Le leader de l'opposition des Seychelles se prépare à la course à la présidentielle l'année prochaine
Politique |Author: Patsy Athanase , Rassin Vannier, Betymie Bonnelame et Rudie Bastienne | May 7, 2019, Tuesday @ 19:28| 3676 viewsPhoto : Wavel Ramkalawan, le chef de l'opposition à l'Assemblée nationale a annoncé son intention de se porter candidat aux élections de 2020 (Rassin Vannier Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Alors que les Seychelles se préparent aux élections présidentielles de l'année prochaine, la SNA cherchera à connaître le point de vue des responsables politiques de la nation insulaire.
Le premier entretien a été avec le chef de l'opposition à l'Assemblée nationale, Wavel Ramkalawan, qui a annoncé son intention de se porter candidat aux élections de 2020.
SNA: Vous avez déjà annoncé votre intention de vous présenter aux élections présidentielles de l’année prochaine. Quand cela sera-t-il officialisé?
WR: Oui, j'ai annoncé mon intention. Un congrès est prévu pour le mois de septembre et je pense que le conseil exécutif fera probablement une publication officielle pour ensuite annoncer le processus de sélection d'un candidat.
Je pense que cela pourrait ressembler au format utilisé pour les élections partielles d'Anse Boileau, en 2018, où toutes les personnes intéressées étaient invitées à se présenter et à partir de là, les personnes présentes ont choisi leurs candidats. C'est la personne ayant le plus de vote qui a représenté le parti. Le processus était très démocratique et cela a fonctionné et j'ai le sentiment que cela pourrait être adopté pour les élections présidentielles de 2020. Je vais certainement me présenter comme un candidat potentiel.
SNA: Avez-vous déjà identifié qui sera votre vice-président?
WR: J'ai beaucoup réfléchi à cette question. Je dois choisir une personne compétente avec laquelle je peux travailler. Sans hésiter, je peux affirmer que le candidat idéal pour le poste est le député Ahmed Afif. Nous entretenons de bonnes relations de travail et il maîtrise très bien l’économie, ce qui est très important. Il a également un comportement calme, très professionnel et une vision pour travailler au mieux-être des Seychelles.
Bien entendu, l'équipe comprendra de nombreux autres candidats potentiels LDS (Linyon Demokratik Seselwa) qui, à mon avis, ont la compétence et la capacité d'aider à reconstruire les Seychelles. Toutefois, je tiens à souligner qu’il est important que nous ne cherchions pas que des personnes affiliées au parti. Si nous voulons reconstruire les Seychelles, nous devons examiner chaque Seychellois.
Je crois en des Seychelles unies où, quelles que soient votre opinion politique, votre responsabilité devrait avant tout être vis-à-vis des Seychelles et de son développement. Je ne peux insister assez sur ce point.
Ahmed Afif qui a prêté serment comme vice président de l’assemblée national est le candidat idéal à la vice-présidence de M. Ramkalawan (Louis Toussaint) Photo License: CC-BY |
SNA: Un an avant les élections présidentielles, avec différents partis de l’opposition du pays, prévoyez-vous une opposition unie comme en 2015 et cette négociation a-t-elle commencé?
WR: Nous devons être clairs sur une chose Les personnes qui créent leur propre parti politique ne s’identifient pas à l’opposition dans le but de retirer M. Faure et son gouvernement du pouvoir. Ces personnes me visent en tant que chef de l'opposition et se battent contre moi.
Dans notre cas, en tant que LDS, notre objectif est de défier le parti au pouvoir, United Seychelles, et de le retirer du pouvoir. Ces dirigeants ont déclaré qu’ils souhaitaient qu’aucun parti n’obtienne une majorité de 50% des voix pour être en position de force. À partir de là, nous n’aurons pas d’autres choix que de négocier afin de former le prochain gouvernement.
Ce n'est pas de la politique. En politique, il faut avoir des principes. Si vous vous déclarez parti d’opposition, vous devez montrer que vous avez quelque chose de différent du parti du gouvernement.
Les partis d’opposition ont toujours quelque chose en commun et lorsque nous identifions ce facteur commun, c’est le moment où nous commençons à parler. C'est ce qui s'est passé en 2015. Nous avons très tôt commencé à discuter avec les autres partis politiques de l'opposition. Nous avons accepté de courir séparément pour tester les effectifs et une fois que nous devions aller au second tour des élections présidentielles, tous les partis étaient d’accord, car nous avions un objectif commun: éliminer le parti au pouvoir.
Mais aujourd’hui, certains partis de l’opposition considèrent Wavel Ramkalawan comme l’ennemi. C’est comme si j’étais le président élu à State House.
SNA: Pensez-vous que cela rendra les choses plus difficiles pour LDS?
WR: Pas vraiment. En fait, je pense que cela pourrait rendre les choses plus faciles pour notre parti. J'ai remarqué que le terrain politique a évolué depuis les dernières élections. Vous avez d'anciens fervents partisans de Parti Lepep / United Seychelles qui ont rejoint notre camp et certains se sont exprimés ouvertement lors de notre récent rassemblement le mois dernier.
Quand vous regardez le nouveau parti d'opposition qui a été lancé récemment, je peux affirmer avec confiance que leurs deux dirigeants n'ont pas voté pour moi lors des dernières élections, alors qu'ils faisaient campagne pour anciennement le Parti Lepep. Donc, je n'ai pas obtenu leur vote à ce moment-là et je ne l’obtiendrais certainement pas lors des prochaines élections. Cependant, cela signifie que comme ils ont leur propre parti, le parti au pouvoir manquera de partisans. Ainsi, de la façon dont les choses se passent, leurs votes pourraient affecter United Seychelles et jouer ainsi en notre faveur.
