Les chagossiens des Seychelles se demandent, quel sera leur avenir après la décision du tribunal d’Arbitrage.

Actualités Nationales |Author: Hajira Amla et Sandra Barbier | March 27, 2015, Friday @ 14:18| 5767 views

Le tribunal d’Arbitrage Le tribunal avait demandé au gouvernement britannique ainsi qu’au gouvernement mauricien de revenir à la table des négociations pour revoir les termes de l’AMP (CPA) (Yeu Ninje/Wikipedia)

(Seychelles News Agency) - La présidente du Comité des Chagossiens aux Seychelles, Gilberte Gendron, a dit que la récente décision du tribunal arbitrale des Nations Unies sur le conflit pour la souveraineté dans les îles de Chagos entre le Royaume-Uni et l’Île Maurice, ont laissé les Chagossiens et leurs descendants incertains de leur position.

En décembre 2010, l’Île Maurice a entamé une procédure judiciaire contre le Royaume-Uni, en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), pour réclamer la souveraineté de l’Île Maurice dans l’archipel des Chagos et aussi de contester la légalité de l’Aire Marine protégé (MPA) autour de l’archipel, qui a été décrété par le gouvernement britannique en avril 2010.

L’Île Maurice et le Royaume-Uni sont impliqués dans une dispute de longue date qui avait commencé par l’insistance de l’Île Maurice que le gouvernement britannique devrait honorer son engagement initial pour éventuellement retourner les îles de Chagos à l’Île Maurice après que l’archipel a été séparé de l’Île Maurice avant avoir eu son indépendance de la domination coloniale, en 1968.

Le Conseil Permanent d’Arbitrage (CPA) avait donné son jugement définitif à la Haye le 20 mars, la semaine dernière.

Le jugement du tribunal, qui était irrévocable et sans appel relie les deux parties en question et avait jugé que la création de l’AMP n’était pas conforme au droit international.

Le tribunal avait demandé au gouvernement britannique ainsi qu’au gouvernement mauricien de revenir à la table des négociations pour revoir les termes de l’AMP. Ce sont ces mêmes termes qui avaient imposé une interdiction totale sur la pêche et les autres activités d’exploitation dans le territoire britannique de l’Océan Indien (BIOT).

La décision impose également des restrictions sur la capacité des Etats Unis à élargir leur base militaire existant sur Diego Garcia sans avoir l’accord du gouvernement mauricien. 

Diego Garcia vue du ciel (Earth Science and Remote Sensing Unit, NASA Johnson Space Centre) Photo license: CC-BY 

Les intentions du gouvernement Mauricien «incertain»

Gendron, qui est parenté à une des Chagossiens qui a été exilée aux Seychelles, affirme ne pas être sûr des motivations de ce conflit juridique et des conséquences que cette dispute pourrait avoir sur ses camaradesillois à travers le monde.

« Je pense que c’est parce que ce n’était pas un cas des Chagossiens mais plutôt l’Île Maurice qui revendique la souveraineté sur les Chagos, et je pense que, légalement ils ont le droit de rester sur leur position parce que les îles Chagos et l’Île Maurice étaient une seule colonie avant son indépendance, » a déclaré Gendron.

« Mais en ce qui concerne les Chagossiens, il n'est vraiment pas clair maintenant pour nous, parce que tout dépend de ce qui va se passer si jamais les Britanniques retournent les îles Chagos à l’Île Maurice. Qu’est-ce qui va arriver à la citoyenneté britannique que tous les Chagossiens ont eue ? Nous ne sommes pas sûrs du côté de l’Île Maurice, comment ils se sentent où quel est leur point de vue sur les Chagossiens », a ajouté Gendron.

Elle a en outre soulevé des inquiétudes sur ce que l’Île Maurice aurait l’intention de faire avec l’archipel Chagos, si jamais ces îles seront à nouveau à eux, plus particulièrement parce qu’ils étaient contre la création de la réserve marine.

« Maurice étant un pays, comme nous le savons tous, ne fait pas beaucoup en matière de zones marines protégées…même sur le sol, ils ont très peu de forêts vierges. Ils ont beaucoup d’espèces qui ont complètement disparu. Donc, je ne suis pas tout à fait sûr de leur position dans les zones de protection marine dans les îles Chagos, mais la façon que les choses se présentent, nous avons l’impression qu’ils veulent plutôt exploiter les ressources des Chagos, » a-t-elle ajouté.

Quelque 2,000 Chagossiens, autrement connu comme illois, ont été évacués de force par le gouvernement britannique entre 1968 et 1972. La majorité d’entre eux s’est retrouvée sans ressources à l’Île Maurice et environ 250 se sont installés aux Seychelles.

Depuis 1978, les Chagossiens ont déposé plusieurs plaintes contre le gouvernement britannique leur demandant le droit de revenir dans leur île natale et pour recevoir une sorte de compensation ; y comprisla possibilité de vivre au Royaume-Uni et d’effectuer des visites organisées à Diego Garcia. Une première visite a déjà été réalisée en 2010. 

Un nombre important de la population de Chagossiens en exil a décidé d’aller vivre en Grande-Bretagne après avoir reçu enfin la possibilité en 2001 de faire une demande de citoyenneté britannique. Une démarche qui a été poursuivie par environ 1000 personnes.

Les Chagossiens qui ont été envoyés aux Seychelles n'ont reçu qu'une indemnité de départ équivalant à la durée restante de leurs contrats.  Ceux qui étaient envoyés à l'Île Maurice ont reçu un petit règlement financier du gouvernement britannique.

Selon une étude qui a été présentée par KPMG en janvier, rien n’empêche le gouvernement britannique d’autoriser les Chagossiens de retourner à Chagos.

Le voyage de la fin avril a été reporté pour le début du mois de mai. Le courrier vient juste d’être envoyé la semaine dernière, et maintenant ils essaient de rassembler tout le monde et de faire en sorte que tous soient bien installés. Il y aura cinq Chagossiens des Seychelles et une aide, et pareil pour le Royaume-Uni et l'Île Maurice.

Réaction du Premier ministre mauricien

Le Premier ministre mauricien, Anerood Jugnauth a décrit le verdict de l'APC comme une décision historique pour l'Île Maurice.

« Cette victoire est pour toute l’Île Maurice, y compris nos compatriotes qui sont d'origine chagossienne », a déclaré la semaine dernière Jugnauth en répondant à une question de l’Assemblée nationale Nationale mauricienne.

Jugnauth a proposé la mise en place d'un comité mauricien, qui inclura le parti de l'opposition officielle qui va examiner la meilleure façon pour aller de l’avant.

Résumé Chagos - Royaume-Uni

Les Chagossiens au Royaume-Uni, à l’Île Maurice et aux Seychelles, n’ont pas été correctement consultés sur la création de l'aire marine protégée. Comme nous avons exprimé à l'époque, l'échec de travailler avec toutes les intervenantes inclut les Chagossiens, signifiait qu’il y avait un manque de légitimité morale et juridique dans la décision définitive.

Les documents diplomatiques publiés plus tard par Wikileaks ont dévoilé que la création de l'aire marine protégée était, au moins en partie, une tentative pour empêcher les Chagossiens de retourner dans leur patrie.

Les écologistes, y compris Greenpeace, qui avaient initialement soutenu la mesure ont condamné la manière dont la zone marine protégée des îles de Chagos a été créée lorsque tous les faits ont été éclairés.

 


Tags: tribunal d’Arbitrage, Diego Garcia, Maurice, territoire britannique de l’Océan Indien, BIOt

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