A Jakarta, le pape appelle à "contrecarrer l'extrémisme et l'intolérance"
Monde |Author: AFP | September 4, 2024, Wednesday @ 15:05| 2638 viewsLe pape François s'exprime à la cathédrale de Jakarta, le 4 septembre 2024. (Photo Yasuyoshi CHIBA / POOL / AFP)
(AFP) - Le pape François, 87 ans, a appelé mercredi à Jakarta à "renforcer le dialogue interreligieux" pour "contrecarrer l'extrémisme et l'intolérance", en ouverture de sa tournée marathon en Asie-Pacifique.
Le dialogue interreligieux constitue l'un des thèmes principaux de cette visite de trois jours en Indonésie, avec une rencontre jeudi entre les représentants des six confessions officiellement reconnues dans le pays.
Un tel dialogue est "indispensable pour affronter les défis communs, dont celui de contrecarrer l’extrémisme et l’intolérance, lesquels – en déformant la religion – tentent de s’imposer en se servant de la supercherie et de la violence", a souligné François lors d'un discours au palais présidentiel.
Apparu en bonne forme et souriant, le pape argentin a été accueilli par le président indonésien sortant Joko Widodo, avec qui il s'est entretenu en privé.
L’Indonésie a été aux prises avec l’extrémisme islamiste au cours des dernières décennies, avec pour point d’orgue des attentats à la bombe perpétrés sur l'île balnéaire de Bali en 2002, qui ont fait 202 morts.
Ces attentats, les plus meurtriers de l'histoire indonésienne, ont conduit à une répression de l’extrémisme islamiste.
- "Fraternité" -
Evoquant la situation internationale, le pape a souligné que "dans diverses régions, on assiste à l’émergence de conflits violents, qui sont souvent le résultat (...) d’une volonté intolérante de faire prévaloir à tout prix ses intérêts, sa position ou son récit historique partiel, même si cela (...) débouche sur de véritables guerres sanglantes".
"Liberté et tolérance, c'est ce que l'Indonésie et le Vatican souhaitent propager", lui a répondu en écho M. Widodo.
Dans une ambiance joyeuse, des centaines d'enfants et de jeunes en costumes traditionnels ont salué l'arrivée de François, qui s'est prêté au jeu protocolaire avec défilé militaire et hymnes des deux pays.
Même ferveur dans l'après-midi à la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption où une salve d’applaudissement et d’acclamations a accompagné les premières images du pape à l’intérieur de l'édifice.
Le pape a ensuite encouragé le clergé local à la "fraternité", invitant à rester "ouverts et amis de tous".
"La devise choisie pour cette visite est +foi, fraternité, compassion+, trois vertus qui expriment bien votre chemin d'Eglise et votre tempérament de peuple, ethniquement et culturellement très divers mais en même temps caractérisé par une tension innée vers l'unité et la coexistence pacifique", a déclaré le souverain pontife, plaisantant volontiers avec son audience.
"Priez pour moi… mais attention: priez en ma faveur, pas contre moi", a-t-il conclu son discours, dans une phrase qu'il aime à prononcer.
"Je suis vraiment fier d'être catholique parce que mon chef spirituel vient ici, et je suis fier d'être indonésien", a déclaré à l'AFP le père Mathew Pawai, un prêtre de 46 ans.
Après 13 heures de vol mardi, François, qui se déplace en fauteuil roulant, a pu bénéficier d'une demi-journée de repos. Il n'a pas semblé souffrir du décalage horaire, ni de la chaleur humide de la capitale indonésienne.
Mercredi matin, il a plaisanté au sujet du taux de natalité en Indonésie, revenant sur le débat sur la parentalité. "Dans votre pays, les gens font trois, quatre ou cinq enfants, c'est un exemple pour chaque pays, alors que certains préfèrent n'avoir qu'un chat ou un petit chien. Cela ne peut pas bien se passer", a-t-il déclaré, ce à quoi M. Widodo a répondu par un sourire.
L'archipel aux 17.500 îles abrite la plus importante population musulmane au monde (242 millions, soit 87% des habitants), pour quelque huit millions de catholiques (moins de 3%), et le dialogue interreligieux constitue le thème central de cette étape.
- Rencontre avec des jeunes -
En fin de matinée, Jorge Bergoglio a rencontré en privé des membres de la Compagnie de Jésus - l'ordre des Jésuites, auquel il appartient - à la nonciature apostolique du Saint-Siège, l'ambassade du Vatican, une tradition lors de ses déplacements à l'étranger.
Il clôturera sa journée par une rencontre avec des jeunes du réseau Scholas Occurrentes, mouvement éducatif initialement destiné aux enfants des zones défavorisées de Buenos Aires.
Sa longue tournée dans quatre pays d'Asie du Sud-Est et d'Océanie, initialement prévue en 2020, avait été reportée en raison de la pandémie de Covid-19. Après Paul VI en 1970 et Jean-Paul II en 1989, François est le troisième pape à se rendre dans le pays.
François est attendu vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, puis au Timor oriental et à Singapour où il achèvera le 13 septembre un périple de 32.000 km, le plus lointain depuis son élection en 2013.
Ce 45e voyage à l'étranger constitue un défi physique de taille pour le jésuite argentin, qui a connu ces dernières années des problèmes de santé mais apparaît souvent revigoré par les voyages et le contact avec les fidèles.
bur-cmk/ebe/lpt
© Agence France-Presse
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