Le DG de la BMIO déclare que : la conjoncture actuelle complexifie les services de compensation pour les banques internationales
Actualités Nationales |Author: Hajira Amla et Séverine Martin | November 13, 2014, Thursday @ 23:03| 1321 viewsLe Directeur Général de la BMIO Frank Hoareau s’exprimant à l’ouverture de la Banque en juillet 2008. (Louis Toussaint, Seychelles Nation)
(Seychelles News Agency) - Depuis l’annonce détonante de la prise de contrôle de la banque BMIO par la Banque Centrale des Seychelles (BCS), les incertitudes sur l'avenir de la banque, de ses clients et de ses salariés se sont intensifiées.
La BCS a émis un communiqué de presse le 24 octobre annonçant l’impossibilité de la banque BMIO d’effectuer des transactions en devises pour ses clients suite à la perte de leur correspondant bancaire à l’étranger. Par conséquent, les clients à l'étranger sont dans l’incapacité d’effectuer des transferts ou des dépôts.
Dans le dernier communiqué de presse publié ce matin, la Banque Centrale a à nouveau confirmé qu’il était nécessaire de prendre le contrôle de la banque jusqu'à ce que la problématique de la perte du correspondant bancaire soit résolue ou qu’une « solution alternative » soit trouvée pour permettre aux clients de transférer des fonds.
Selon le communiqué : «Le directeur général de la BMIO a pris congés pour permettre à la BCS et à la brigade financière de résoudre le problème. Le reste du personnel de la BMIO aide la BCS dans les opérations de la banque.»
La SNA a obtenu une interview du Directeur Général de la BMIO, Frank Hoareau, pour avoir son point de vue sur la situation actuelle de la banque.
SNA: Pouvez-vous nous donner une explication sur ce qu’implique la perte de la relation avec le correspondant bancaire et pourquoi cela est arrivée à la BMIO ?
FH : Le correspondent bancaire permet à une banque comme la BMIO d’effectuer les opérations de compensation de ses clients dans différentes devises à travers les centres financiers correspondants; via New York pour le Dollar US, via Francfort pour les Euros et via Londres pour les Livres Sterling.
Quand une banque n'a pas de banque intermédiaire compensatrice, elle ne peut plus effectuer de transactions en devises pour ses clients, c’est aussi simple que cela.
Durant les six dernières années d'existence de la banque, nous avons fait appel à la banque JP Morgan afin d’être notre correspondant bancaire pour les transactions des trois devises principales que nous utilisions (le dollar américain, l'euro et la livre sterling).»
Cette relation est issue de l'accord qui lie la banque JP Morgan à la banque BMI Bahreïn, l'un de nos principaux actionnaires. Au début de cette année lorsque la BMI Bahreïn a entamé des négociations pour vendre ses participations dans la BMIO, JP Morgan nous a informés qu'ils n’étaient pas disposés à poursuivre la relation et qu'ils ne sont pas présents dans la région de l'océan Indien. Ils ont expliqué qu'ils ont également des contraintes de conformité provenant de leur régulateur (la Réserve fédérale américaine) relatifs au maintien de ces petits comptes aux profils risqués.
Après beaucoup d'efforts, nous avons obtenu des facilités de correspondant bancaire avec la Banque de Chine à Johannesburg mais la relation n’a duré que deux mois. Ils nous ont expliqué que leur objectif est de compenser le yuan ou renminbi (la monnaie chinoise) des affaires en Afrique, non pas l’USD, l’Euro ou les GBP. Avec la sortie de la Banque de Chine, nous nous sommes retrouvés sans banque intermédiaire capable d’effectuer les transactions pour nos clients. Nous avons essayé de rechercher des établissements avec quelques autres banques internationales, mais aucune de ces tentatives n’a réussi.
J’ajouterai également que la conjoncture actuelle dans le monde de la finance, au moment où les autorités américaines resserrent le contrôle des transactions USD dans le monde entier tout en étant très vigilants dans la surveillance et la lutte contre le blanchiment d'argent, complexifie les services de compensation pour les banques internationales. Récemment, nous avons vu bon nombre de banques internationales de renom condamnées à une amende pour défaut de contrôle interne dans la surveillance des transactions.
SNA: Quelles incidences cela a-t-il pour votre clientèle?
FH: Comme je l’ai expliqué précédemment, en l’absence de correspondant bancaire nous ne pouvons pas effectuer les transactions pour nos clients à leur grand désagrément.
SNA: À l'heure actuelle, la banque est-elle ouverte ou fermée le temps que le problème soit résolu ?
FH: Pour autant que je sache, la banque n’est toujours pas en mesure de traiter les transactions de la même manière, je ne pense pas que la question de la banque correspondante ait été encore résolue.»
Les bureaux de la banque BMIO à Victoria (Patrick Joubert, Seychelles Nouvelles Agence) Photo License: CC-BY |
SNA: Croyez-vous qu'il était indispensable que la Banque Centrale des Seychelles intervienne en prenant le contrôle de la banque ?
FH: En vertu de la loi, la Banque centrale a la responsabilité de garantir les dépôts des clients bancaires quand elle juge qu’ils sont menacés.
SNA: Est-ce que la BMIO exercera son droit légal et saisir la Cour suprême pour faire annuler la mise sous contrôle de la banque ? Si ce n’est pas le cas, pensez-vous que la Banque Centrale remettra le contrôle à la direction de BMIO d’ici quelque temps ?
FH: C’est aux propriétaires ou actionnaires de décider.
SNA: Qu’adviendra-t-il des employés de la banque? Est-ce qu’il y a un risque qu’ils perdent leurs emplois ?
FH : « C’est une question à adresser à la Banque centrale qui serait plus en mesure de répondre à cette question étant donné qu’ils ont maintenant le contrôle de la banque.
SNA: À votre avis, quelles sont les perspectives sur l'avenir de la BMIO ? Avez-vous perdu de la clientèle en raison suite à cette situation ?
FH: Cela dépendra beaucoup des projets qu’a la banque centrale. Ce que je peux dire, c’est que : n’importe quelle banque trouverait difficile de fonctionner sans correspondant bancaire. Si vous ne pouvez pas effectuer les opérations de vos clients quelle est l’utilité d’un compte?
Note de la rédaction : On rapporte que la banque américaine JP Morgan aurait réduit ses liens avec les banques étrangères depuis 2013. Un rapport dans Bloomberg datant de Février de cette année, affirme que « JP Morgan a déclaré interrompre le service d’environ 500 prêteurs étrangers l'année dernière étant donné que les régulateurs américains contraignent les plus grandes banques du monde entier à contrôler assidument que les opérations soient effectuées pour le commerce licite.»
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