Le célèbre chanteur des Seychelles Jean-Marcy Volcy est le fer de lance de la fondation culturelle pour la culture créole
Arts & Culture |Author: Rita Joubert-Lawen édité par: Betymie Bonnelame traduit par Rudie Bastienne | July 21, 2022, Thursday @ 19:16| 1336 viewsM. Volcy (à droite) au lancement du concours de musique traditionnelle pour les jeunes de 10 à 25 ans. (Seychelles Nation)
(Seychelles News Agency) - La fondation culturelle appelée 'Fondasyon Kiltirel Seselwa' [Fondation culturelle seychelloise] créée l'année dernière organise un concours de musique traditionnelle dans le but de promouvoir, développer et protéger la culture seychelloise.
Lancé au mois de mai, le concours est ouvert aux jeunes de 10 à 25 ans. Les chansons seront enregistrées au mois d’août et la grande finale aura lieu en novembre.
La fondation a été lancée en octobre dernier lors du Festival Kreol [Festival créole].
La SNA a rencontré le Président de la fondation, le chanteur populaire seychellois Jean-Marc Volcy, pour en savoir plus sur ses efforts.
SNA : Parlez-nous un peu plus du concours de chansons ?
JMV : Le concours est réservé aux musiques traditionnelles comme la polka, le mazok, le sega et la moutya. Il est maintenant fermé aux nouvelles inscriptions et nous avons reçu environ 40 inscriptions, ce qui, je pense, est assez bon pour une première tentative. Nous sommes encore en train de passer au crible mais jusqu'à présent, nous avons vu de nouveaux visages, nous saurons bientôt s'il y a déjà des jeunes dans l'industrie qui ont également manifesté de l'intérêt pour la compétition.
Nous avons trois catégories pour ce concours 10-14 ans, 15-19 ans et 20-25 ans. Maintenant, nous voulons travailler avec les participants afin qu'ils puissent enregistrer leurs chansons en août. Nous rassemblerons ensuite les chansons enregistrées en octobre pour les juger avant d'organiser une grande finale en novembre.
Nous organiserons un concert et ferons la promotion du concours afin qu'il ait une visibilité nationale. Cela donnera également aux jeunes artistes la reconnaissance qu'ils méritent.
À l'avenir, lors d’activités organisé par FKS, ces jeunes artistes auront une plate-forme où ils pourront se produire. Qui sait, nous pourrions même les présenter sur les albums de FKS.
Nous organiserons également un atelier prochainement pour les armer des compétences dont ils auront besoin pour créer ce genre de musique.
SNA : Parlez-nous de la Fondation et quelle est la prochaine étape ?
JMV : Nous avons commencé l'année dernière et notre première activité a été notre lancement au Festival Kreol à Beau Vallon en octobre. Nous avons prévu une série de programmes récréatifs pour rapprocher la culture du public.
Quand on a monté le FKS qui regroupe des personnalités connues de la scène culturelle locale comme John Etienne et Patrick Victor. Nous avons également des personnes qui nous sont associées telles que Jany de Letourdie [chanteuse locale] et Penda Choppy [directrice de l'Institut de recherche sur la langue et la culture créoles à l'Université des Seychelles] et nous avons uni nos forces pour donner un coup de pouce à notre culture et la ramener à la vie. Il n'y a pas d'événements officiels organisés pour promouvoir la culture locale et la rendre vivante pour eux dans le pays.
Patrick Victor travaille avec les enfants pour contribuer à la préservation de la culture créole.(Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
SNA : Quels autres plans avez-vous pour promouvoir la culture seychelloise ?
JMV : Nous avons Radio Tant Dada, une émission diffusée sur Telesesel en ce moment où nous abordons les problèmes culturels auxquels le pays est actuellement confronté.
Nous avons parlé de la musique sur Baka - qui est l'un de nos héritages culturels et nous prévoyons d'avoir beaucoup plus de ces programmes à suivre, qui parleront des écrivains et de la sorcellerie locale parmi de nombreux autres sujets qui, selon nous, touchent la nation.
Pour les jeunes, nous avons lancé un concours de chants traditionnels. Nous allons rencontrer les jeunes pour leur expliquer nos attentes.
SNA : Prévoyez-vous également d'inclure ces programmes dans les médias nationaux ?
JMV : Nous avons l'intention de diffuser ces programmes sur SBC, le diffuseur national, à l'avenir, mais comme je pense que ces programmes actuels sont si ouverts, il se peut que certains sujets n’y soient pas diffusés. Nous prévoyons de revenir à SBC avec un programme plus en phase avec son style et son public.
La seule raison pour laquelle nous sommes allés dans le secteur privé, c'est que nous voulions la liberté de dire ce que nous voulions, tant que nous n'insultions ni n'offensions personne.
SNA : La Fondation vise-t-elle l'aspect musical de la culture seychelloise ou allez-vous en regarder d'autres ?
