Jeanette D’Offay, diplomate des Seychelles - Une vie professionnelle dédiée à l’Océan Indien
Point de vue |Author: Séverine Martin et Rassin Vannier | April 20, 2015, Monday @ 16:59| 5523 viewsJeanette D’Offay diplomate des Seychelles, 50 ans passés dans le service public pour le developpement de la COI (Times of Seychelles)
(Seychelles News Agency) - Après presque 50 ans passés dans le service public, la conseillère spéciale au ministre des Affaires étrangères des Seychelles, Jeanette D’Offay, a quitté ses fonctions, en décembre 2014 à l’âge de 67 ans.
Avec sa connaissance, sa sagesse et son savoir-faire, elle a formé plusieurs générations de jeunes diplomates seychellois. Elle aussi été témoins de l’évolution de la coopération entre les îles de l’Océan Indien, étant une des acteurs principales de ce mouvement.
C’est en 1966 que Jeanette D'Offay a commencé sa carrière en tant que fonctionnaire au ministère de l'Agriculture. Puis en 1981, elle a rejoint le ministère de la planification et du développement pour s’investir dans le cadre de la coopération régionale. En 1982, ce ministère a intégré avec le Ministère des affaires étrangères, où elle commence de gérer le service de la Coopération internationale.
Présente à la signature, en 1984, de ‘l’accord de Victoria’ qui a établi la Commission de L’Océan Indien (COI) elle a dédié une grande partie de sa carrière diplomatique à la promotion de la coopération régionale.
Au cours de la présidence des Seychelles à la COI, d’octobre 2011 à janvier 2013, D'Offay a présidé le comité des Officiers Permanents de Liaison (OPL).Elle a consacré son temps à accroître la participation de la COI sur des questions régionales, telles que la piraterie et la mise en place d'un réseau fort pour le commerce maritime régional.
Elle a également contribué à la résolution de la crise politique à Madagascar.
En mars 2013, l’Île Maurice avait décerné à Jeanette D’Offay sa troisième plus haute récompense du mérite, L'Étoile et la Clef de l’Océan Indien, pour sa contribution exceptionnelle dans le domaine de l'intégration régionale. La reconnaissance lui a été conférée lors des célébrations de la Journée nationale de l’île Maurice
Jean-Paul Adam, à cette époque, le ministre des Affaires étrangères, avait salué son parcours en déclarant que Mme D’Offay «est une femme remarquable qui a consacré sa carrière à la croissance et au développement du pays. La richesse de son expérience et son expertise ont été une ressource inestimable pour notre pays et pour la Commission de l'Océan Indien dans son ensemble. Elle sert d'inspiration à tous».
La SNA a rencontré Jeanette D’Offay pour en savoir un peu plus sur son parcours professionnel et les moments les plus importants de sa carrière.
SNA : Durant votre carrière quels sont les dossiers qui vous ont le plus tenus à cœur?
JD : Au moment où j’ai commencé la coopération, j’ai été en charge des dossiers concernant la Commission Européenne et à partir de 1983 on m’a confié tous les dossiers de coopération concernant la Commission de l’Océan Indien (COI).
Bien que j’aie aussi été en charge de dossiers relatifs aux Nations Unies, les deux dossiers principaux sur lesquels j’ai travaillé sont ceux de la coopération avec la Commission Européenne et la COI.
Ensuite, avec l’arrivée de nouvelles personnes, on a réparti le travail.
Pendant un certain temps, j’ai été responsable de la coopération internationale qui comprenait la coopération multilatérale et bilatérale.
Avant 1982, c’était le ministère de l’économie et de la planification qui s’occupait de la coopération, notamment la coopération économique entre les pays et les différentes organisations.
A partir de 1982, la coopération est ensuite tombée dans le portefeuille de missions du Ministère des Affaires Étrangères, à la fois en matière de coopération économique mais aussi les sujets de coopération diplomatique.
Jeanette d’Offay est mariée avec Jean-Claude d’Offay. Ils Habitent Anse Nord Est sur l'île de Mahe, l’île principale des Seychelles (Times Of Seychelles) Photo license: CC-BY |
SNA : On dit que durant toute votre carrière, vous avez été une personne très discrète, est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi ?
