Aldabra, atoll des Seychelles, ouvre ses portes aux plus jeunes.

Environnement |Author: Sharon Meriton Jean, Sharon uranie et Séverine Martin | April 11, 2015, Saturday @ 21:46| 3776 views

Des jeunes seychellois amateurs de l'environnement vivent leurs toutes premières expériences sur Aldabra, l'atoll le plus éloigné de l'archipel des Seychelles. (Eco-school)

(Seychelles News Agency) - Imaginez-vous, vous réveiller et ouvrir les yeux sur les eaux calmes d'un lagon regorgeant d’une vie marine florissante, au milieu de laquelle nagent un groupe de requins à pointe noire, dans une des zones les plus reculées et inhabitées du monde.

Ce rêve est devenu réalité pour douze étudiants seychellois de différents âges et trois enseignants qui ont eu la chance de passer quatre jours sur l'atoll d'Aldabra aux Seychelles.

Situé dans la partie la plus occidentale de l'archipel de l'océan Indien, à quelques 1100 kms de l'île principale de Mahé, le plus grand atoll corallien surélevé du monde est réputé pour sa beauté primitive, sa population de tortues terrestres et ses tortues de mer, parmi d’autres spécificités  fascinantes.

C’est grâce à cette biodiversité unique qu’Aldabra a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (l'Organisation des Nations Unies pour la science, l'éducation et la culture) en novembre 1982.

Le mois dernier, ce voyage privilégié à Aldabra a été rendu possible pour un groupe de jeunes et leurs enseignants après que la Seychelles Islands Foundation (SIF), une fiducie publique qui gère l'atoll, a relancé le prix annuel pour les vainqueurs de la compétition de l’école-écologique des Seychelles.

La compétition a repris après 5 années de pause en raison du risque de piraterie qu’il y avait aux environs des îles extérieures.

Une véritable révélation

 « Dans l'avion, j’étais folle de joie de voir autant d'îles telles que D'Arros et Desroches, qui se situent entre Mahé [l'île principale] et l’île de l’Assomption [l'île la plus proche d'Aldabra avec une piste d'atterrissage]. La plupart de ces îles sont d'une beauté exceptionnelle et vue du ciel on pouvait voir que certaines étaient bien préservées, » a confié Jessica Farabeau à la SNA, âgée de 17 ans et originaire de Praslin, la deuxième île la plus peuplée des Seychelles.

Outre la vue, Jessica Farabeau a confirmé que le voyage qui a précédé les plaisirs de la découverte d'Aldabra s’est déroulé sans incident et que ses camarades étaient plus intrigués par l'atterrissage sur l’île de l’Assomption.

Une fois débarqués, les enfants de l'école ont effectué une petite séance photos et ont discuté avec les membres du SIF, le Président Directeur Général et d’autres membres du conseil de la fondation qui étaient sur leur chemin du retour à Mahé après avoir participé à l'assemblée générale annuelle de l'organisation.

Ayant été prévenus « qu’ils allaient vivre un moment inoubliable, » les élèves se sont engagés avec enthousiasme sur des bateaux pour accomplir le voyage qu’on fait une fois dans sa vie.

 « La mer était calme, mais nous avions beaucoup voyagé et attendu pendant de longues heures. Sur le bateau, on a le sentiment d’être perdu dans l'espace avec rien à l'horizon. Il était plus de 4 heures de l'après-midi quand nous avons commencé le voyage à marée haute, » a décrit Marie-Chantal Nicole une enseignante de l'école de Beau Vallon, située dans le quartier nord de Mahé.

 
Deux des plus jeunes lauréates du prix école- écologique exprimant leur joie à la vue de l'atoll d'Aldabra et de son grand lagon ((Eco-school)) Licence photo : CC-BY 

Leur première impression fut que c’était un grand atoll et fur et à mesure qu’ils se sont rapprochés, l'atoll a commencé à révéler ses secrets et les raisons pour lesquelles il est protégé par l'Organisation des Nations Unies et le monde.

