Grève générale lundi en Israël pour exiger un accord sur les otages

Monde |Author: AFP | September 2, 2024, Monday @ 12:53| 2392 views

Des manifestants brandissent des pancartes et scandent des slogans lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à la libération des Israéliens retenus en otage par des militants palestiniens à Gaza depuis octobre, dans le centre de Jérusalem le 2 septembre 2024, après qu'Israël ait annoncé avoir récupéré les corps de six captifs dans le sud de la bande de Gaza. (Photo par Menahem KAHANA / AFP)

(AFP) - La centrale syndicale israélienne a décrété une "grève générale" pour lundi afin de forcer le gouvernement à conclure un accord pour libérer les otages retenus à Gaza, après la découverte par l'armée de six otages morts dans un tunnel du territoire palestinien.

"Nous devons faire cesser cet abandon des otages (...) Demain à 06H00 (3H00 GMT), toute l'économie israélienne sera en grève générale", a déclaré dimanche le chef de la Histadrout, Arnon Bar-David.

"A 08H00, l'aéroport sera fermé, les décollages et les atterrissages cesseront", a précisé la puissante centrale syndicale dans un communiqué.

Cette décision intervient après l'annonce dimanche par l'armée israélienne de la découverte des corps de six otages dans la bande de Gaza, théâtre d'une guerre dévastatrice opposant depuis bientôt onze mois Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas.

 

- "Où êtes-vous?" -

 

"Les corps des otages Carmel Gat, Eden Yerushalmi, Hersh Goldberg-Polin, Alexander Lobanov, Almog Sarusi et Ori Danino" ont été retrouvés samedi dans un "tunnel dans la zone de Rafah", dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué l'armée, suscitant stupeur et colère en Israël.

Le président américain Joe Biden avait annoncé plus tôt la découverte des six corps, dont celui de l'Israélo-Américain Goldberg-Polin, se disant "dévasté".

Au moins quatre otages ont été enterrés, en présence de leurs proches endeuillés.

"Tu as été abandonné, chaque jour, chaque heure, 331 jours (...) tu as été sacrifié pour +détruire le Hamas+", a déploré Nira Seroussi dans son éloge funéraire à son fils, Almog. Elle faisait référence aux déclarations répétées du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, selon lesquelles il poursuivrait la guerre jusqu'à la destruction du Hamas.

M. Netanyahu, sous pression croissante pour conclure un accord sur les otages après des mois de blocage, a menacé dimanche le Hamas de lui "régler son compte".

"Celui qui tue des otages ne veut pas d'un accord" sur un cessez-le-feu et la libération des otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens, a-t-il martelé.

Selon le ministère israélien de la Santé, l'autopsie réalisée dimanche sur les corps des six otages révèle qu'ils ont été tués "à bout portant" "entre jeudi et vendredi matin".

Mais selon un cadre du Hamas, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ils ont été "tués par des tirs et des bombardements de l'occupant" israélien, certains faisant partie "de la liste des otages à libérer que le Hamas avait approuvée".

Lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre, 251 personnes ont été enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.

Cette attaque a entraîné côté israélien la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP d'après des données officielles.

Dimanche, des dizaines de milliers d'Israéliens ont manifesté dans plusieurs villes pour réclamer un accord sur la libération des otages.

"Où êtes-vous?", s'époumonaient des manifestants devant un bâtiment où se réunissait le gouvernement à Jérusalem. Et à Tel-Aviv, des protestataires ont bloqué une autoroute.

 

- Campagne de vaccination -

 

En réponse à l'attaque du 7 octobre, Israël a juré de détruire le Hamas, qu'il qualifie de mouvement terroriste, à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 40.738 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, entraînant un désastre humanitaire et sanitaire et le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants. Selon l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.

Dimanche, le centre du territoire palestinien assiégé a connu quelques heures de répit, une vaste campagne antipolio ayant été officiellement lancée à la faveur de "pauses humanitaires" de trois jours chacune, de 06H00 à 14H00.

Objectif: vacciner plus de 640.000 enfants de moins de dix ans, après un premier cas confirmé de cette maladie dans le territoire palestinien depuis 25 ans.

Selon ministère de la Santé à Gaza, 72.611 enfants ont été vaccinés au premier jour de la campagne antipolio.

Ailleurs dans la bande de Gaza, la Défense civile a fait état de deux morts et six blessés dans une frappe israélienne sur une maison à Gaza-ville (nord).

Les secours gazaouis ont ensuite signalé six morts dans un bombardement israélien sur Beit Lahya, également dans le nord, et quatre dans une frappe aérienne sur Gaza-ville.

Toujours à Gaza, "une frappe israélienne sur l'école Safad où s'abritaient des réfugiés" a fait "11 morts, dont une femme et une fillette, et des dizaines de blessés", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

Elle a visé, selon un responsable médical à Gaza, "une pièce utilisée par la police", l'armée israélienne disant avoir visé des combattants du Hamas.

 

- L'opération en Cisjordanie se poursuit -

 

Israël poursuit également son opération militaire lancée mercredi en Cisjordanie, un territoire palestinien séparé de la bande de Gaza et occupé par Israël depuis 1967.

Dimanche, des bulldozers israéliens détruisaient des rues et des installations électriques à Jénine, une des villes ciblées par cette opération dans le nord de la Cisjordanie, a constaté un photographe de l'AFP.

De fortes explosions ont été entendues près du camp de réfugiés de Jénine d'où s'élevait un épais nuage de fumée.

Au moins 24 Palestiniens, principalement des combattants, ont été tués par l'armée israélienne en Cisjordanie depuis mercredi, selon le ministère palestinien de la Santé. Tous des "terroristes", selon l'armée.

Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le Jihad islamique, autre groupe armé, ont déclaré qu'au moins 14 des morts combattaient dans leurs rangs.

Dans le sud de la Cisjordanie, trois policiers israéliens, dont une femme, ont été tués dimanche près d'un checkpoint dans une "attaque armée", selon le commandant de la police israélienne.

Un Palestinien soupçonné d'en être l'auteur a été abattu par l'armée, a-t-elle indiqué.

bur-hme/feb

© Agence France-Presse


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