Le Somaliland, en quête de reconnaissance, élit son président
Monde |Author: AFP | November 13, 2024, Wednesday @ 12:15| 865 viewsUn électeur tient un bulletin de vote avant de voter dans un bureau de vote lors de l'élection présidentielle du Somaliland à Hargeisa le 13 novembre 2024. Le Somaliland, région sécessionniste de la Somalie, organise une élection présidentielle le 13 novembre 2024, dans un contexte de tensions diplomatiques dans la Corne de l'Afrique. (Photo par LUIS TATO / AFP)
(AFP) - Le Somaliland, république autoproclamée qui a fait sécession de la Somalie depuis 1991, élit mercredi son président à un moment capital de son histoire, où sa quête de reconnaissance internationale secoue la Corne de l'Afrique.
Les 1,22 millions d'électeurs doivent choisir entre le chef de l'Etat sortant Muse Bihi, le président du principal parti d'opposition (Waddani) Abdirahman Mohamed Abdullahi dit "Irro" et le leader du Parti de la justice sociale (UCID) Faysal Ali Warabe.
Nombre d'entre eux sont venus avant l'aube dans la capitale Hargeisa, comme Hamza Moussa Ali est arrivé dès 01H00 du matin pour ce "jour très important". "Nous devons montrer au monde la coexistence pacifique au Somaliland. Nous devons montrer que la manière dont nous votons est un processus démocratique. Nous devons montrer au monde que le Somaliland (...) peut être reconnu en toute sécurité", explique ce travailleur humanitaire de 32 ans.
Ancienne Somalie britannique, ce territoire de la taille de l'Uruguay (175.000 km2) à la pointe nord-ouest de la Somalie a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, alors que la République de Somalie, qu'elle avait rejointe en 1960, sombrait dans le chaos après la chute du régime militaire de l'autocrate Siad Barre.
Le Somaliland fonctionne depuis en autonomie, avec ses propres monnaie, armée et police, et se distingue par sa relative stabilité comparé à la Somalie, minée par l'insurrection islamiste des shebab et une instabilité politique chronique.
Mais il n'est reconnu par aucun pays, ce qui le maintient dans un certain isolement et dans la pauvreté malgré sa situation à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, sur l'une des routes commerciales les plus fréquentées au monde reliant l'océan Indien au canal de Suez.
- Ancien diplomate contre ancien militaire -
Sa quête de reconnaissance est depuis dix mois au cœur d'une profonde crise diplomatique entre la Somalie et l'Ethiopie, avec qui le gouvernement somalilandais a signé un protocole d'accord controversé.
Le texte n'a jamais été rendu public mais, selon les autorités d'Hargeisa, il prévoit la location de 20 kilomètres de côtes à son voisin, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique et plus grand Etat enclavé au monde, en échange d'une reconnaissance formelle.
Dénonçant une "violation" de sa souveraineté, Mogadiscio s'est depuis rapproché militairement de l'Egypte, grand rival de l'Ethiopie, dans une escalade verbale et militaire qui inquiète la communauté internationale.
Le texte ne s'est pour l'instant pas concrétisé mais le président somalilandais Muse Bihi, qui brigue un deuxième mandat à 76 ans, assure que la reconnaissance attendue depuis 33 ans est imminente.
Ses adversaires, dont son principal rival "Irro", ne critiquent pas ce protocole d'accord et préfèrent l'attaquer sur son bilan intérieur.
Outre les difficultés économiques (inflation, chômage, pauvreté...), ils lui reprochent d'avoir attisé des divisions claniques qui ont abouti à la perte d'une partie de la région de Sool, dans le sud-est du territoire.
Après des mois de violents combats contre une milice pro-Mogadiscio qui ont fait au moins 210 morts et près de 200.000 déplacés, les forces somalilandaises se sont retirées en août 2023 de la moitié de cette région.
"La grande chose qu'on avait, c'était la paix et la stabilité et maintenant on a des problèmes et du conflit dans l'Est", explique Abdirahman Muhumed, trentenaire revenu des Etats-Unis dans sa famille pour voter "Irro".
Cet ancien diplomate (ambassadeur en URSS et Finlande) et président de la Chambre des représentants (2005-2017) âgé de 68 ans s'affiche en figure unificatrice face à la personnalité à poigne de Muse Bihi, ancien militaire.
Initialement prévue en 2022, l'élection avait été reportée pour des "raisons techniques et financières". L'opposition avait dénoncé une prolongation du mandat de président. Des manifestations avaient été violemment réprimées, faisant cinq morts.
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