Charlie Hebdo: un complice présumé se rend, un jihadiste et son frère toujours recherchés par la police française

Monde |Author: Acil TABBARA | January 8, 2015, Thursday @ 07:28| 2677 views

Les forces de l'ordre françaises recherchaient activement jeudi deux frères dont un jihadiste (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

(Seychelles News Agency) - Les forces de l'ordre françaises recherchaient activement jeudi deux frères dont un jihadiste, suspectés dans l'attaque meurtrière la veille contre le journal Charlie Hebdo, après la reddition dans la nuit d'un complice présumé.

La police française a publié les photos de ces deux frères, Chérif et Said Kouachi, 32 et 34 ans, et lancé un appel à témoins. Ces personnes sont "susceptibles d'être armées et dangereuses", a prévenu la préfecture de police de Paris, précisant qu'ils "font l'objet de mandats de recherche".

Les deux individus sont soupçonnés d'avoir tué 12 personnes au siège de l'hebdomadaire à Paris avant de prendre la fuite. L'attaque a provoqué une vague d'indignation en France et poussé plus de 100.000 personnes à manifester spontanément pour dénoncer le terrorisme.

Leur complice présumé, Hamyd Mourad, 18 ans, s'est rendu à la police à Charleville-Mézières, dans le nord-est de la France, "après avoir vu que son nom circulait sur les réseaux sociaux", a expliqué à l'AFP une source proche du dossier.

Chérif Kouachi est un jihadiste connu des services antiterroristes. Il a été condamné en 2008 pour avoir participé à une filière d'envoi de combattants en Irak où ils rejoignaient les rangs de la branche irakienne d'Al-Qaïda, dirigée à l'époque par Abou Moussab al-Zarkaoui. Selon une source proche du dossier, plusieurs gardes à vue sont intervenues dans la nuit dans l'entourage des deux frères.

L'attentat, qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo, un journal satirique honni par les islamistes, est le plus meurtrier en France depuis des décennies. Il avait rapidement fait penser à une vengeance des islamistes contre un journal déjà menacé pour avoir publié en 2006 des caricatures du prophète Mahomet.

Charlie Hebdo a perdu cinq de ses dessinateurs vedettes, dont les caricaturistes Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, très connus en France. Le dessinateur Philippe Honoré, une des victimes, est l'auteur du dernier dessin twitté par l'hebdomadaire, quelques instants avant l'attaque. On y voit le chef de l'organisation Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi, présenter ses voeux: "Et surtout la santé!".

A la suite d'une décision du président français, le socialiste François Hollande, la France devait observer ce jeudi une "journée de deuil national". Lors d'une allocution solennelle mercredi soir, le chef de l'Etat a appelé d'un ton ferme au "rassemblement" du pays, après avoir dénoncé un carnage d'une "exceptionnelle barbarie".

Un moment de recueillement national devrait être observé jeudi à 11h00 GMT, accompagné du glas à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

"Notre meilleure arme, c’est notre unité. Rien ne peut nous diviser, rien ne doit nous séparer (...) La liberté sera toujours plus forte que la barbarie", a déclaré François Hollande.

 

- Vague d'indignation dans le monde -

 

L'attaque a soulevé une vague d'indignation à travers le monde.

En France, plus de 100.000 personnes se sont rassemblées spontanément dans la capitale et dans une quinzaine d'autres villes, sous le slogan "Je suis Charlie". Certains manifestants brandissaient des cartes de presse, d'autres des stylos. A l'étranger, des manifestations ont eu lieu en Allemagne, Espagne et Grande-Bretagne notamment. 

Au total, 11 hommes et une femme ont été tués, a précisé M. Hollande.

Deux policiers figurent parmi les victimes. Au moins l'un d'eux a été abattu à bout portant.

L'attaque a également fait 11 blessés, dont quatre sont dans un état grave, selon le procureur de Paris chargé de l'enquête, François Molins.

Les agresseurs, a raconté un rescapé cité par la police, ont fait irruption mercredi en fin de matinée au siège de Charlie Hebdo, tirant à bout portant sur les journalistes réunis en conférence de rédaction.

"Nous avons vengé le Prophète!" et "Allah Akbar!", ont-ils crié.

Une vidéo filmée après l'attaque, près des locaux de l'hebdomadaire, montre deux hommes armés de fusils automatiques sortant d'un véhicule, abattant un policier puis prenant la fuite.

"Ils étaient cagoulés, avec des armes Kalachnikov ou M16 (...) On se croyait sur le tournage d'un film", a raconté un voisin.

Le plan antiterroriste Vigipirate a été relevé au niveau "alerte attentats", le plus élevé possible, pour l'ensemble de la région parisienne. 

 

- Mares de sang -

 

Les responsables des différents cultes religieux en France ont unanimement condamné l'attaque, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, affirmant qu'il s'agissait d'un "coup porté à l'ensemble des musulmans".

Les organes de presse, les grands magasins, très fréquentés depuis l'ouverture mercredi des soldes d'hiver, les lieux de culte, les écoles et les transports ont été placés sous "protection renforcée".

La sécurité a aussi été renforcée autour des ambassades et des établissements français à l'étranger.

Un témoin travaillant dans des locaux face au siège de Charlie a décrit "des corps à terre, des mares de sang, des blessés très graves". 

La condamnation a été unanime dans le monde et plusieurs chefs d'Etat ou de gouvernement - parmi lesquels l'Américain Barack Obama, l'Allemande Angela Merkel ou le Britannique David Cameron - ont appelé François Hollande pour lui témoigner de leur solidarité.

Le pape François a condamné avec la "plus grande fermeté" l'"horrible attentat", alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "consterné". 

La Ligue arabe et nombre de ses pays membres ainsi que l'Iran ont également condamné l'attentat, tout comme Al-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite.  

En France, l'union était quasi sacrée dans la classe politique. L'ex-président de droite Nicolas Sarkozy (2007-2012), patron du parti UMP, devait être reçu jeudi par François Hollande, qui verra le lendemain la dirigeante du Front national (extrême droite) Marine Le Pen ainsi que d'autres chefs de partis politiques.

bur-at/prh/plh


Back  

Search

Search