Artiste italienne Alexandra Azaïs « Visages, paysages et mémoires des Seychelles »

Arts & Culture |Author: Joe Samy | November 16, 2014, Sunday @ 14:42| 3459 views

Les travaux d’Alexandra Azaïs se trouvent aujourd’hui aussi bien au Vatican qu’à La Maison-Blanche à Washington.  (Joe Laurence, Seychelles News Agency)

(Seychelles News Agency) - La vingt-neuvième édition du Festival Kreol a vu la réouverture de la Gallérie d’Art National au sein du Centre Culturel National à Victoria, la capitale des Seychelles.

Pour célébrer cette occasion, les murs de la Gallérie ont été décorés d’œuvres venant de la collection nationale ainsi qu’une collection de portraits de personnalités locales, œuvre du peintre Alexandra Azaïs

À travers des années de rencontres et de travail dans son atelier, elle nous présente délicatement ces portraits de caractères qui ont marqué le paysage médical, juridique, politique, affaires, religieux et culturel des Seychelles.     

Alexandra Azaïs remettant au ministre de la culture Alain St Ange le tableau de son pere Karl St Ange, ancien ministre (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY
Les tableaux d'Alexandra Azaïs exposés à la Galerie nationale  (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY 

 Alexandra Azaïs peint  dans sa demeure, agréablement aérée et  perchée sur des immenses magmas de granite tout en haut de Vista do Mar Estate à Glacis, un district du nord de Mahé, l’île principale des Seychelles.

  Une vue ouverte sur l’île Silhouette, où tout près des centaines d’oiseaux se nourrissent de riz en battant des ailles. Dans le ciel planent des paille-en-queue et parmi les meubles des chats passent silencieusement sans miaules en regardant leur maître et amie habillée en blanc comme on la connait.

 Alexandra Azaïs est née en Italie, le 26 novembre 1942, de père russe et de mère hollandaise. En 1970, elle se marie avec le Général de Corps de l’Armée Italien Sandro Azaïs. Elle parle le russe, l'italien, l’anglais, le français, l’espagnol et le créole.   

 « Quand j’étais toute petite, mes parents voulaient que je fasse du  piano et ils m’ont emmené chez un professeur et j’ai dû suivre des cours. Mais moi je voulais peindre. Je ne les blâme pas pour ça. Ils voulaient faire du mieux pour moi. Je peignais en cachette. Ensuite après mon diplôme universitaire au Conservatoire de Santa Cecilia en piano et composition,  je fréquentais l’atelier d’un fameux peintre à Rome qui s’appelait     Sironi. C’est lui qui m’a appris tous les secrets de ce que je sais faire aujourd’hui. Ah ! J’allais oublier, il y avait aussi Cesare Brandi critique d’art toujours à Rome. Après mon mariage, j’ai dû m’occuper de mon mari et mon fils, donc, je n’avais pas trop de temps pour la peinture. Quand mon fils est parti au lycée, je me suis lancée dans la vie professionnelle comme free-lance en travaillant avec des grands architectes européens pour réaliser des fresques et des murales. J’ai réalisé des travaux pour Gucci et Biagiotti  et pour la Maison Versace à Miami »

 Les Azaïs sont arrivés aux Seychelles en 1999. Sandro Azaïs, le mari d’Alexandra avait des problèmes de santé. Le climat européen ne lui convenait pas. Ils sont allés d’abord aux Caraïbes et au Sud-Ouest Asiatique à Bali, et finalement aux Seychelles ou ils sont tombés amoureux  de ce pays non seulement favorable à la santé de Sandro mais aussi où Alexandra y trouva son inspiration..

Après le décès de son mari Sandro Azaïs en 2006, Alexandra Azaïs devient Chef de Mission de l’Ordre souverain et Militaire de Malte.

