Croissance au plus bas attendue en Chine pour le 3e trimestre

Monde |Author: AFP | October 16, 2024, Wednesday @ 13:50| 1076 views

Des employés travaillent dans une usine textile qui produit des articles en soie à Fuyang, dans la province d'Anhui, dans l'est de la Chine, le 16 octobre 2024. (Photo AFP)

(AFP) - La Chine devrait annoncer vendredi sa croissance trimestrielle la plus faible de l'année, au moment où la deuxième économie mondiale fait face à une crise de l'immobilier persistante et à une consommation toujours atone.

Un groupe d'experts interrogés par l'AFP table en moyenne sur une hausse de 4,5% sur un an du produit intérieur brut (PIB) chinois sur la période juillet-septembre.

Ce serait moins bien que les 4,7% du deuxième trimestre et les 5,3% du premier.

Ces dernières semaines, le gouvernement a tenté d'insuffler une nouvelle dynamique à l'économie, entre autres pour atteindre l'objectif de croissance pour 2024 ("environ 5%") - jugé ambitieux par les analystes dans la conjoncture actuelle.

Après une envolée en Bourse alimentée par l'espoir d'un grand plan de relance, l'optimisme est quelque peu retombé devant des promesses et des politiques jugées pas assez fortes par les marchés.

"L'économie chinoise a reçu un coup de fouet en septembre", résume Harry Murphy Cruise, économiste chez Moody's Analytics.

Mais les politiques annoncées ont "jusqu'à présent déçu", souligne-t-il.

Les autorités ont dévoilé en septembre une série de mesures, dont des baisses de taux d'intérêt, notamment pour les prêts immobiliers existants, ou encore des assouplissements de restrictions sur l'achat de logements.

Mais ces aides "ne suffiront pas" à remédier aux difficultés du secteur immobilier, selon M. Murphy Cruise.

Le groupe d'experts interrogés par l'AFP table sur une croissance annuelle de 4,9% pour 2024, un résultat qui serait toujours dans la fourchette établie par le gouvernement mais serait l'une des plus faibles de ces dernières années.

 

- "Lassitude des promesses" -

 

Pour nombre d'analystes économiques, les autorités doivent ainsi aller plus loin pour revitaliser l'économie.

Samedi, le ministre chinois des Finances Lan Fo'an a annoncé un vaste programme, notamment via des obligations spéciales, visant à soutenir les banques, le marché de l'immobilier et à alléger la dette des gouvernements locaux.

Mais le lendemain, le gouvernement a publié des chiffres officiels qui montraient un ralentissement de l'inflation en septembre, signe d'une consommation des ménages encore en berne.

Des mesures fortes vont-elles être annoncées?

Il y a en tout cas chez les observateurs économiques, il y a une "lassitude des promesses", estime François Chimits, économiste à l'institut Mercator d'études sur la Chine.

"Ce qui manque, c'est une action par exemple de soutien économique, des mesures de financements publics", note-t-il.

Pour nombre d'analystes, des réformes en profondeur sont nécessaires, notamment pour s'attaquer aux inégalités de revenus et de protection sociale, faute de quoi l'incertitude économique continuera de peser sur la consommation des ménages.

D'autres sujets inquiètent également les Chinois: la sécurité de l'emploi, la stabilité de leur revenus ou encore le recul des prix de l'immobilier, qui déprécie la valeur d'un bien, souligne Benson Wu, économiste spécialiste de la Chine chez Bank of America Global Research.

L'absence de mesures d'incitation à la consommation est un "problème majeur" qui entrave la reprise économique en Chine, estime-t-il.

 

- Soutien à l'immobilier  -

 

Le taux de chômage des 16-24 ans (lycéens et étudiants non compris) a atteint 18,8% en août, son plus haut niveau en 2024.

"La confiance des consommateurs a chuté, les investisseurs sont devenus prudents et les politiques sont appliquées de manière moins efficace", estime Benson Wu.

Stimuler la demande de logements semble désormais une priorité pour assurer une reprise durable.

Un certain nombre de grandes villes comme Pékin, Shanghai (est), Chengdu (sud-ouest) ou encore Tianjin (nord) ont ainsi assoupli leurs restrictions en matière d'achat de biens immobiliers.

"L'économie est encore sous les décombres de l'effondrement du secteur immobilier", indique à l'AFP Gene Ma, de l'Institut de la finance internationale (IIF).

Même si la phase la plus intense de la crise du logement est "probablement terminée", les politiques gouvernementales ont été trop axées sur l'offre et pas assez sur la demande, estime-t-il.

Va-t-on vers un changement majeur de politique cette année? Les analystes restent sceptiques.

"Les autorités ont promis de stopper la chute du marché immobilier" qui a été "un frein majeur à la confiance (des consommateurs) depuis près de quatre ans", indique M. Murphy Cruise, de Moody's Analytics.

"Nous y croirons quand nous le verrons."

mya/ehl/abx

© Agence France-Presse


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