Après les manifestations, Pékin semble vouloir alléger le "zéro Covid"

Monde |Author: AFP | December 1, 2022, Thursday @ 14:34| 622 views

Les habitants doivent toutefois présenter un test négatif de moins de 48 heures pour entrer dans les lieux publics. (AFP)

(AFP) - Les autorités chinoises ont donné des signes d'un possible allègement de leur stricte politique "zéro Covid", après une vague de manifestations de colère contre les restrictions sanitaires et pour davantage de libertés.

L'approche de la Chine vis-à-vis du virus "fait face à de nouvelles circonstances", grâce au caractère moins dangereux du variant Omicron et à l'avancée de la vaccination, a déclaré la vice-Première ministre Sun Chunlan, s'exprimant mercredi devant la Commission nationale de la santé (NHC).

Mardi, Pékin avait déjà décidé d'accélérer la vaccination des personnes âgées, encore insuffisante.

Figure centrale de la stratégie chinoise face à la pandémie, Mme Sun n'a fait aucune mention de la politique "zéro Covid" dans ses remarques - selon les propos rapportés par l'agence d'Etat Chine Nouvelle -, laissant espérer que cette stratégie, qui bouleverse depuis trois ans la vie des Chinois et l'économie du pays, serait bientôt assouplie.

Excédés par des confinements à répétition et des tests PCR quasi-quotidiens, des milliers de Chinois ont manifesté le week-end dernier, à Pékin, Shanghai, Canton ou encore Wuhan - où les premiers cas avaient été détectés en décembre 2019.

C'est la vague de contestation la plus étendue depuis les mobilisations pro-démocratie de Tiananmen en 1989.

Prises par surprise, les autorités communistes ont appelé à la "répression" pour contenir ce mouvement, mais semblent aussi vouloir adapter la politique sanitaire.

 

- Chiffres records mais infimes -

 

Ainsi, Pékin a annoncé alléger les exigences de tests PCR.

Les personnes âgées et ceux qui étudient ou travaillent à distance sont désormais exemptés de tests quotidiens, a indiqué Xu Hejian, porte-parole du gouvernement municipal.

Les habitants doivent toutefois présenter un test négatif de moins de 48 heures pour entrer dans les lieux publics.

A Canton, où mardi des heurts avaient opposé manifestants et forces de l'ordre, le confinement en place depuis plusieurs semaines a été levé, malgré les chiffres records de contamination.

Car, si les chiffres sont effectivement parmi les plus élevés depuis le début de la pandémie, ils restent infimes : 35.800 cas locaux signalés jeudi, sur une population de 1,4 milliard d'habitants et avec une immense majorité de cas asymptomatiques.

Jeudi, le Southern Metropolis Daily, un journal d'Etat, a affirmé que les autorités de Pékin et Canton (sud) allaient permettre à certains personnes testées positives de rester isolées chez elles au lieu d'aller en centre de quarantaine.

L'article a ensuite été effacé et aucune réponse n'a été donnée aux demandes de confirmation de l'AFP auprès des autorités locales.

La ville de Chongqing (centre) vient elle d'autoriser les cas contacts remplissant certaines conditions à rester chez eux, un net changement par rapport à la politique appliquée jusque-là qui imposait à tous - cas positifs et contacts - d'aller en centre de quarantaine.

Ces allègements au niveau local, ainsi que les déclarations de Mme Sun, "pourraient être le signe que la Chine commence à envisager la fin de sa stricte politique zéro Covid", estiment les analystes de ANZ Research.

"Nous pensons que les autorités chinoises sont en train de passer à une stratégie de +vivre avec le Covid+, comme le montrent les nouvelles règles qui permettent aux gens de s'isoler à domicile au lieu d'être transportés dans des centres de quarantaine", ajoutent-ils.

Jeudi matin, deux importants journaux chinois ont publié des remarques d'experts pour rassurer sur la non-dangerosité du Covid dans la majorité des cas, après des publications similaires ces derniers jours qui semblent préparer la population à un changement de mentalité.

 

- Demandes politiques -

 

A l'approche du 3e anniversaire des premiers cas détectés à Wuhan, les habitants sont lassés.

Un incendie mortel à Urumqi, la capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest), a été l'élément déclencheur des manifestations du week-end, certains internautes ayant accusé les restrictions sanitaires d'avoir empêché le travail des secours.

Mais les manifestants ont aussi scandé des demandes politiques, certains exigeant même le départ du président Xi Jinping, reconduit le mois dernier pour un troisième mandat inédit.

Les mobilisations de 1989 s'étaient terminées par une répression sanglante quand l'armée était intervenue, notamment sur la fameuse place Tiananmen à Pékin.

Mercredi, à l'annonce de la mort de l'ex-président Jiang Zemin, arrivé au pouvoir juste après Tiananmen, le Parti communiste a justement souligné sa capacité à ramener le calme durant ce soulèvement.

La répression par la Chine de ces nouvelles manifestations est un "signe de faiblesse" des dirigeants communistes, a affirmé mercredi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

"Ce que devraient faire les Etats-Unis, c'est répondre avec sérieux aux besoins de leur propre population et déjà bien s'occuper de leurs propres affaires", a rétorqué jeudi Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'un briefing de presse régulier.

"Les Etats-Unis ont eux-mêmes un tas de problèmes chez eux et ont adopté une politique sanitaire laxiste contre le Covid-19 (...), alors ils ne sont en aucun cas qualifiés pour critiquer les effets de la politique chinoise contre l'épidémie", a-t-il ajouté.

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© Agence France-Presse


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