 « Aux Seychelles, je représente un Ambassadeur résidant en Italie, mais j’ai tous les pouvoirs de lui représenter pleinement. Aux Seychelles notre gouvernement essaie de donner du soutien surtout dans le domaine de la santé et des services sociaux. Dans très peu de temps le Ministère de la Santé Publique des Seychelles recevra un don de deux containers d’équipements comptant des chaises roulantes, des lits électriques, des matelas, des lits de réanimation néo natale et machines pour la mammographie, des équipements de laboratoires et autres… »    

Les trableaux réalisés pour la présidence (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY

 En arrivant aux Seychelles Alexandra Azaïs trouvait que ses techniques de grands travaux n’étaient pas trop appropriées  vu l’environnement des Seychelles.  Donc, elle a vite  changé sa technique et s’est mise à produire des aquarelles et des portraits avec de la peinture à l’huile sur canevas.

En 2002 elle expose une série de 200 aquarelles de fleurs et de fruits des Seychelles dans cette même gallérie nationale. Aujourd’hui, cette collection fleurie encore les murs de son atelier en attendant d’être relié en livre. Les ouvrages d’Alexandra Azaïs ont vite séduit des commandes.  

 « J’ai eu l’honneur d’avoir une commande de la part du gouvernement pour un certain nombre de tableaux à l’occasion de la rénovation de State House et cela m’a énormément honoré et c’est pour ça que j’ai continué à peindre des personnages des Seychelles.Je pensais que peindre State House ne suffisait pas parce qu’il y a des gens qui accompagnent ce bâtiment symbolique. Pour moi faire le portrait des gens est un grand défi, car il est très délicat de pouvoir saisir les traits de caractère d’un personnage en peinture ; traduire s’il est timide, doux, agressif, pensif…»

Les travaux d’Alexandra Azaïs se trouvent aujourd’hui aussi bien au Vatican qu’à La Maison-Blanche à Washington.

Durant les 15 années, où elle habite aux Seychelles, Alexandra Azaïs est restée toujours en admiration de cet environnement.

 « Quand je suis arrivée aux Seychelles, j’étais émerveillée par la puissance de la verdure et ses diversités. Les plantes sont les trésors des Seychelles, il faut à tout prix les conserver. Chaque arbre qu’on coup, c’est comme un Seychellois qui meurt… Comme vous le savez la culture des plantes miniatures que l'on appelle les Bonzaïs est une ancienne tradition Japonaise. Chez moi je cherche à faire survivre une collection d’une quarantaine de ces petites plantes que mon mari cultivait avec passion. Donc, je les soigne chaque jour comme s’il était là, mais comme je ne suis pas un expert, je fais de mon mieux… vous voyez ? Moi aussi je m’occupe des plantes… à ma façon ». a t-elle dit.

Les Bonzaïs qui hornent la maison d’Alexandra Azaïs (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY

 Alexandra Azaïs trouve que l’architecture créole seychelloise a toute une autre dimension par rapport aux autres pays de la région.

« Kaz Zanana… Kenwyn House… Marie-Antoinette… Takamaka Bay, on ne peut pas trouver des répliques pour ses chefs-d’œuvres... et parmi tout cela… la façon créole m’inspire… ma philosophie aujourd’hui est de vivre pleinement et de prendre tout ce qui est bien dans la vie et de ne pas être méchant avec personne, car cela permet de dormir paisiblement la nuit. Il faut aussi bien vivre… avec des amis… une bonne gastronomie et du bon vin. J’aime particulièrement cuisiner des « Tektek » ces petits coquillages des plages, que l’on fait revenir dans l’huile d’olive, avec de l’ail  et du vin blanc… Je vis chaque jour comme si c’était le dernier et aussi comme si c’était le premier…

 Après un bon café expresso bien italien, Alexandra Azaïs  a confié le souvenir de ce moment inoubliable dans sa vie qui s’est orchestré en pleine nature et ironiquement dans l’île qui a vu débarquer les premiers habitants des  Seychelles.

  « Je n’oublierai jamais le jour du mariage de mon fils Alexandre dans l’île de Sainte Anne… il y avait des orchidées blanches et ce coucher de soleil qui me reste encore dans la mémoire comme un tableau » 


Tags: Festival Kreol, Alexandra Azaïs, La Maison-Blanche, environnement

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