JD : (Sourire)...Je crois que c’est dans ma personnalité, c’est dans ma nature.
SNA : Est-ce que dans le cadre de la COI, vous avez pu défendre les intérêts des Seychelles à Maurice?
JD : On est cinq pays dans la Commission de l’Océan Indien, alors ce n’est pas toujours facile de défendre un intérêt national. On essaie de travailler ensemble et de voir, comment on peut aller de l’avant en tant que région.
Il est arrivé que sur certains projets, un pays n’ait pas participé parce que le pays concerné n’était pas prêt ou parce qu’il ne voyait pas l’intérêt d’y participer. Mais en principe tous les pays participent, et l'on essaye de bénéficier du projet régional pour compléter ce qui se fait au niveau national.
SNA : Est-ce que c’est facile de sensibiliser les autres départements ou ministères pour financer les projets de la COI?
JD : Au début ce n’était pas très facile, mais je crois qu’au fur et à mesure ils ont compris un peu. Mais même aujourd’hui je ne peux pas dire que c’est facile…ce n’est pas facile…Quand on leur présente des projets et qu’on leur demande de participer, on nous répond qu’ils n’ont pas assez de personnel, les gens sont occupés, on a nos propres priorités nationales.
Alors, il faut essayer de leur faire voir que c’est vrai, ils ont leurs priorités et leur faire voir les bénéfices qu’ils peuvent retirer de projets régionaux qui peuvent venir compléter ce qu’ils font au niveau national.
SNA : Pouvez-vous citer un exemple de projet régional qui s’est matérialisé?
JD : Il y a eu par exemple un projet sur la pêche. Il est vrai que quand on a commencé ce projet au niveau de la COI, les Seychelles étaient beaucoup plus avancées dans ce domaine. Mais grâce au projet régional, on a pu mettre en place un échange de savoir-faire.
En revanche, dans un autre domaine, il y a eu un projet régional sur la météo. Et là les équipes ont vu qu’à travers le projet régional elles pourraient en bénéficier au niveau national.
SNA : Concrètement, comment est-ce que cette participation des départements s’est mise en place ?
JD : Par la suite, à la COI, on a décidé de désigner «un point focal», une personne de référence dans le département concerné pour impliquer davantage les ministères, en nommant un responsable de projet.
En tant qu’OPL, j’essayais de parler, de communiquer et d’expliquer pourquoi il fallait participer aux projets régionaux. Si l'on rencontrait quelques difficultés on pouvait toujours se référer au supérieur.
Par exemple, s’il s’agissait d’un projet environnemental, on demandait au ministère de l’environnement de nommer une personne et quelquefois un suppléant pour suivre techniquement le projet. C’est « le point focal » du département où parfois son suppléant qui assistent aux comités de pilotage. Parfois les OPL sont invités à assister aux comités de pilotage, mais c’est plutôt « les points focaux », autrement dit les référents qui participent à ces comités.
Les OPL ont une vision plus globale. Dans chaque pays, il y a un OPL. Une à deux fois par an les OPL se réunissent avec les points focaux pour connaître le stade d’évolution de chaque projet. Avant les réunions du conseil des ministres, on envoyait des demandes de comptes rendus aux points focaux pour savoir où ils en sont et aussi pour leur demander ce qu’ils souhaiteraient que le ministre aborde comme sujet concernant tel ou tel projet.
SNA : Est-ce qu’après toutes ces années à la COI vous ressentez un attachement régional ?
JD : Avant de travailler dans la coopération, je ne connaissais pas Madagascar ou les Comores. Mais au fil des années, on lie des amitiés, on connaît les gens, si l'on a un problème on peut échanger et appeler une personne qu’on connaît. On expose la problématique… et cela aide beaucoup.
SNA : Qu’allez-vous faire de votre temps libre maintenant.
JD : Je vais avoir plus de temps pour ma famille et pour moi. Je vais donc me reposer un peu et lire aussi. J’ai un petit-fils, donc je l’aide un peu sur ses devoirs surtout en français.
Jeanette d’Offay est mariée avec Jean-Claude d’Offay. Ils Habitent Anse Nord Est sur l'île de Mahe, l’île principale des Seychelles, ils ont deux enfants, Joanna et Jean-Paul.
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