JMV : La fondation compte parmi ses membres des peintres comme Nigel Henri et d'autres personnes qui travaillent avec les arts ici. Nous n'avons pas de frontières. Nous faisons tout ce qui contribuera à propulser la culture seychelloise là où elle devrait être. Nous avons aussi le programme Tant Dada qui inclura des poètes et des écrivains, quand on parle de culture, on entend l'art et la culture en général.
Photo : M.Volcy a déclaré que dans le passé, les enfants apprenaient à jouer d'un instrument de musique avec un membre de leur famille. (Seychelles Nation) Photo License: CC-BY |
SNA : Les Seychelles ont trois langues nationales. La Fondation les utilisera-t-elle toutes de la même manière ou plaideriez-vous davantage pour le côté créole ?
JMV : Nous travaillons davantage pour encourager nos artistes à utiliser davantage la langue créole - notamment à la radio et à la télévision. Je crois que la télévision est un média où l'on entend des gens parler tous les jours. Ce que nous avons remarqué à la Fondation, c'est que nous avons trois langues officielles ici, mais quand vous vous connectez aux actualités, vous avez des gens qui parlent parfaitement l'anglais pour les bulletins en anglais, il en va de même pour le français. Cependant, lorsqu'il s'agit du bulletin en créole, les gens mélangent les langues, à un tel point que cela devient irrespectueux envers la langue. C'est ce que nous voulons retirer de l'usage du créole.
Nous avons beaucoup de travail devant nous, mais en tant que nation créole qui, à un moment donné de son histoire, a été classée comme la capitale créole du monde, nous ne devrions pas nous sentir confortable lorsque nous n’utilisons pas la langue correctement.
S'il arrive en cours de route que quelque chose perturbe la façon que nous avons d’utiliser notre langue, notre Fondation s'efforcera de porter cela à l'attention du public afin que nous puissions travailler dans le but de résoudre le problème.
Il est également important de travailler avec les générations plus âgées qui connaissent bien notre culture locale - pendant qu'elles sont encore en vie.
SNA : Qu'est-ce que la Fondation envisage de faire sur ce front ?
JMV : Nous voulons travailler avec les deux générations afin que les aînés puissent partager leurs connaissances et leurs informations avec les jeunes. Je pense également que les médias locaux doivent prendre les mesures nécessaires pour enseigner à leurs professionnels la bonne façon de parler et d'écrire la langue.
La fondation a été lancée en octobre de l'année dernière lors du Festival Kreol [Festival créole].(Jean-Marc Volcy) Photo License: CC-BY |
SNA : La Fondation est-elle financée par l'État ou est-ce une entité privée ?
JMV : Nous sommes une organisation non gouvernementale mais recevons beaucoup de soutien du gouvernement, cependant, l'Institut culturel des Seychelles nous aide beaucoup.
Nous recevons également le soutien de la chaîne de télévision locale Telesesel et d'autres entreprises comme Maz Millions, qui nous aident à lancer le concours de chant.
Nous frappons à de nombreuses portes pour trouver des sponsors et même si c'est difficile en ce moment, nous sentons l'intérêt. Beaucoup de gens sont prêts à faire leur part pour aider à promouvoir notre culture.
Photo : La fondation a été lancée en octobre dernier lors du Kreol Festival [Festival créole].
SNA : Où voyez-vous la Fondation aller à long terme ?
JMV : Nous avons un plan quinquennal, qui détaille ce que nous voulons réaliser, et cela fera prendre conscience aux gens que la culture est pour chaque Seychellois.
Je pense qu'il y a eu une tendance à croire que c'est le ministère qui est responsable de la culture et d'autres comme Patrick Victor, Brian Matombe et moi-même. Non ! La culture est quelque chose que nous devrions pratiquer tous les jours et ne pas attendre le festival créole en octobre pour chercher des choses associées à la culture seychelloise. Ce n'est pas seulement pendant cette période que nous devrions chercher des « Kat Kat banann » dans les étals, mais comme nous avons des bananes disponibles tout le temps, nous devrions trouver un moyen de les cuisiner à la maison et de vivre notre culture.
Nous aurons également des programmes que nous prévoyons d'emmener dans les districts du pays où nous organiserons des ateliers pour transmettre des connaissances telles que cuisiner des plats typiques de la cuisine seychelloise.
Donc, nous avons les aspects de divertissement et d'éducation que nous souhaitons aborder. Nous allons aller de l'avant à toute vapeur dans notre mission de faire revivre la culture créole.
La Fondation prévoit également d'aller à l'école tout comme avec le concours de musique traditionnelle nous voulons inclure les écoliers. Nous avons réalisé qu'il y a des jeunes qui sont maintenant dans l'industrie de la musique en raison de l'avancement de la technologie.
Autrefois, les mêmes jeunes auraient dû apprendre à chanter ou à jouer d'un instrument avec leur oncle ou tout autre musicien proche du leur. S'il est facile d'acheter un instrument, d'y mettre sa voix et d'avoir une chanson, la musique traditionnelle seychelloise n'a pas encore atteint ce niveau. Nous sommes également confrontés à un manque de musiciens traditionnels. Donc, nous commençons par faire émerger de tels talents grâce à ce concours.
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