Royaume-Uni: les conservateurs perdent deux bastions mais évitent la déroute

Monde |Author: AFP | July 21, 2023, Friday @ 13:37| 1588 views

Des électeurs quittent le South Ruislip Christian Fellowship utilisé comme bureau de vote lors d'une élection partielle dans la circonscription d'Uxbridge et South Ruislip, au nord-ouest de Londres, le 20 juillet 2023.  (Photo JUSTIN TALLIS / AFP)

(AFP) - Les conservateurs britanniques ont subi un revers cuisant vendredi avec la perte de deux sièges de députés lors d'élections partielles scrutées de près à un an des législatives, mais ont sauvé les meubles en conservant de justesse la circonscription de l'ancien Premier ministre Boris Johnson.

Donnant le ton de l'année électorale, ces scrutins ont confirmé la défiance visant la majorité conservatrice, plombée par les scandales et la crise du coût de la vie après 13 années au pouvoir. Ils ont aussi mis en lumière les obstacles qui persistent pour l'opposition travailliste qui rêve de Downing Street en 2024, mais pâtit de sa politique anti-pollution londonienne.

Le Premier ministre Rishi Sunak, pressenti pour devenir le premier chef de gouvernement depuis plus de 50 ans à perdre trois sièges en une seule journée, a échappé à cette humiliation grâce à la victoire surprise de son camp dans une circonscription londonienne où les travaillistes étaient pourtant donnés gagnants.

A Uxbridge et South Ruislip, dans l'ouest de Londres, les Tories ont réussi à conserver de justesse avec moins de 500 voix d'avance le siège vacant après la démission en juin du Parlement de l'ancien Premier ministre Boris Johnson.

"Le Parti travailliste agit comme si (les prochaines élections) étaient une affaire réglée. Les habitants d'Uxbridge viennent de leur dire que ce n'est pas le cas", a réagi Rishi Sunak, présent à Uxbridge vendredi matin au côté du député fraîchement élu Steve Tuckwell.

 

- "Historique" -

 

Les travaillistes ont souffert de l'impopulaire extension prochaine de la taxe sur les véhicules polluants, décidée par la mairie londonienne Labour, le problème "numéro un" dans la circonscription selon Steve Tuckwell.

Mais les Tories essuient deux sérieux revers dans les autres circonscriptions en jeu : à Somerton and Frome (sud-ouest), la candidate Lib-Dem Sarah Dyke a évincé le conservateur sortant avec plus de 11.000 voix d'avance.

Et à Selby et Ainsty (nord de l'Angleterre), le candidat Labour a réussi à renverser les Conservateurs qui disposaient jusque-là d'une majorité de plus de 20.000 voix. Il s'agit du plus gros renversement de majorité pour le Labour dans une élection partielle depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le leader travailliste Keir Starmer a félicité le nouveau député Keir Mather qui, à 25 ans, devient le benjamin de la chambre des Communes, et a salué "un résultat historique montrant que les gens voient le Labour comme un parti qui a changé".

 

 

- Scrutin test -

 

Avec deux larges défaites, le test n'est pas bon pour le gouvernement conservateur.

"Les résultats de ces élections partielles suggèrent que les conservateurs restent en grande difficulté électorale, comme nous le disent les sondages d'opinion", a indiqué sur la BBC John Curtice, influent politologue spécialiste des sondages.

Sur les trois scrutins, le vote conservateur a diminué de 21 points de pourcentage par rapport aux dernières élections en 2019 mais la participation était également moindre, autour de 45% contre plus de 70% en moyenne il y a quatre ans.

Rishi Sunak l'avait reconnu lui-même : ces élections s'annonçaient comme une "rude bataille" alors que l'inflation plombe le pouvoir d'achat des ménages et alimente de nombreux mouvements sociaux.

La cote de confiance du Premier ministre de 43 ans est tombée cette semaine au plus bas, avec 65% des Britanniques ayant une opinion défavorable de lui, selon l'institut YouGov.

Pour ne rien arranger, son populaire ministre de la Défense Ben Wallace a annoncé la semaine dernière qu'il ne se représenterait pas, comme une cinquantaine d'autres députés.

Il quittera aussi le gouvernement au prochain remaniement, attendu en septembre. Les spéculations sur un changement de gouvernement dès cette semaine, entretenues toute la semaine, sont retombées.

De leur côté, les travaillistes jouissent d'une avance de plus de 10 points dans les sondages et rêvent de reprendre Downing Street après 13 ans de pouvoir conservateur. Ils ont déjà gagné six élections partielles depuis mars 2022, dont deux sièges ravis aux Tories.

Keir Starmer, s'est cependant attiré les foudres d'une partie de ses troupes cette semaine en s'opposant à de meilleures aides sociales aux familles nombreuses. Perçu comme peu charismatique, il est jugé défavorablement par la majorité des Britanniques.

bur-vg/gmo/jg

© Agence France-Presse


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