Un Rwandais et trois Tanzaniens jugés coupables de l'assassinat manqué de l'ex-chef d'état-major rwandais
Monde |Author: AFP | August 30, 2014, Saturday @ 08:12| 2918 viewsAFRIQUE DU SUD, Krugersdorp: les six hommes accusés de la tentative d'assassinat du général Kayumba Nyamwasa, ancien chef d'état-major du Rwanda, le 28 Août 2014 au tribunal de première instance de Kagiso à Krugersdorp, Afrique du Sud. (AFP PHOTO / MUJAHID SAFODIEN)
(AFP) - Un Rwandais et trois Tanzaniens ont été jugés coupables vendredi d'avoir tenté d'assassiner en 2010
en Afrique du Sud l'ex-général Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d'état-major du président rwandais Paul Kagame, un attentat politique commandité au Rwanda, selon la justice sud-africaine.
Ils connaîtront leur peine le 10 septembre lors d'une audience distincte, comme le veut la procédure pénale sud-africaine.
Brouillé avec le président rwandais Paul Kagame au point de choisir l'exil, l'ancien général avait échappé de peu à la mort le 10 juin 2010 à Johannesburg, blessé de plusieurs balles dans l'estomac devant chez lui pendant la Coupe du monde de football organisée en Afrique du Sud.
Il avait quitté son pays et fui par des routes détournées dans des conditions rocambolesques quatre mois avant.
Six hommes étaient jugés pour cette tentative d'assassinat, depuis laquelle M. Nyamwasa, 56 ans, vit toujours avec une balle logée dans le bas du dos et a été visé par trois autres tentatives d'attentat selon ses dires.
Deux accusés ont finalement été acquittés vendredi, dont l'ancien chauffeur rwandais du militaire et un compatriote, tandis que le juge Stanley Mkhari a conclu à la culpabilité des quatre autres accusés, trois Tanzaniens et un Rwandais.
"La tentative d'assassinat du général Nyamwasa était politique, et organisée par un certain groupe de gens au Rwanda", a également déclaré le juge à l'audience devant le tribunal de Kagiso, près de Krugersdorp (nord).
Enfonçant le clou, l'ex-général Nyamwasa a déclaré à l'AFP après le verdict que "cela (l'attentat) ne pouvait venir que de tout en haut".
L'enquête et le procès ont établi que les sicaires chargés d'abattre Nyamwasa avaient été payés des sommes allant jusqu'à 50.000 rands (3.500 euros), pas une fortune mais de quoi s mettre à l'abri du besoin plusieurs
mois.
Le président Kagame a toujours nié toute implication mais son gouvernement est régulièrement accusé d'être derrière les mauvais coups frappant ses opposants établis à l'étranger et soupçonné de chercher à les éliminer
physiquement.Et, fait remarquer M. Nyamwasa, le Rwanda s'est "vanté" après l'assassinat de l'assassinat de l'ancien chef des services secrets rwandais Patrick Karegeya, retrouvé mort étranglé le 1er janvier dans un hôtel de Johannesburg.
"Ceux qui se sont vantés étaient au plus haut niveau", a-t-il ajouté.
En mars, l'Afrique du Sud a expulsé quatre diplomates rwandais et un Burundais, accusés de liens avec les assassins de M. Karegeya.
Kigali avait répliqué en chassant à son tour six diplomates sud-africains, provoquant une crise diplomatique entre les deux pays.
L'arrivée à son terme de la procédure contre les agresseurs de l'ex-général Nyamwasa est un "message fort", a souligné un porte-parole du parquet sud-africain, Nathi Mncube: "Nous voulons assurer que l'Afrique du Sud ne
devienne pas un hâvre pour les menées politiques de quiconque ou de quel pays que ce soit".
En juin 2010, Kayumba Nyamwasa avait échappé à Johannesburg à une tentative d'assassinat orchestrée, selon lui, par le régime de son ancien compagnon d'armes, le président rwandais Paul Kagame, qui a toujours nié toute
implication.
Ancien compagnon d'armes du président Kagame, le général Nyamwasa est lui-même recherché par la justice de son pays où il a été condamné par contumace à 24 ans de réclusion par un tribunal militaire, pour désertion,
diffamation et atteinte à la sécurité de l'Etat.
Il est aussi réclamé par la justice française pour son implication présumée dans l'attentat contre l'avion de l'ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, événement déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts.
Ses quatre agresseurs de 2010, le Rwandais Amani Uriwane et les Tanzaniens Hassan Mohammedi Nduli, Sady Abdou et Hemedi Dengengo Sefu, encourent jusqu'à dix ans de prison en Afrique du Sud.
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