M. Ramkalawan et les partisans de Linyon Demokratik Seselwa (LDS) - ont défilé dans les rues de Victoria, la capitale, au mois de novembre de l'année dernière. (Rassin Vannier) Photo License: CC-BY |
SNA: LDS a récemment voté en faveur de l'annulation de l'instrument supplémentaire présenté par le gouvernement. Êtes-vous toujours d'accord avec cette décision?
WR: Tout au long du débat sur la question, nous (LDS) avons maintenu notre position selon laquelle nous sommes favorables à une augmentation des salaires de tous les employés de la fonction publique. Nous voulons que le gouvernement partage les 62 millions de roupies prévus au budget à parts égales. Certaines personnes ont fait valoir qu'elles travaillaient plus et que leur domaine de travail était différent. Nous comprenons tout à fait cela, mais nous avons demandé à chaque individu de faire un petit sacrifice en tant que pays et de partager cet argent équitablement afin d’aider les personnes ayant des salaires plus bas.
Lorsque le gouvernement a cessé de nous parler, c'est moi qui ai contacté M. Faure pour demander une réunion. Selon notre calcul, 80% des travailleurs bénéficieraient de cette augmentation, qui devrait en réalité être de 66 millions de roupies et non la proposition initiale des techniciens. Après notre réunion, M. Faure a mis en place un comité technique dans lequel nous avons maintenu notre position sur la question.
Il est regrettable que le jour où il a annoncé la création de la commission, il a engagé une action en justice contre le Président de l’Assemblée nationale pour mettre en doute la légalité de la décision de l’Assemblée nationale d’annuler une SI en la matière. Cela montre une mauvaise intention de sa part. Le président Faure a demandé à la Cour suprême de statuer d'urgence sur cette affaire. L'affaire prévue la semaine dernière a dû être reportée car l'un de ses deux avocats était malade.
Dans un autre rebondissement, nous voyons M. Faure se contredire. Il a annoncé une augmentation du salaire national minimum de 500 SCR en 2020. Nous maintenons notre position selon laquelle les fonds budgétisés devraient être partagés également entre tous les employés de la fonction publique.
SNA: Pensez-vous que ce désaccord a affecté la relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif?
WR: Je pense que le Président de l’assemblée national a été affecté par ce qui s'est passé. Il avait toujours entretenu une relation cordiale avec State House. Je pense que le président Faure n'a pas agi de bonne foi dans de nombreux cas. Prenons l'exemple de sa lettre au Président de l’assemblée national concernant le projet de loi sur les salaires dans la fonction publique. Il aurait pu informer ce dernier de son intention de publier un communiqué de presse, estimant que l'affaire était d'importance nationale. Au lieu de cela, il s'est adressé directement à la presse sans aucune consultation avec le bureau du Président de l’assemblée national.
Deuxièmement, les poursuites contre le président de l’assemblée national Nicolas Prea n’ont pas été rendues publiques. Je pense que c'était de la mauvaise foi de sa part. Le projet de loi de 2019 portant sur la modification de la rémunération dans la fonction publique a également été déposé devant l’Assemblée nationale puis retiré et remplacé par une SI. Je pense que State House a mal agi, nous avons maintenu notre position et avons suivi ce qui avait été présenté à l'origine et annulé la SI.
SNA: Cette situation affecte-t-elle la cohabitation et rend-elle la relation entre le législatif et l'exécutif plus difficile?
WR: Dans LDS, nous prenons des décisions dans l’intérêt du pays. Nous ne pouvons pas faire de la politique quand cela implique quelque chose qui concerne le pays. La question des salaires et du coût de la vie concerne tout le monde dans le pays. Donc, dans ces cas-là, nous nous attendons à ce que le gouvernement siège avec nous et discute en constatant qu'il y a des opinions et des points de vue différents. Cependant, ce que nous avons vu c’est un gouvernement qui ne veut pas parler, mais qui nous impose plutôt une SI et demande un recours légal sans aucune consultation.
Dans le passé, nous avons montré que nous étions toujours disposés à parler et à négocier, en particulier lorsque cela est dans l’intérêt du pays. Nous avons eu des projets de loi dans le passé qui ont dû être modifiés et pourtant nous avons voté en faveur de ces projets de loi. Quand quelque chose est dans l’intérêt national, j’encourage les députés à voter pour.
SNA: Rencontrez-vous toujours le président Faure régulièrement, comme ce fut le cas au début de la cohabitation?
WR: Non. Mais si je demande une réunion, il accepte de me rencontrer comme ce fut le cas pour la révision du traitement des salaires dans la fonction publique. Mais les réunions régulières n'ont plus lieu.
SNA: Pensez-vous que cela est dû au fait que les élections présidentielles sont imminentes?
WR: Je pense que c'est un geste politique. Je sais clairement que M. Faure surveille mes mouvements tout comme je surveille les siens. Par exemple, cette année, de plus en plus de personnes sont invitées à State House pour le rencontrer et tous ces événements sont couverts par les médias. Nous pourrions contester leur valeur journalistique. Je fais beaucoup de choses dans les coulisses, mais je ne défile pas devant les caméras.
M. Faure a récemment fait des annonces à l’occasion de la fête du Travail du 1er mai, qui, à mon avis, ont un aspect politique. Toutes ces annonces ont des implications budgétaires. Le gouvernement présentera son budget 2020 au mois de novembre, alors pourquoi ne pas attendre et laisser le ministre des Finances annoncer ces mesures. C’est politique et je pense que M. Faure est toujours en train de décider si il va se porter candidat ou non.
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