Pénuries de carburant au Sri Lanka, des soldats déployés dans les stations-service

Monde |Author: AFP | March 22, 2022, Tuesday @ 14:22| 623 views

Des soldats gardent une station-service à Colombo, le 22 mars 2022. Le Sri Lanka a ordonné la présence de troupes dans les stations-service le 22 mars, alors que des protestations sporadiques ont éclaté parmi les milliers d'automobilistes qui font la queue chaque jour pour obtenir un carburant rare.
Ishara S. KODIKARA / AFP

(AFP) - Le Sri Lanka, en proie à une grave crise économique, a ordonné la présence de soldats dans les stations-service mardi, alors que des manifestations de colère sporadiques ont éclaté dans les files où des milliers d'automobilistes attendent de s'approvisionner en carburant devenu rare.

"Les prix des produits de base montent en flèche" dans l'île de 22 millions d'habitants qui traverse sa "pire crise depuis l'indépendance" vis-à-vis de la Grande-Bretagne en 1948, a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement, Ramesh Pathirana.   

"Nous avons vu des touristes bloqués, nous entendons également dire que certains stockent du pétrole, ce qui explique que le gouvernement a décidé de déployer l'armée", a ajouté M. Pathirana à la presse à Colombo.

Le recours à l'armée fait aussi suite au meurtre d'un motocycliste, poignardé dimanche par un conducteur alors qu'ils se disputaient leur place dans une file d'attente pour de l'essence à Nittambuwa, à la sortie de Colombo. 

"Les esprits s'échauffent à mesure que les files d'attente s'allongent", a déclaré à l'AFP un haut responsable de la défense sous couvert de l'anonymat. 

"Une décision a été prise hier soir d'appeler des soldats en renfort de la police, afin de décourager toute agitation", a-t-il poursuivi.

Des responsables militaires ont précisé que des soldats se trouvaient dans les stations de pompage de l'entreprise publique Ceylon Petroleum Corp, qui compte pour les deux tiers du commerce de détail du carburant. 

Des cargaisons de pétrole et de gaz de pétrole liquéfié sont bloquées dans le port principal de Colombo, les importateurs ne parvenant pas à réunir suffisamment de devises pour les payer.

Le bureau du président Gotabaya Rajapaksa a en outre annoncé la tenue d'un sommet de tous les partis politiques mercredi pour discuter de la crise économique, mais des groupes d'opposition ont exprimé leur intention de boycotter la réunion. 

Les attentats islamistes de Pâques 2019 suivis de l'épidémie de Covid-19, un an après, ont eu des conséquences désastreuses sur le pays privé de sa manne touristique, principale pourvoyeuse de devises étrangères nécessaires pour payer les importations.

Le gouvernement impose des restrictions drastiques afin de contrôler ses réserves de devises, et de nombreuses importations sont interdites depuis mars 2020.

Ces mesures ont eu pour effet de réduire certaines activités économiques et d'entraîner aussi de graves pénuries de nourriture et de médicaments.

Les réserves de devises du Sri Lanka, qui s'élevaient à 7,5 milliards de dollars quand le président Gotabaya Rajapaksa a pris ses fonctions en novembre 2019, sont tombées à 2,3 milliards de dollars fin février, qui suffisent à peine à financer un mois d'importations essentielles.

Le président Rajapaksa avait annoncé vendredi des discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d'un renflouement. 

Son gouvernement a annoncé mardi qu'il cherchait bien à restructurer la dette colossale du pays ainsi qu'un cabinet d'avocats international pour le conseiller sur les implications juridiques.

L'île a besoin de près de 7 milliards de dollars pour assurer le service de la dette cette année. 

Le FMI a souligné l'urgente nécessité pour le Sri Lanka de mettre en œuvre une "stratégie crédible et cohérente pour rétablir la stabilité macroéconomique et la gestion de la dette" estimée à 51 milliards de dollars. 

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