France: Mayotte retient son souffle dans l'attente de renforts policiers

Océan Indien |Author: AFP | November 23, 2022, Wednesday @ 13:01| 855 views

Cette photo montre des cendres sur une route à Kaweni, près du palais de justice, le 21 novembre 2022, suite à de nouveaux affrontements violents entre bandes rivales. (Photo de Grégoire MEROT / AFP)

 

(AFP) - L'archipel français de l'océan indien, Mayotte, théâtre depuis plusieurs jours de violences entre jeunes de quartiers rivaux provoquées par le meurtre de l'un d'entre eux, compte sur l'arrivée de renforts policiers pour tenter d'endiguer le phénomène après une journée ponctuée de troubles sporadiques.

Mamoudzou, la plus grande ville de l'île de Mayotte, est secouée depuis une dizaine de jours par des conflits inter-quartiers qui ont fait un mort le 12 novembre, un jeune de 20 ans tué à la machette, et plusieurs blessés.

Le quartier de Kawéni, d'où était originaire la victime, s'était embrasé en milieu de semaine dernière après l'attaque d'un autobus scolaire. Samedi, 200 à 250 jeunes issus de ce quartier se sont réunis pour en découdre avec ceux du quartier de Doujani, plus au sud, selon la police.

Dimanche, un automobiliste a été poignardé à Mtsapéré Bonovo, un autre quartier de Mamoudzou, selon une source policière.

 

- "La peur au ventre" -

 

La députée de Mayotte Estelle Youssouffa (indépendants) a lancé mardi un "cri de détresse" sur le "cycle de vendetta", de "barbarie et de terreur" sur l'île dans "l'indifférence générale" à Paris.

"On parle de hordes de centaines de jeunes, la plupart d'entre eux, des Comoriens en situation irrégulière qui ont entre douze et treize ans, sont armés de machettes et qui sèment la mort", a-t-elle affirmé. "On se demande quand est-ce que trop c'est trop? Que vaut la vie de nos enfants qui vont à l'école la peur au ventre depuis des mois?"

Face à cette escalade, le ministère français de l'Intérieur a annoncé lundi l'envoi d'une dizaine de policiers du Raid, l'unité d'intervention d'élite de la police, arrivés mardi à Mayotte pour renforcer les forces de l'ordre.

Interpellé par Mme Youssouffa, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a déclaré mardi devant l'Assemblée que "les Mahorais qui ont choisi de rester dans la République (...) ont besoin de la protection de l'Etat", ajoutant que le gouvernement avait "plusieurs pistes d'évolution" comme "le renforcement très important des moyens de la justice" pour répondre "au rendez-vous des interpellations qui sont nombreuses".

Sur le côté militaire, M. Darmanin a assuré qu'il travaillait avec le ministre des Armées pour ajouter un chapitre particulier "pour la Guyane et pour Mayotte" et y "renforcer les moyens militaires".

Le ministre a également évoqué, sans préciser de date, le lancement d'une opération "de grande envergure" pour "mettre fin aux +banga+ (cases en tôles informelles) sur une partie du territoire mahorais", sans préciser quand. "Nous enverrons beaucoup de gendarmes mobiles et de moyens de l'État pour effectivement inverser la courbe de la violence et permettre aux petits Mahorais d'aller normalement en classe", a-t-il ajouté.

Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahédou Soumaila, qui a comme le reste de la classe politique mahoraise approuvé l'envoi d'unités d'élite, demande cependant à ce qu'elles restent "jusqu'à ce que la République reprenne ses droits". Il ne s'agit plus selon lui de juste "faire du maintien de l'ordre", "il faut les combattre, aller les chercher là où ils sont dans les bidonvilles, les quartiers reculés, les attraper et les traduire en justice", a-t-il souligné auprès de l'AFP.

Après une soirée et une nuit agitées, avec des démantèlements de barrages en plusieurs points de l'agglomération, les forces de l'ordre sont intervenues de nouveau en fin d'après-midi mardi entre Kawéni et Majikavo où des groupes de jeunes brûlaient des carcasses.

Mi-octobre, des maires et élus de Mayotte avaient alerté Paris sur la violence "invivable" et croissante dans le département, exigeant que "l’État assume pleinement sa mission régalienne de sécurité".

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© Agence France-Presse


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