Les écologistes aident les dernières chauves-souris d’une espèce endémique des Seychelles à se battre pour survivre

Environnement |Author: Sharon Meriton Jean, Sharon Uranie, et Severine Martin | February 20, 2015, Friday @ 13:01| 5628 views

Seraient-ce les dernières photos de la chauve-souris Coleura seychellensis des Seychelles ? Pas si les habitants de l'île de Silhouette abritent ces 30 mammifères les plus rares sur Terre, a déclaré la société de conservation des Seychelles, ICS.

Photo (ICS)

(Seychelles News Agency) - Sur Silhouette, la troisième plus grande île des Seychelles, quelque part dans une zone de basses terres non loin de la côte, au milieu des fougères et des plantes endémiques, un groupe de chauves-souris s’accrochent dans une grotte creusée dans le granit, à l’abri de la chaleur torride du soleil équatorial.

Cela peut sembler être un habitat typique pour ces chauves-souris, sur cette île de l'archipel de l’océan Indien, réputé pour ses efforts pour préserver la flore et la faune. Toutefois, il y a quelque chose d'incroyablement spécial au sujet de cette grotte mystérieuse - elle fournit le seul habitat à l'un des plus rares mammifères de la planète, la chauve-souris à queue en fourreau des Seychelles.

On peut distinguer ces petites chauves-souris des autres espèces grâce à la queue en fourreau que l’on trouve entre leurs pattes arrière. Elles sont répertoriées comme espèce en danger critique sur la liste rouge des espèces menacées établie par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)

On estime que moins d'une centaine de ces chauves-souris appelées communément par les locaux, dans la langue Créole « sousouri bannann », existent dans le monde.  Endémiques aux Seychelles, on les trouve uniquement sur l’île Silhouette et dans les parties Sud de l'île principale de Mahé à Cap Ternay et à Anse Major.

Un trésorde l'île deSilhouette

Il n’est donc pas surprenant que l'habitat de la chauve-souris à queue en fourreau des Seychelles sur Silhouette, qui détient la plus grande population de 30 individus, reste dissimulé et seulement accessible à un groupe choisi de personnes, qui comprend trois gardes travaillant pour la Société de Conservation de l’île, ICS.

L'équipe, dirigée par Angela Street, qui est originaire de la Nouvelle-Écosse au Canada, a rendu régulièrement visite à ses « petits protégés » depuis 2013, dans le but d'apprendre davantage sur ces espèces et trouver des moyens d’éloigner cette petite population de l’abime de l'extinction. La petite colonie est surveillée nuit et jour à l'aide d'une caméra de surveillance spéciale achetée grâce aux donations de diverses organisations.

 « L’île de Silhouette accueille ce qui est considéré comme le refuge de chauves-sourisà queue en fourreau des Seychelles le mieux géré ou le moins perturbé dans le pays et, par conséquent, dans le monde. 30 individus ont été répertoriés lors du dernier recensement. Ce qui en fait également le plus grand refuge au monde. » a déclaré Angela Street à la SNA lors d’une interview par e-mail.

Ajoutant que cette espèce endémique « n'a pas été suffisamment étudiée intensivement pour faire une comparaison précise entre les quelque 50 espèces de chauves-souris à queue en fourreau  dans le monde. »     

Ces 30 dernières années depuis la découverte de la présence de cette espèce dans l’archipel de 115 îles de l'océan Indien, la population des différents sites de reproduction a constamment  diminué et sur certaines îles comme Praslin et la Digue, la deuxième et la troisième île les plus peuplées des Seychelles, elle est devenue insignifiante ou a même complètement disparu.                                                                                                            

Bien que servant de havre à cette petite colonie, Silhouette qui est gérée par une société parapublique, la Société de développement des îles aux Seychelles (IDC), présente toujours certains dangers imprévus pour les chauves-souris, en particulier liés à l’activité humaine.

L'île a récemment connu une augmentation de sa population en raison de la présence d'un hôtel de luxe.

 « Elles subissent également d'autres menaces de prédateurs, dont la plupart, y compris les rats, peuvent leur transmettre des maladies. »

Gilbert Esparon, le gestionnaire de l'île, a confirmé à la SNA qu’on a observé plus fréquemment ces espèces endémiques ces derniers jours.

 « Je ne suis pas là depuis longtemps, mais ceux qui ont vécu sur l'île beaucoup plus longtemps disent souvent que les chauves-souris vivent sur le toit de leurs maisons, même dans la vieille cheminée du séchoir à coprah. Autrefois, on trouvait les chauves-souris dans au moins trois autres endroits sur Silhouette. » a déclaré G. Esparon.

Comparée à la beaucoup plus grande chauve-souris qu’est la roussette des Seychelles (Pteropus seychellensis), la chauve-souris à queue en fourreau des Seychelles a été incapable de peupler les îles granitiques de l'archipel.

S’appuyant sur des documents d'archives de précédents programmes de surveillance effectués par des résidents locaux et la compagnie de protection de la nature seychelloise, une ONG qui a réalisé un important travail pour préserver les espèces et les environnements des îles seychelloises grâce à la conservation pratique, la recherche et la publication, Street confirme que le taux de mortalité chez cette population déjà menacée a dépassé le taux de natalité.

 « Au cours des 30 dernières années, une baisse lente mais constante a été observée sur Silhouette,  passant d'un pic de 40 individus à un minimum de 23 à 25, la population du site se situe maintenant autour de 30.»

Même morte, la Coleura seychellensis est utilisée à des fins scientifiques pour aider à trouver des moyens de mieux préserver son espèce. Les écologistes disent que le taux de mortalité parmi les Coleura seychellensis est plus élevé que le taux de natalité. (ICS) Licence photo: CC-BY

La goutte de trop

ICS a déjà mis en place plusieurs mesures pour tenter de sauver les 30 chauves-souris vivant précairement sur Silhouette.

Il s’agit notamment d’une campagne de sensibilisation pour éviter la sur-utilisation de pesticides couramment utilisés pour contrôler les moustiques et qui pourrait réduire la population de papillons, de coléoptères et d’autres insectes dont les chauves-souris se nourrissent.

 « Nous sommes également en train de construire un jardin de plantes indigènes de Silhouette, qui a débuté il y a plusieurs années. Le « jardin » est situé au milieu de la forêt et est un hybride de l'écosystème forestier et du jardin botanique. Il dispose de plus de 30 espèces d'arbres indigènes, d'arbustes et d’autres plantes ... » a affirmé Street, qui ajoute qu'ils prévoient que des insectes indigènes se dirigent vers ce nouvel habitat et fourniraient à leur tour plus de nourriture pour les chauves-souris et stimuleraient leur chance de survie.

Mais ces mesures seront-elles suffisantes pour sauver les chauves-souris à queue en fourreau des Seychelles?

On ne peut rien affirmer, cependant A. Street affirme qu'ils ont redoublé d’efforts pour assurer la survie de la petite population des mammifères les plus rares sur Terre.

 


Tags: ICS, la roussette des Seychelles, espèce en danger critique

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