Le Royaume-Uni se lance dans la bataille des législatives

Monde |Author: AFP | May 23, 2024, Thursday @ 12:15| 2687 views

Le Premier ministre Rishi Sunak a assuré qu'il comptait "se battre pour chaque vote".(Photo by HENRY NICHOLLS / AFP)

(AFP) - Dans six semaines, les Britanniques voteront: le Royaume-Uni se lance jeudi dans la bataille des législatives du 4 juillet, où l'opposition travailliste part grande favorite pour remporter le pouvoir après 14 ans de règne conservateur.

Le Premier ministre Rishi Sunak a assuré qu'il comptait "se battre pour chaque vote", en annonçant mercredi à la surprise générale, et sous la pluie, la tenue des élections au début de l'été et non à l'automne comme attendu par la plupart des observateurs.

La plupart des journaux mettent en exergue le pari que représente ce scrutin estival pour le chef du gouvernement de 44 ans, qui entame jeudi une tournée dans les quatre nations du Royaume-Uni, avec une vingtaine de points de retard dans les sondages.

Dans les matinales, Rishi Sunak a martelé les mots-clés de sa campagne, se posant comme celui qui prend des "mesures audacieuses" pour assurer la sécurité des Britanniques, dispose d'un "plan clair" qui commence à porter ses fruits, face à un Labour dépeint comme synonyme d'un "retour à la case départ" et offrant une "amnistie" à l'immigration clandestine.

Il a toutefois concédé que les vols pour expulser des migrants vers le Rwanda, mesure phare de sa politique en matière d'immigration, ne décolleraient qu'après le scrutin, s'il est réélu.

Le travailliste Keir Starmer met quant à lui le cap sur les terres traditionnellement conservatrices du sud-est de l'Angleterre.

 

- Préparation de longue date -

 

La tâche s'annonce titanesque pour Rishi Sunak, qui n'est pas parvenu à redresser la barre depuis qu'il est entré en octobre 2022 au 10, Downing Street après les scandales de l'ère Boris Johnson et la quasi-crise financière qui a marqué les 49 jours au pouvoir de Liz Truss.

Les sondages donnent le Labour autour de 45% des intentions de vote contre moins de 25% pour les Tories, semblant ouvrir un boulevard vers le poste de Premier ministre au chef du Labour Keir Starmer, ancien avocat et directeur du parquet de 61 ans, qui a reconstruit son parti après la défaite historique de 2019 en le ramenant vers le centre gauche.

Formellement, la campagne officielle dans les 650 circonscriptions des députés de la Chambre des Communes ne commencera qu'après la dissolution du Parlement le 30 mai prochain. En réalité, les partis s'y préparent depuis des mois.

Comme le veut la coutume, le roi Charles III, toujours soigné pour son cancer, et la famille royale ont repoussé des engagements officiels "qui pourraient sembler détourner l'attention de la campagne électorale", selon le palais de Buckingham.

La pression était de plus en plus forte pour que Rishi Sunak convoque les électeurs tant les sondages étaient mauvais, rendant le gouvernement de moins en moins audible et alimentant les querelles intestines dans la majorité.

 

- "Mettre fin au chaos" -

 

Une série de bonnes nouvelles économiques - retour de la croissance et coup de frein à l'inflation - ont fini par le convaincre de se lancer, dans l'espoir d'une accalmie dans la défiance créée par la crise du pouvoir subie ces dernières années par les Britanniques.

"C'est la preuve que le plan et les priorités que j'ai définis fonctionnent", a plaidé Rishi Sunak mercredi, accusant son rival de manquer de fiabilité alors que "le monde est plus dangereux qu'il ne l'a été depuis la fin de la guerre froide".

Après 14 ans de pouvoir conservateur marqués par le référendum du Brexit et cinq Premiers ministres, les Britanniques semblent pourtant décidés à tourner la page, épuisés par la baisse du pouvoir d'achat des deux dernières années, le déclin des services publics - surtout du système de santé, à bout de souffle -, la hausse des taux d'intérêt ou encore la crise du logement. Sans parler des déchirements dans la majorité, où les luttes internes s'affichent ouvertement.

Selon un sondage YouGov publié mercredi, le Labour est considéré comme mieux placé que les Tories pour gérer, à l'exception de la défense, tous les sujets, y compris la fiscalité, l'immigration et la sécurité qui sont traditionnellement les domaines de prédilection des conservateurs.

"Le temps du changement est venu!", a lancé Keir Starmer après l'annonce des élections. "Nous pouvons commencer à reconstruire le Royaume-Uni et changer notre pays".

bur-spe/gmo/clc

© Agence France-Presse


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