Des tortues terrestres géantes, des crabes de cocotier, des oiseaux et quelques gardes principalement Seychellois les ont accueillis lors de leur arrivée sur leur lieu d’hébergement sur l’île de Picard, la seule île habitée de l'atoll.      

Beaucoup de choses à faire et à découvrir                    

Au cours des jours qui ont suivi, les enfants qui avaient une liste des choses à emmener dont plusieurs maillots de bain, ont eu un programme sur mesure bien rempli tenant compte qu’ils étaient âgés de neuf ans à dix-sept ans avec des intérêts différents.

 « Tout dépendait de la marée, nous avons eu seulement trois jours donc nous avons dû concentrer les activités autant que possible sur le nombre de jours que nous avons eues, » a déclaré à la SNA, Jeannette Larue, membre du conseil de la SIF et Conseillère technique pour l'éducation environnementale au ministère de l'Environnement, de l'énergie et des changements climatiques.

Le marquage de tortues terrestres, la surveillance des crabes de cocotier, le pesage et le mesurage des poissons sont quelques-uns des projets en cours sur Aldabra que le groupe a pu observer.

 

La prise d’un jour sur Aldabra ! Chaque poisson est mesuré et pesé sous les regards attentifs des élèves. Cela fait partie d'un programme de surveillance des différentes espèces qui fréquentent le lagon et les récifs du site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. ((Eco-school)) Licence photo: CC-BY

 En raison de la présence des visiteurs sur l'île de Picard, les rangers ont également été très occupés à préparer la nourriture, organiser les excursions, parler de leurs recherches, emmener les élèves sur le terrain et leur montrer les petits plaisirs de l'atoll d'Aldabra.

Un de ces plaisirs a été une sortie autour du lagon pour voir la colonie d'oiseaux frégate. Sur le chemin, les rencontres fréquentes avec les tortues vertes ont apporté des moments de pur bonheur aux enfants, bien que la plongée avec les requins ait été le clou de l’excursion.

Nager aveclesrequins

Ayant emmené son appareil photo, Noah Jean-Louis, 15 ans, biologiste marin en herbe, de l’école de Beau Vallon a confié à la SNA pourquoi il s’est vivement intéressé à la vie marine d'Aldabra.

 « J’ai été très impressionné par la faune, la vie marine et tout le reste. Bien sûr, j’ai aimé les requinsdevant les chambres d'hôtes, les tortues et les crabes de cocotier. Je n’avais pas peur des requins car ils étaient plus intrigués par nous et qu’ils ne nous voyaient pas comme une menace pour eux, donc cela a pris un peu de temps pour s'habituer à eux, » a déclaré Jean-Louis qui a également publié des photos superbes sur sa page Facebook pour donner envie à ses amis.

 
Plusieurs grands mais amicaux requins à pointe noire se rapprochant pour venir inspecter les enfants les plus curieux qui ont passé des heures en leur compagnie. ((Eco-school)) Licence photo : CC-BY 

« Tout le monde a apprécié le lagon et nous avons pris le plus de photos possibles, » a déclaré Jessica Farabeau, ajoutant qu'ils ont fait beaucoup d'autres découvertes sur Picard.

 « Sous les grands coraux, il y a des bassins et à marée basse, nous avons vu beaucoup de méduses retournées. Je n’avais jamais vu ça avant ! Elles étaient toutes collées ensemble comme des champignons ! »

Tout au long de ce court séjour, les étudiants ont noté leurs émotions dans un journal qui sera partagé avec d'autres écoles et gardé comme souvenirs de leur voyage mémorable. Leurs dernières entrées font sûrement référence à leur jour sur l’île de l'Assomption, lorsqu’ils ont vécu une rencontre amicale avec un groupe de dauphins et ont profité de plusieurs heures de snorkelling dans ce qu'ils décrivent comme « la mer la plus propre. »

Leur séjour sur l’île de l’Assomption a également été l’opportunité de voir l'équipe de d’exploration scientifique de National Geographic en plein tournage.

