Manifestations en Ouganda: important dispositif policier à Kampala, des arrestations

Monde | July 23, 2024, Tuesday @ 13:14| 872 views

Des policiers anti-émeutes ougandais sont alignés devant le Parlement avant une manifestation anti-corruption prévue à Kampala le 23 juillet 2024. (Photo by Badru KATUMBA / AFP)

(AFP) - De petits groupes de jeunes en Ouganda ont bravé mardi une interdiction de manifester malgré de nombreux barrages de la police anti-émeute massivement déployée dans la capitale Kampala, et la police a procédé à plusieurs arrestations, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les organisateurs de ces manifestations pour dénoncer la corruption et inspirées par le soulèvement de la jeunesse au Kenya, ont annoncé vouloir marcher en direction du Parlement, dont les alentours ont été bouclés par les forces de l'ordre.

Plusieurs manifestants ont été arrêtés par les forces de l'ordre, dont au moins deux qui criaient "La corruption doit cesser aujourd'hui", a constaté un journaliste de l'AFP.

Plusieurs manifestants ont également crié "Anita must go" (Anita doit partir), en référence à Anita Among, la présidente du Parlement.

Le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d'Afrique de l'Est d'une main de fer depuis 1986, avait lancé une mise en garde samedi et prévenu les manifestants qu'ils "jouaient avec le feu".

A Kampala, des barrages routiers ont été érigés par la police, tenus par des agents en tenue anti-émeute, certains portant des uniformes de camouflage, ont constaté des journalistes de l'AFP. Autour du quartier d'affaires, les rues étaient inhabituellement désertes.

Le mouvement, organisé hors de tout cadre politique, a pris forme sur les réseaux sociaux autour du hashtag "StopCorruption" et les rassemblements sont constitués de petits groupes éparpillés, parfois deux personnes, parfois une dizaine.

Lundi, trois députés de la Plateforme d'unité nationale (NUP), principal parti d'opposition, ont été placés en détention provisoire. Le dirigeant du NUP, Bobi Wine, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle de 2021, a apporté son soutien au mouvement.

Les locaux du NUP sont également encerclés par les forces de l'ordre.

 

- "Nous sommes la jeunesse" -

 

"Nous sommes la jeunesse et le cœur de notre pays et nous ne le laissons pas tomber", a cependant réagi lundi à l'AFP Shamim Nambasa, une des organisatrices du mouvement, déterminée à manifester malgré l'interdiction, la police et les avertissements du président.

Les organisateurs s'inspirent des manifestations qui secouent depuis plus d'un mois le Kenya voisin. Depuis le 13 juin, des rassemblements y sont organisés contre un projet de budget décrié, finalement retiré par le président William Ruto, mais également contre la corruption. Le 25 juin, le Parlement a été brièvement pris d'assaut et la police avait alors tiré à balles réelles.

Selon une organisation officielle de défense des droits humains, au moins 50 personnes ont été tuées au Kenya depuis le début des rassemblements.

Les critiques contre la corruption s'inscrivent dans un contexte difficile pour la jeunesse ougandaise qui peine à trouver du travail et souffre de libertés d'expression restreintes.

Selon l'ONG Transparency International, l'Ouganda, pays pauvre et enclavé de la région des Grands lacs, pointe au au 141e rang sur 180 en matière de corruption.

Fin mai, les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre cinq haut responsables ougandais, dont Anita Among, en raison d'accusations de corruption ou de violation des droits humains. Kampala avait critiqué cette décision, appelant au respect de sa "souveraineté" et de sa "justice".

str-dyg/clr

© Agence France-Presse


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