeste va dans le sens du changement et de la renaissance ».
Quand on lui demande le score qu’il escompte obtenir lors des prochaines élections, il répond, « nous pensons gagner les élections ».
Le président des Seychelles, James Michel (La présidence des Seychelles) Photo License: CC-BY |
« Les allégations de corruptions aux Seychelles sont des perceptions » dit le président Michel.
Le président des Seychelles, James Michel a estimé, lors de l’émission "Un moment avec le Président" diffusée par la télévision nationale SBC, que la création de nouveaux partis politiques dans le pays, était une bonne chose, car cela prouve que la démocratie est en bonne santé dans le pays.
« Quand j’ai prêté serment, en 2004, je m’étais engagé auprès du peuple seychellois en leur promettant… de bâtir une économie forte et solide et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour consolider la démocratie … et aujourd’hui on peut constater que nous avons réussi cette transformation … et beaucoup de monde veut devenir président. Mais à la fin, c’est le peuple seychellois qui décidera » a dit Michel.
Le chef de l'État n’a pas souhaité faire de commentaires sur les nouveaux partis politiques quand la journaliste Marceline Evenor lui a posé cette question, réservant ses points de vue pour le prochain congrès du Parti Lepep qui aura lieu au mois de juin.
Mais le chef de l’État a tenu à préciser que les allégations de corruptions évoquées par les autres partis politiques sont des perceptions.
« Actuellement, si vous voulez faire un parti politique, il vous suffit juste de dire que vous voulez lutter contre la corruption. Nous essayons tous de faire en sorte d’éliminer la corruption où elle se trouve… jusqu’à maintenant personne n’a pu fournir les preuves de corruptions pour que nous puissions poursuivre cette personnes. Mon gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour éliminer non seulement la perception, mais aussi la corruption si elle existe, et qu’on a la preuve… Mais aujourd’hui il s’agit d’une propagande politique, qui est à la mode, » a poursuivi Michel.
Au début du mois de juin, on devrait voir un peu plus claire sur la situation politique aux Seychelles.
Le Parti Lepep a prévu d’organiser sa convention et le président James Michel devrait recevoir officiellement l’appui de son parti pour les élections présidentielles.
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