 « Tous mes amis étaient vraiment jaloux des photos que j’ai publié et je suis sûr qu'ils auraient voulu voir toutes les choses que j’ai fait durant le court laps de temps où j’étais là-bas, » a déclaré Noah Jean-Louis à la SNA, ajoutant qu'il envisage une carrière dans les domaines de travaux de conservation ou de l'éducation durable.

 « Tout ce que j’ai vu [sur Aldabra] sont des souvenirs qui sont gravés en moi pour toujours ! »

Aldabra possède la plus grande population de tortues géantes terrestres au monde, qui est estimée à 150 000 individus. Quant à la vie marine dans le lagon, elle regorge d'une variété ahurissante de tortues, poissons pélagiques, raies et requins.

 

Des aventuriers studieux reportant leurs découvertes quotidiennes et leur voyage mémorable à Aldabra dans leurs journaux. ((Eco-school)) Licence photo : CC-BY 

 

Préparer une génération soucieuse de l'environnement

Originaire de différentes écoles de Mahé ainsi que de Praslin, les aventuriers d’Aldabra sont tous les lauréats du concours national école-écologique qui est coordonné par le ministère seychellois de l'Education.

Les écoles sont récompensées chaque année pour leurs projets écologiques, les initiatives et les activités qui sont également inclus dans le programme. Le voyage à Aldabraest considéré comme le prix le plus prestigieux.

 « Ces étudiants sont ceux qui sont vraiment intéressés par l'environnement. Ils ont à cœur la conservation et on peut le voir tout au long de leurs années scolaires, du primaire au secondaire, » a déclaré l'enseignante, Marie-Chantale Nicole, soulignant que certaines écoles aux Seychelles ont au moins 13 pour cent de leur population étudiante impliquée dans l’école-écologique.

 « J’ai appris beaucoup de choses sur les tortues de mer et sur la dure réalité de la survie de leurs nouveau-nés et de leurs œufs. Plus important encore, après ce voyage, j’ai ressenti le besoin d'enseigner aux membres du club les effets néfastes de la pollution. Constater qu’une île aussi lointaine ait une telle quantité de déchets sur ses rivages fut choquant ! », a fait remarquer Mme Nicole ajoutant que les débris qu’ils avaient collectés ont été recyclés en souvenirs.

 « Tout être vivant est un survivant et les enfants avaient besoin de le voir. Je suis certaine qu'ils se souviendront de cette expérience. »

 

 

Visite de l'île de Picard, la seule île habitée d'Aldabra, accompagnés par des gardes et quelques amis géants ! ((Eco-school)) Licence photo : CC-BY 

 

Selonla SIF, un tel voyage à Aldabracoûte plus de 500 000 mille roupies (près de 38 000 $,) c’est pourquoi, seule une poignée d'étudiants ont la chance d’y participer lors de cette visite annuelle.

 « J’aurais aimé que plus d’enfants et d’enseignants puissent visiter Aldabramais c’est trop onéreux, » a déclaré Mme Larue, soulignant que les dépenses afférentes à ce voyage sont couvertes grâce aux  recettes perçues par les deux sites aux Seychelles, inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO ; Aldabra et la Vallée de Mai, ce dernier se situe sur l’île de Praslin.

Le premier voyage à Aldabra pour les gagnants de l’école-écologique a eu lieu en 2009 et suite à la reprise le mois dernier après cinq années d’arrêt, la SIF a affirmé « vouloir continuer à promouvoir un meilleur environnement et la conservation grâce à ces visites,» étant donné que cela a encouragé plus de jeunes à travailler sur les îles extérieures des Seychelles.


Tags: Aldabra, SIF, tortues, UNESCO, requins

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