Les petits États insulaires se rencontrent aux Seychelles afin d’adopter une position commune avant les négociations sur le climat à Lima.
Environnement |Author: Séverine Martin, Joana Nicette et Sharon Meriton-Jean | November 11, 2014, Tuesday @ 22:09| 3032 viewsL’île Desroches dans l'archipel des Seychelles, une des îles de faible altitude qui est susceptible d'être affectée par le changement climatique avec la montée du niveau des mers. (Gérard Larose, STB)
(Seychelles News Agency) - Les ministres des îles membres de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) se rencontrent aux Seychelles cette semaine pour discuter de leur position commune sur les prochaines négociations des Nations Unies concernant les problématiques climatiques à Lima, au Pérou.
La rencontre a débuté mardi matin à Beau Vallon, un des districts nord de l'île principale de Mahé. Ce rassemblement est la dernière opportunité pour plus de 39 petites îles, de toutes les régions et océans du monde de trouver une position mutuelle avant la réunion des Nations Unies sur le changement climatique qui aura lieu le mois prochain.
Les délégués ont discuté des derniers résultats publiés par le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), en particulier ceux portant une attention spécifique sur des problématiques d'importance des petits États insulaires en voie développement (PEID), la position de chaque pays ratifiant le Protocole de Kyoto et les statuts des différents partenariats annoncés à la troisième conférence des Nations Unies ayant eu lieu à Samoa en septembre dernier.
Durant la réunion de mardi, il a été annoncé que les Maldives présideraient l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) entre 2015-2017 et que les Seychelles assureraient la présidence entre 2017 à 2019. Ces deux dernières années, le siège a été occupé par Nauru, une petite île dans le Pacifique Sud.
Les ministres de l’AOSIS avec le président des Seychelles James Michel et le Vice-Président Danny Faure au Savoy, Beau Vallon (Mervyn Marie, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Lors de l’ouverture de la réunion, James MICHEL, Président des Seychelles, pays de 90 000 habitants, a déclaré : « tous les délégués doivent également procéder à une sérieuse auto-évaluation. »
Selon un communiqué de presse de la Présidence, James Michel a déclaré : « la plupart des petits États insulaires en voie développement (PEID) ne sont pas suffisamment préparés à ces négociations. »
Il a ajouté : «Nous ne disposons pas d’armées de scientifiques, de statisticiens ou d’économistes pour nous aider à soutenir nos revendications. Mais nous possédons quelque chose qui est inestimable, quelque chose qui est puissant : nous sommes la conscience de ces négociations. Nous sommes les défenseurs des droits moraux de chaque citoyen de notre planète. »
Le Président MICHEL a ajouté quatre points à débattre à l’AOSIS avant la conférence des Nations Unies à Lima et les négociations sur le changement climatique à Paris en 2015.
Selon le communiqué de presse, il comporte notamment la levée de fonds dans le cadre du Fonds vert pour le climat (FVC) pour l’adaptation et l'atténuation contre le changement climatique, et l’adoption d’un indice de résilience de vulnérabilité au profit des pays qui nécessitent le plus d'assistance. » Ce dernier est actuellement en cours d'élaboration par l'Union européenne, le Commonwealth et l'UNDESA.
Selon le communiqué, il a affirmé : « l’AOSIS doit veiller à faire adopter les mesures sur le changement climatique dans un futur proche, et aussi à intégrer les priorités des PEID dans le cadre du programme de développement de 2015. »
Le président MICHEL a invité les membres de l'AOSIS à se faire entendre à travers le monde afin de s’assurer que le sujet du changement climatique soit intégré dans les négociations portant sur d'autres questions de développement.
Il a déclaré : «Faisons entendre nos revendications sur toutes les plages et toutes les routes. Faisons nous entendre à Pékin, Delhi, Johannesburg, Londres, Moscou, New York, Paris, Rio ... Faisons en sorte qu'il n'y ait pas de débat sur la sécurité, le commerce, les droits de l'homme, le développement ... à moins que nous abordions aussi le problème du changement climatique. »
Michel débutant la réunion AOSIS ce mardi. (Mervyn Marie, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Une position politique commune pour tous les petits États insulaires
S’adressant mardi matin à la Société de radio-télédiffusion des Seychelles (SBC), Monsieur Ronny Jumeau, ambassadeur des Seychelles pour le changement climatique et porte-parole de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a affirmé que cette dernière rencontre permettra à tous les membres de convenir d'une politique commune à l'approche des pourparlers de Lima.
Monsieur JUMEAU a déclaré : « Le rassemblement de Lima sera très important parce que ce sera la dernière conférence sur le changement climatique avant que le monde entier parvienne à un accord l'année prochaine à Paris. A Lima, tous les pays vont travailler pour définir la marche à suivre ». Il a ajouté : « nous avons besoin d'élaborer un plan sur la manière dont nous parviendrons à un accord à Paris. »
Le pacte de 2015 visera à limiter le réchauffement planétaire moyen de deux degrés Celsius, dans le but de réduire ses effets.
L'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) fonctionne comme un groupe de pression ad hoc et chaque petit État insulaire en voie de développement (PEID) peut faire entendre sa voix au sein du système des Nations Unies.
Lors de l'ouverture de la réunion de l'AOSIS mardi matin, une étudiante seychelloise Sonam TSULTRIM a lu une lettre adressée au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, l’invitant à entreprendre plus d'action contre le changement climatique. (Mervyn Marie, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Tout en abordant la réunion AOSIS, le ministre de l'éducation et envoyé spécial du Président de Nauru pour le changement climatique Charmaine SCOTTY a déclaré : « le problème du changement climatique ne sera pas résolu au niveau technique. En tant que politiciens, nous devons créer l'espace pour permettre à nos négociateurs d’agir. »
Elle a souligné qu’au sein de l'AOSIS c’est le contraire qui semble être le cas. Les techniciens devancent les politiciens et elle a mis en garde l’assemblée sur des désaccords tactiques qui peuvent coûter cher.
Avant de rejoindre le Chef de l’Etat des Seychelles pour une réunion à la maison de la Présidence, Charmaine SCOTTY a déclaré : « Nous devons réfléchir de façon réaliste à la manière dont les discussions sont actuellement menées dans ce processus. Nous devons être prêts à débattre avec les politiques auxquelles nous faisons face, aussi difficiles soient-elles. Souligner notre vulnérabilité ne sera pas suffisant. Avoir raison au sujet de la science ne sera pas suffisant. Nous devons être prêts à nous engager aux plus hauts niveaux du gouvernement tout au long de l'année 2015. »
Charmaine SCOTTY, de l'île de Nauru, partageant ses points de vue sur l'AOSIS. (Mervyn Marie, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Après la réunion, Madame SCOTTY a déclaré à la presse locale : « Tout est une question de solidarité, l’AOSIS s’assure que nous apporterons notre contribution au sujet du changement climatique, et que nous informons le monde entier des problématiques auxquelles nous faisons face, notamment celle du changement climatique qui représente une immense et dangereuse menace. »
Le chef de la délégation de Nauru a également ajouté que son pays subit en ce moment les effets du changement climatique et que ses habitants réalisent enfin l'impact que cela peut avoir sur leur mode de vie.
Selon un communiqué présidentiel, Monsieur SCOTTY a déclaré : « Personne ne veut voir sa maison disparaitre à tout jamais. Il est important que les grands émetteurs comprennent le danger que représente le changement climatique pour notre sécurité. »
Back